Hausse des prix du carburant : Mounir Benazouz : «La solution ne peut consister qu’en un plafonnement des prix»

Mounir Benazouz, SG du syndicat national des professionnels du transport routier
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Interview avec Mounir Benazouz, SG du syndicat national des professionnels du transport routier (affilié à la CDT)

 

Pour Mounir Benazouz, SG du syndicat national des professionnels du transport routier, le gouvernement doit intervenir pour procéder à un plafonnement des prix des carburants afin de résoudre la question épineuse de la flambée des prix à la pompe. Entretien.

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De nouvelles augmentations à la pompe ont été constatées par les citoyens ces derniers jours. Quelle lecture en faites-vous au syndicat national des professionnels du transport routier? Comment expliquez-vous à la CDT les prix à la hausse des carburants?

Ce sujet des hydrocarbures devient un problème très inquiétant, en particulier pour les transporteurs routiers. Après la grève que les sections sectorielles affiliées aux centrales syndicales les plus représentatives ont tenue, le gouvernement a décidé une aide financière directe pour les opérateurs du secteur. Mais, franchement, cela n’a servi à rien. Car une société de transport de marchandises, par exemple, peut consommer 6000 dirhams de gasoil en une seule journée. Alors que les augmentations des prix des hydrocarbures se poursuivent et atteignent des records. Nous constatons parfois que ces hausses ont lieu une à deux fois chaque semaine ou deux. Il faut dire que l’on ne comprend plus rien à cette situation.
Cela fait plusieurs mois que les professionnels marocains font face à des hausses continues des prix à la pompe. Et aujourd’hui, ce qui nous inquiète encore plus, c’est cette incertitude sur les niveaux que les prix du carburant pourraient encore atteindre dans les prochains jours. On ne sait pas exactement où nous allons avec ces augmentations continues à la pompe. Ce que je peux vous dire, c’est qu’à tout moment, les choses peuvent exploser aussi bien pour les transporteurs routiers que pour les citoyens à cause de cette flambée.

Certaines voix syndicales avaient haussé le temps, il y a quelques jours, en annonçant une grève contre les augmentations des carburants et contre la cherté de la vie. Mais finalement, cette grève a été suspendue. Votre syndicat allait-t-il s’y rallier ?

On n’a pas encore pris la décision de faire une grève. Nous attendons de voir ce que le gouvernement va faire au sujet de ces hausses qui n’en finissent pas. Car, disons-le, la guerre entre l’Ukraine et la Russie ne justifie pas cette envolée des prix du gasoil. Les pays européens -qui sont nos voisins- ont connu la hausse des prix des hydrocarbures et du gaz après le déclenchement de la crise ukrainienne. Mais cette augmentation n’était pas importante. Ce problème des prix des carburants au Maroc vient surtout des acteurs de distribution dont les marges bénéficiaires sont astronomiques. Ce que la Commission de la concurrence et des prix a d’ailleurs confirmé, en 2016. Cette commission, rappelons-le, avait souligné qu’il y a  une entente entre les entreprises de distribution sur les prix de vente qu’elles imposent sur le marché. Ce que nous avons toujours critiqué. A noter enfin que lorsque le secteur des hydrocarbures a été libéralisé en 2015, l’ancien ministre de l’intérieur et celui de l’économie, de l’énergie et des mines ont signé un document dans lequel il était indiqué clairement que les professionnels du transport routier seront accompagnés. Malheureusement, nous n’avons rien vu de cet accompagnement.

Que propose la CDT pour sortir de cette crise?

Un plafonnement des prix. La solution ne peut consister qu’en un plafonnement des prix. L’État doit absolument se retourner vers les sociétés de distribution des carburants afin de les inciter à diminuer leurs marges bénéficiaires qui sont excessives. Il doit intervenir pour procéder à un plafonnement des prix des carburants. Ce qui sera une mesure pour freiner les augmentations successives qui ont affecté les prix de plusieurs produits et autres marchandises. C’est ce qu’il faut pour résoudre cette question épineuse. Nous avons toujours réclamé le plafonnement des marges «exorbitantes» des distributeurs de carburants. Sachant que déjà, l’État devait intervenir quand les prix avaient atteint un niveau plus élevé que 9 dirhams. Mais cela n’a pas été le cas. Maintenant, le gouvernement se réjouit de l’aide directe qu’il a décidée au profit des transporteurs routiers. Mais, en fait, c’est ce que l’État a gagné de ce qu’il perçoit de la taxe intérieure à la consommation (TIC) et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

Le gouvernement serait en train d’étudier les marges possibles pour revoir à la hausse le montant les aides directes aux transporteurs routiers?

Nous ne voulons plus de cette aide, si l’on va encore toucher au pouvoir d’achat des citoyens. Puisque toute hausse des hydrocarbures va être suivie d’une augmentant des prix des denrées alimentaires. Certains pays ont également décidé des aides directes aux transporteurs routiers après la hausse des prix du gasoil au lendemain de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais dans ces pays, les prix des carburants n’augmentent pas chaque semaine. Pour aider les professionnels, ces pays ont aussi diminué les taxes sur les hydrocarbures.
Au Maroc, ce qui aggrave encore plus la situation et plonge davantage les transporteurs dans cette crise, ce sont ces augmentations successives. L’État doit se rendre compte de l’ampleur des souffrances que nous subissons. Dois-je le souligner, sur l’axe Casablanca-Laayoune, par exemple, on doit payer pour le gasoil 15.000 dirhams la tonne au lieu de 7000 dirhams auparavant. Ce qui représente 85 % de nos gains. Avec ce qui nous reste (15%), nous devons payer le chauffeur, l’assurance, l’impôt,etc. C’est vous dire la situation catastrophique que nous vivons depuis plusieurs mois maintenant.

Interview réalisée par Naîma Cherii

 

 

 

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