Flambée des prix des hydrocarbures : Bouazza Kherrati «Le gouvernement doit faire un geste politique»

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Entretien avec Bouazza Kherrati, président de la fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC)  

Pour Bouazza Kherrati, président de la FMDC, la seule solution possible, pour le gouvernement, afin de faire face à la crise des carburants au Maroc, c’est la diminution de la valeur de la taxe intérieure à la consommation (TIC) et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ce qui ferait, dit-il, baisser les prix à la pompe et réduire ainsi la charge pesant sur les consommateurs.

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Les prix des carburants à la pompe continuent d’augmenter. Que préconisez-vous pour éviter les conséquences de cette hausse sur le pouvoir d’achat des citoyens?

Les carburants sont soumis à plusieurs taxes, notamment la taxe intérieure à la consommation (TIC), laquelle varie en fonction du diesel ou de l’essence. Elle est de 3,70 dirhams  pour l’essence et de 2,70 dirhams pour le gasoil. Les hydrocarbures sont également soumis à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), laquelle est actuellement de 10%. Ce qui est énorme. Depuis le début de la crise, notre fédération clame à haute voix que la seule solution possible au gouvernement pour diminuer les affres des consommateurs c’est la révision de la TIC et de la TVA. La solution pour atténuer la tension qui est en train de monter dans la société marocaine, c’est la diminution de la valeur de ces deux taxes ou leur suppression, du moins pendant trois mois. Ce qui ferait baisser les prix à la pompe et réduire ainsi la charge pesant sur les consommateurs. Comme cela a d’ailleurs été le cas avec les taxes à l’importation pour les huiles de table. A noter qu’à fin mai 2022, l’Etat a gagné 880 milliards de centimes sur les taxes perçues sur la vente des hydrocarbures au niveau du marché national.
On ne demande pas que les professionnels diminuent leur marge bénéficiaire. En tant que fédération marocaine des droits du consommateur, nous demandons que l’Etat diminue la TIC et la TVA. C’est la seule solution. Et d’ailleurs on n’est pas les seuls. Les pays similaires au Maroc, c’est-à-dire les pays importateurs des carburants, ont fait la même chose. Aujourd’hui, il n’y a pas 36.000 solutions pour le gouvernement. Je ne sais pas pourquoi cette mesure n’est pas encore mise en application. Pourtant, c’est la seule solution pour dire aux citoyens que le gouvernement compatit à ce qu’ils endurent et qu’il est prêt à mettre la main à la poche pour les aider afin de dépasser cette crise. Sinon ce n’est pas un gouvernement social comme il l’a prétendu.

Pensez-vous que l’Exécutif a bien géré la crise des hydrocarbures ?

Un gouvernement doit normalement gérer au mieux les crises. Or le gouvernement actuel gère mal cette crise. Il a choisi d’aider directement les transporteurs, mais ce n’est qu’une goutte dans la mer. Car les hausses se poursuivent. Et aujourd’hui, on se demande quels sont les produits dont les prix n’ont pas encore augmenté ! Car, pratiquement, toutes les denrées alimentaires ont vu leur prix flamber. Et le niveau de cette hausse des prix est au plus haut.

Comment limiter les effets de cette flambée sur le pouvoir d’achat des consommateurs ?

En tant que fédération marocaine des droits du consommateur, nous demandons au consommateur, tout simplement, d’utiliser son droit au choix. S’il trouve que le prix d’un produit est cher, il ne doit pas l’acheter. Si tous les consommateurs réagissent de la même façon, eh bien nous pensons que les prix vont commencer à diminuer. Sachant que le pire dans notre situation au Maroc, ce sont toujours les intermédiaires qui gagnent beaucoup, quel que soit le produit, qu’il soit un produit local ou importé. A noter que l’on ne sait jamais quel est le prix exact d’importation.  Ce qui est très grave. Ceci dit, le gouvernement doit faire un geste politique pour calmer la société marocaine. Car la situation est vraiment préoccupante. On commence d’ailleurs à jaser partout. Les gens qui achètent un kilo commencent à acheter ¼ de kilo. Et certains n’utilisent plus leur véhicule pour aller au travail à cause de la cherté des carburants. Pourtant, nous constatons que certaines voitures de l’Etat continuent toujours de circuler. On dirait qu’il n’y a pas de crise !

Propos recueillis par N. Cherii

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