Dakhla : Les raisons de la colère des pêcheurs

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A deux semaines de la reprise de l’activité de la pêche au poulpe, les trafiquants poursuivent leur activité en pleine période de repos biologique, destinée à reconstituer les stocks, déplorent des sources concordantes dans la ville de Dakhla. Une affaire de contrebande défraie en ce moment la chronique dans la région.

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La moutarde continue de monter au nez des professionnels de la pêche artisanale de Dakhla. Depuis quelques jours, c’est un état de grande colère des pêcheurs qu’a connu cette ville, laissent entendre nos sources bien informées.

A l’origine de cette exacerbation, l’affaire « d’une barque non réglementaire » ayant été interceptée dimanche 30 mai par une patrouille de la marine royale pour pêche illicite dans les côtes de cette région.
La barque, qui opère de manière illégale dans le village de N’tirifit, transportait 600 kilogrammes de poulpes péchés illégalement en pleine période de repos biologique.

L’information, rapportée lundi 31 mai, par plusieurs professionnels  de la pêche artisanale, confirme que les trafiquants -des habitués de cette activité illégale- n’ont pas été présentés à la justice.

« Aucune enquête n’a été ouverte pour savoir la destination de cette quantité. Et aucune mesure n’est prise contre eux », affirment nos sources dans le village de pêche de N’tirifit, ajoutant que « les contrebandiers ont repris leur activité en utilisant la même barque non réglementaire ».

Des professionnels frustrés n’ont pas tardé à réagir et sont montés au créneau lundi 31 mai pour demander l’intervention des services de l’Etat afin que soit menée une enquête au sujet de cette affaire. Laquelle défraie la chronique dans les milieux des pêcheurs qui fustigent «l’incompétence» des responsables devant arrêter l’activité des trafiquants dans les eaux de la région.

« Un contrôle rigoureux et une volonté ferme peuvent faire toute la différence», insistent nos professionnels.

Moulay Hassan Talbi, président de l’Association des propriétaires des barques de la pêche artisanale à Dakhla, pour ne citer que lui, n’y va pas par quatre chemins. « Au lieu d’ouvrir une enquête et de présenter le propriétaire de la barque non réglementaire au procureur du Roi, les éléments de la marine royale lui ont rendu sa barque avec en plus le poulpe péché illégalement durant cette période d’arrêt d’activité », lance, non sans colère, le président de ladite association.

Dans un entretien téléphonique, ce dernier dénonce le pillage du poulpe au large des côtes de la ville de Dakhla pendant le repos biologique, et pointe les propriétaires de barque non réglementaires jugés destructeurs pour la ressource. « C’est toujours le même scénario qui se répète. Nos ressources halieutiques continuent d’être surexploitées par les contrebandiers », souligne notre professionnel, qui ne mâche pas ses mots. Il assure que  ce trafic  n’a pas cessé pendant cet arrêt d’activité. Et, dit-il, « il ne cessera d’exister tant qu’il n’y a pas encore les mesures efficaces pour y mettre un terme».

Les pêcheurs de ces mollusques durant cette période d’arrêt arrivent à contourner les contrôles, dit un autre professionnel de la pêche artisanale dans le village de pêche de Lassargua. D’après cet opérateur, ce sont quelque 1200 barques non réglementaires qui s’adonnent à cette activité dans ce village. « Les autres villages de pêches ne font pas l’exception. Des centaines de barques ne disposant pas des autorisations nécessaires pour pêcher opèrent aussi dans cette activité interdite et ce, au vu et au su de tous. A N’tirifit, par exemple, près d’un millier s’y adonne aussi », précisent notre interlocuteur. Selon lui, plus de 50% du quota alloué à la pêche artisanale est capturé en pleine période de repos biologique. C’est dire pour notre source, le manque à gagner pour la trésorerie de l’Etat.

Cette activité alimente tout un circuit où seraient impliqués propriétaires de barques, pêcheurs, intermédiaires et unités d’exportation. Des quantités importantes de poulpe de contrebande -des milliers de tonnes- seraient actuellement stockées dans des usines frigorifiques de la zone industrielle et dans des unités clandestines dans la ville de Dakhla. Elles attendent seulement l’arrivée de la saison de pêche pour être exportées en Espagne.
A en croire nos sources bien informées, les propriétaires de ces unités sont connus de tous et arrivent à avoir « facilement » les documents nécessaires –pendant la période de la pêche- pour blanchir leur poulpe pêché pendant l’arrêt d’activité.

A noter, enfin, que du 30 mars au 15 juin 2021, les marins-pêcheurs sont interdits de pêcher le poulpe. Mais, le poulpe de contrebande est toujours en circulation en cette période de repos biologique, selon nos sources – joints par nos soins- dans les cinq villages de pêche qui existent à Dakhla. Ils continuent de débarquer du poulpe issu de la pêche illicite sur certains sites connus pour ce type de pêche, tels celui de « Lassargua », «N’tireft», ou encore « Labouirda ».

N.Cherii

 

 

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