« Carrières centrales» : Les derniers habitants réclament une enquête

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Les derniers habitants des « Carrières centrales » à Casablanca ont été expulsés de leurs baraques, le 8 mars 2016. Depuis, que deviennent-ils? Jeudi 14 novembre, Le Reporter a rencontrés certains d’entre eux, qui tenaient un sit-in devant le siège de la préfecture d’Ain Sebaâ-Hay Mohammadi.

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Salah Eddine, Redouan, Rachid, Aziza, Youssef, Mina et autres font partie des derniers habitants qui ont été expulsés des « Carrières centrales » à Casablanca, en mars 2016. Chez ces derniers occupants de ce bidonville, la colère ne faiblit pas.

Près de quatre ans après la démolition de leurs baraques, plusieurs familles ont observé,  jeudi 14 novembre, un sit-in de protestation devant le siège de la préfecture d’Ain Sebaâ-Hay Mohammadi. Ils ont scandé plusieurs slogans qualifiant de suspect le déroulement de l’opération de leur relogement.

Les responsables locaux font croire qu’ils ont mis un terme au dossier des derniers habitants des Carrières centrales, lance Salah eddine El Mouden, un ancien de ce bidonville. Mais, affirme-t-il, non sans colère, « ce n’est pas vrai ». « Des 446 familles ayant été expulsé de leur baraques, il reste encore 360 familles qui ne sont pas encore logées. A ce jour, elles attendent  toujours des solutions concrètes pour leur relogement»,  explique notre interlocuteur.

Certains, « après avoir été chassés de leur baraque, ont réussi à trouver un logement dans un autre bidonville. D’autres ont été accueillis par des proches ou des amis, mais bon nombre de familles ont eu la chance de connaitre des gens qui ont bien voulu leur louer  – de façon temporaire- une chambre, selon des témoignages, qui insistent sur des « irrégularités » ayant entachés leur dossier.

 » Chardouna, Allah yakhoud fihom al haq», crie Aziza Hattab, non sans colère. « Je n’ai nulle part où aller. Je suis  très pauvre et,  je n’ai pas les moyens  à même de me permettre d’aller chercher un loyer », a-t-elle dit, totalement désabusée.  Et de poursuivre : « Il n’y a plus que la rue pour m’accueillir moi et mes enfants. En espérant que les responsables au ministère de l’Intérieur s’occupe de notre dossier », dit amèrement cette femme.

On pensait, soulignent les manifestants, que les autorités locales allaient agir de façon responsable. Finalement, au lieu d’être relogés dans notre logement, comme nous l’avait assuré le pacha ayant convaincu les habitants de démolir leur baraque, on a été surpris de voir d’autres gens profiter de l’opération et ce, avec la complicité de certains agents d’autorité corrompus, déplorent ces anciens habitants des Carrières centrales.

«Des personnes qui n’ont jamais habité les Carrières centrales -et donc qui ne remplissent pas les conditions requises- ont bénéficié d’un lot », insiste Redouan Haidara, un autre protestataire furieux. On espère, poursuit-il, « que notre dossier arrive jusqu’à SM le roi Mohammed VI pour nous aider dans cette situation difficile ».

Pour les familles approchées, ce jeudi 14 novembre, « une enquête doit être ouverte sur le dossier des derniers occupants des Carrières centrales ». Car, « On n’a plus confiance en les autorités locales qui ignorent notre situation », disent ces familles, qui accusent des agents d’autorités d’avoir eu leur part du gâteau.

Depuis le jour de la démolition de nos baraques, racontent ces familles, c’est la descente aux enfers. Aux yeux de l’Etat, poursuivent-elles, « nous n’existons  plus ».

Nos interlocuteurs disent qu’ils n’arrivent  pas à trouver de travail car ils n’avaient plus ni de logement, ni de papiers. « Cela fait prés de quatre ans que nous n’avons pas de carte d’identité nationale. On ne peut donc pas trouver un emploi sans  papiers. Les gens expulsés sont tous devenus des sans papiers, en plus d’être sans domicile», selon les familles protestataires, qui ne savent rien de ce qu’il va devenir de leur vie.

Une chose est sûre. Pour ces familles, la galère est loin d’être terminée. Elles devront en tout cas revenir à la charge en organisant d’autres sit-in de protestation. « Le fait que l’on est encore là à manifester, près de quatre ans, après la démolition de notre baraque prouve que l’on n’a pas mis un terme au dossier des derniers habitants des Carrières centrales», lancent les familles contestataires, qui réclament une enquête.

 

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