Développement des provinces du sud du Maroc : Jebrane Reklaoui : «Nous sommes à des niveaux de réalisation très avancés»

Jebrane Reklaoui, DG de l’Agence de promotion et de développement des provinces du sud du Maroc
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Entretien avec Jebrane Reklaoui, DG de l’Agence de promotion et de développement des provinces du sud du Maroc

Depuis 2015, le développement des provinces du sud du Maroc a connu une grande dynamique. D’un coût de 79 milliards de dirhams, le chantier de développement de ces provinces est à des niveaux de réalisation très avancés, indique dans un entretien exclusif Jebrane Reklaoui, DG de l’Agence de promotion et de développement des provinces du sud du Maroc.

Où en est le grand chantier de développement des provinces du sud auquel on avait alloué un montant de près de 80 milliards de dirhams?
Je dois d’abord souligner qu’à partir de 2015, le développement des provinces du sud a connu une grande inflexion grâce à l’annonce par SM le Roi que Dieu l’assiste -à l’occasion du 40ème anniversaire de la marche verte- d’un nouveau modèle de développement des provinces du sud. Lequel a été concrétisé à travers la signature de trois contrats programmes, dont le premier a été signé à Laâyoune en novembre 2015 et les deux autres, concernant aussi bien Dakhla que Guelmim, ont été signés en février 2016.

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D’un coût de 79 milliards de dirhams, ce programme comporte 700 projets. Il porte sur des projets structurants, notamment la double voie Tizint-Dakhla avec 1050 kilomètres, le port atlantique, la connectivité numérique et la connexion au réseau national d’électrification. Le programme porte également sur l’amélioration de l’offre dans les secteurs sociaux, à savoir la santé et l’enseignement. A noter dans ce cadre la mise en place d’un noyau universitaire et de formation technique au niveau des provinces du sud. Je citerai à titre d’exemple la Faculté de médecine à Laâyoune, l’ENCG à Dakhla et un certain nombre de facultés dont la faculté  pluridisciplinaire à Smara. Il s’agit également du renforcement de la capacité de Recherche & Développement à travers le laboratoire de l’université Mohammed VI qui est au niveau de Foum El oued.

La composante immatérielle et culturelle n’a pas été omise dans ce programme. Je cite dans ce cadre la grande bibliothèque de Laâyoune, les points de lecture, les centres multimédia, etc. Mais au delà de l’infrastructure culturelle, nous assistons à des efforts soutenus en ce qui concerne la promotion de la culture. Tout ça va contribuer à assurer des compétences de qualité pour accompagner ce processus d’investissement que connaissent les provinces du sud, aussi bien par le secteur privé que le secteur public.
Il y a lieu de souligner que dans le sillage de cette dynamique de l’offre et de l’investissement de l’Etat, nous remarquons qu’il y a de plus en plus un engouement de l’initiative privée, notamment en ce qui concerne l’énergie renouvelable, mais en même temps dans les secteurs au potentiel avéré à savoir l’halieutique, l’agriculture, le tourisme et autres secteurs.
Globalement, nous sommes à des niveaux de réalisation très avancés en ce qui concerne l’ensemble des projets.

Pouvez-vous nous dire dans quelle province ce grand chantier avance le mieux? Et quels sont les projets déjà achevés ?

Je peux vous dire que la même dynamique, le même sérieux et la même implication des acteurs concernés par le programme se trouvent au niveau des trois régions. Concernant les projets achevés, il y a tout ce qui est liaison au réseau électrique national à Dakhla, il y a aussi la faculté de médecine qui est déjà opérationnelle, ainsi qu’un certain nombre de projets qui sont déjà  opérationnels.

Quels sont les projets qui tardent et pour quelle raison?

A ma connaissance, il n’y a pas un projet qui tarde. Mais il faut signaler au passage que lorsqu’on a un projet qui nécessite une approche participative et où il y a un niveau de complexité très élevé, eh bien il est évident que ce projet peut connaitre un rythme de travail moins soutenu que celui où il y a un seul intervenant et où c’est moins complexe.

Le monde entier a vécu trois années de crise à cause du virus lié à la pandémie de Covid-19. Cela a-t-il entravé les projets de l’Agence de promotion et de développement des provinces du sud ?

Pour commencer, je dois rappeler que l’Agence de promotion et de développement des provinces du sud du Royaume a comme attribution d’abord de proposer aux acteurs publics et privés des projets de développement. La 2ème attribution est la levée de fond. Et la troisième attribution, c’est la réalisation des projets au profit des collectivités territoriales et également au profit de l’Etat.

Maintenant, en réponse à votre question, comme tout le monde, nous avons vécu un contexte pandémique difficile. Presque tout le monde était en arrêt pour une période qui, disons-le, était longue. Il y avait également ce problème de hausse des prix d’un certain nombre de matériaux qui servent aux projets, etc. C’est tout à fait normal. Durant cette période, on a connu un petit flottement, lequel a été corrigé par des décisions de gouvernement au profit des entreprises, aussi bien en ce qui concerne les zones d’arrêt pendant le lancement des travaux qu’en ce qui concerne la révision des prix.

Globalement, il y a eu un petit ralentissement. Mais on est en train de le rattraper. Puisqu’on n’est plus dans ce contexte pandémique. Je dirai que les choses rentrent dans l’ordre. Même si, malheureusement, on est toujours dans ce contexte de hausse des intrants par rapport aux projets.

Quelles ont été les réalisations de l’Agence malgré cette conjoncture difficile ?

Avec l’effort de l’ensemble des parties prenantes, je dirai que globalement -et malgré le contexte difficile- on est sur la bonne voie. Ces trois dernières années, on est sur un certain nombre de projets qui sont très importants, notamment le projet de logement au niveau de Smara qui est le dernier point noir -de long terme- de bidonvilles. C’est un projet qui avance très bien. En effet, sur les 2400 logements on est aujourd’hui  à 2250 unités. Il reste donc un petit nombre de logements à construire. Et c’est en cours. A savoir que Laâyoune et Boujdour ont été, respectivement, déclarées Villes Sans Bidonvilles (VSB) en 2008 et 2010.

Nous sommes également sur un certain nombre de projets de mise à niveau urbain, notamment à Smara, mais aussi au niveau d’autres villes dont la région d’Oued Noun et qui avancent également. A savoir qu’il y a un certain nombre de projets qui sont déjà concrétisés.

A Lmahbas, nous avons lancé un projet de mise à niveau urbain et de construction des équipements dont le lancement sera donné à l’occasion du 47ème anniversaire de la marche verte.

Il y a également le lancement de la liaison électrique d’El Guergarate. Le projet est actuellement dans sa phase finale. Et toujours à El Guergarate, nous avons lancé un projet d’eau potable qui est aujourd’hui à 70% de sa réalisation.

Qu’en est-il de l’information qui avait circulé depuis déjà trois ans, selon laquelle au lieu d’une seule Agence il y aurait trois agences, une pour chaque région ?

Vous me demandez de réagir à une information dont je ne suis pas au courant. Je ne peux pas commenter une information qui n’est pas officielle. Tout ce que je peux dire c’est que, dans le cadre de la régionalisation élargie, nous avons déjà trois agences de réalisation de projets. Ces «agences de réalisation de projets» sont le bras opérationnel de chaque région. Elles concrétisent tous les chantiers qui entrent dans le cadre des plans de développement régionaux, mais aussi les projets qui sont initiés par les régions.

Ce que je peux dire aussi, c’est que le contexte institutionnel de l’Agence a changé par rapport à 2002. Nous avons un certain nombre d’acteurs, à savoir les services régionaux des départements, les CRI  avec la réforme et les régions avec les agences de réalisation de projets. Ça nécessite un repositionnement de l’Agence par rapport aux actions stratégiques et par rapport à sa vision des choses. Ça nécessite également un repositionnement dans l’échiquier institutionnel. Chose qu’on est en train de faire.

Propos recueillis par Naîma Cherii

 

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