Hausse des prix des carburants : Les professionnels de la pêche réclament une réduction des taxes

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie continue de déstabiliser des secteurs économiques déjà affaiblis depuis huit mois. La pêche n’échappe pas aux effets de la crise entre les deux pays.   Les détails.

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La colère gronde chez les professionnels de la pêche. «On se sent abandonné. Le gouvernement nous a laissés tomber», crient des pêcheurs approchés cette semaine. «On n’arrive plus à gérer la hausse des prix du carburant. Notre chiffre d’affaires a baissé de plus de 70%», affirment-ils. Et il est difficile pour eux de répercuter la hausse sur le prix du poisson qu’ils vendent. Certains d’entre eux disent qu’ils ont été contraints de rester à quai plusieurs semaines car le carburant leur coûte trop cher.

A la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC), on se dit aussi préoccupé. «La situation est critique», à en croire Mohamed Allalou, SG de la CNPC qui fédère 2408 navires. «Le choc est d’une ampleur sans précédent. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement n’intervient pas pour accompagner la profession de la pêche pour faire face à la flambée du carburant», tempête-t-il.
Selon lui, le coût élevé du gasoil ne rend plus rentables les sorties en mer. Il indique au passage que 40% des palangriers seraient actuellement en arrêt d’activité. «Les palangriers souffraient de plusieurs difficultés. Ils avaient déjà un manque à gagner en raison de la baisse de la ressource. Avec une pêche qui n’est plus bonne ces dernières années, les pêcheurs ne s’en sortent plus et ne peuvent pas supporter de travailler à perte», précise le SG de la CNPC, ajoutant qu’après le mois de Ramadan, quelque 603 chalutiers et 867 palangriers étaient restés à quai pendant deux mois. Et la situation risque encore de s’aggraver, alerte-t-il.

Des taxes pour des services qui ne sont pas rendus?

Des palangriers à quai dans plusieurs ports. Des patrons pêcheurs qui réduisent leur activité. Des pêcheurs qui ne sortent plus et ce professionnel de la pêche côtière a fait ses comptes: même si le gasoil est subventionné, son prix a doublé en seulement quelques mois. Une hausse énorme qui impacte fortement l’activité des professionnels du secteur.
A chaque fois qu’un patron de pêche sort en mer, la facture est salée. Il doit remplir son réservoir entre 800 litres et une tonne de gasoil. Depuis le début de la crise entre l’Ukraine et la Russie, la profession a vu exploser le prix de son carburant détaxé qui n’était encore que de 6,27 dirhams le litre (6270 dirhams  la tonne), à la date du 1er septembre 2021. Aujourd’hui, les côtiers achètent le gasoil dédié à la pêche à 11.300 dirhams la tonne. Ce même carburant est cédé à 10.300 dirhams la tonne dans certains ports, soit une différence de 1000 dirhams ! Ce qui est énorme, selon le SG de la CNPC. «Normalement, la différence ne devrait pas dépasser 200 ou 300 dirhams qui représentent les frais de transport», explique-t-il.

«L’Etat doit intervenir dans le secteur de la pêche comme il l’a fait pour celui du transport ». Il faut une réduction «des taxes pour faire face à la hausse des prix des carburants» réclame, lundi 5septembre, Mohamed Allalou. «Ce qui va nous aider à passer la tempête c’est surtout cette mesure», dit-il. Et de poursuivre: «Les taxes sont prélevées sur les ventes des produits de mer. Ce qui est injuste. Car les charges s’alourdissent pour les pêcheurs. Et le gasoil c’est la plus grosse charge qu’il y a sur le bateau».

Un point de vue que partage aussi Mustapha Achabak, un patron de pêche au port de M’diq. «On nous prélève des taxes pour des services qu’on ne nous rend pas», lance-t-il, ajoutant que les professionnels de la pêche doivent payer chaque jour une taxe de 17,5%.
En réduisant leur activité, les patrons de pêche souhaitent soulager leur facture, souligne ce professionnel de la pêche sardinière. Mais celui-ci s’inquiète pour son équipage et les marins-pêcheurs qui subissent aussi la flambée des carburants. «Plus le prix du carburant est élevé, moins il y en a pour le salaire des pêcheurs. Le budget carburant représente plus de 70%  des dépenses, et comme nos marins sont payés proportionnellement au chiffre d’affaires moins les charges, ça diminue leur paie», se désole Mustapha Achabak, également président de l’Association  nationale des marins-pêcheurs au Maroc.
Pour l’heure, les représentants de la pêche choisissent la méthode des «pourparlers». Mais, ils pourraient hausser le ton si aucune solution n’est trouvée pour leur permettre de faire face à cette augmentation du gasoil, assure-t-on.

A la CNPC on dit attendre encore la proposition de l’Exécutif pour leur venir en aide. Même si des sources professionnelles prévoient un arrêt total des sorties en mer de toute la flotte marocaine ! La hausse des carburants et la diminution des captures y seront pour beaucoup, résument les mêmes sources.

Naîma Cherii

 

 

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