Pesticides : La FIFEL dévoile les dessous de l’affaire des fruits et légumes refoulés par l’UE

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Alors que les critiques sur la présence de certains pesticides interdits dans certains fruits et légumes ne sont pas encore tues – l’affaire du refoulement de plusieurs cargaisons de l’UE étant dévoilée, il y a quelques semaines-, le sujet revient sur le devant de la scène nationale pour y défrayer une nouvelle fois la chronique.

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A la Fédération interprofessionnelle Marocaine de production et d’exportation des Fruits et Légumes (FIFEL), l’affaire des fruits et légumes refoulés par l’UE  commence à lasser. Si cette fédération ne souhaite pas s’exprimer pour le moment, des exportateurs membres de cette fédération nous ont dévoilé les dessous de cette affaire. Nos sources pointent du doigt un lobby espagnol agricole qui, disent-ils, intensifie son offensive contre les cargaisons agricoles marocaines exportées vers le marché européen. Les agissements de ce lobby, poursuivent nos exportateurs, s’expliquent par le succès que rencontrent les produits agricoles du royaume auprès des consommateurs communautaires.

Pour nos sources à la FIFEL, les actes perpétrés contre les expéditions marocaines visent à freiner les exportations du royaume et à grever la compétitivité des produits marocains qui sont prisés dans le marché européen. Les mêmes sources évoquent que les derniers cas de refoulement de plusieurs cargaisons remontent au mois d’avril dernier. En effet, des cargaisons entières (melon, haricots verts, poivron,…) ont été refoulées de plusieurs pays européens en raison de la présence excessive de certains pesticides. L’information a d’ailleurs été révélée par le site espagnol Hortoinfo. Selon ce site, les autorités tchèques ont retiré de leur marché les poivrons d’origine marocaine importés d’Espagne en raison de la présence d’une trop grande quantité en résidus de pesticides, dépassant de cinq à six fois leur limite maximale de résidus (LMR). Même chose en Allemagne pour des poivrons, mais aussi des haricots verts importés via l’Italie, ou encore en France, pour des melons biologiques qui contenaient un pesticide interdit, rapporte le même site.

Les fraudes d’un lobby espagnol…

Mais comment se fait-il que les produits exportés se retrouvent épinglés pour des pesticides prohibés, alors qu’ils sont soumis à deux contrôles en interne (ONSSA et Morocco Foodex) et un 3e contrôle du pays importateur? A la FIFEL, on ne manque pas d’arguments. La filière se plaint des fraudes d’étiquetage qui touchent massivement les exportations marocaines. Il s’agit de l’œuvre de plusieurs sociétés espagnoles importatrices qui procèdent au reconditionnement des produits agricoles marocains en Espagne. Ces entreprises sont aidées par d’autres sociétés ibériques (une vingtaine) basées au Maroc, lesquelles exportent de petites quantités de fruits et légumes produits au Maroc.

Arrivées sur le marché communautaire, les importations des produits marocains sont, par la suite, reconditionnées dans des unités basées en Espagne ou en Italie. « C’est dans ces unités que la mise en scène a lieu. Les entreprises espagnoles procèdent à la falsification de l’origine de la production, mais aussi des quantités importées afin d’atteindre leur objectif qui est de nuire à l’image de nos produits», assurent nos sources à la FIFEL. Sur ce point, celles-ci insistent sur le fait que les contingents marocains concernent des petites quantités, alors que la grande partie des cargaisons « refoulées » viennent en réalité de l’Espagne. Il s’agit, selon nos sources, des produits traités sur le sol ibérique.

« Dés que les commandes en provenance du Maroc franchissent les frontières espagnoles, elles vont être reconditionnées sous d’autres étiquetages et avec une autre quantité plus grande», déplorent nos sources, qui notent par ailleurs que ces incidents auront de lourdes conséquences pour les exportateurs marocains envers qui de plus en plus de fournisseurs risquent d’être méfiants.

Impact sur le marché interne…

Quel impact cette affaire de « refoulement » a-t-elle sur le marché interne ? Les marchés de certains produits agricoles seraient de moins en moins fréquentés par des consommateurs qui soupçonnent une présence excessive des pesticides dans ces produits, selon certains vendeurs de fruits et légumes à Casablanca.
Après les dernières informations ayant circulé sur le refoulement de plusieurs cargaisons de produits agricoles exportés vers le marché européen, des citoyens auraient décidé de boycotter quelques fruits et légumes de saison, précisent nos vendeurs, ajoutant que cette situation a provoqué une diminution sensible des prix des produits concernés par cette affaire de « refoulement » dont l’information a été révélée par un média espagnol.

Des fruits et légumes refoulés par l’UE, revendus sur le marché interne?

L’information s’est répandue comme une traînée de poudre et suscite depuis plusieurs jours l’inquiétude des citoyens. Face aux cas d’exportations refoulées, ces derniers se demandent si les produits agricoles refoulés sont détruits ou revendus sur nos marchés. La question reste en tout cas posée et suscite également un tollé dans les milieux des défenseurs de consommateurs.

Abdelkrim Chafii, Président de la fédération marocaine des droits du consommateur dans la région de Souss Massa, pour ne citer que lui, ne mâche pas ses mots. « Les produits phytosanitaires sont utilisés de manière très abusive par les agriculteurs. Tous les produits agricoles sont concernés par ce problème. Notre fédération n’a pas cessé d’ailleurs de lancer un appel aux décideurs pour limiter l’utilisation excessive des pesticides au Maroc», affirme cet associatif. De surcroît, la fédération a appelé le gouvernement à “intensifier les contrôles au niveau des marchés, soutient notre interlocuteur, qui prévient, par ailleurs, contre la commercialisation de certains fruits et légumes « refoulés » sur les étals de nos marchés.

« Les services concernés n’informent pas les consommateurs de ces cas de refoulement des cargaisons non conformes ni d’ailleurs sur leur devenir», déplore-t-il. « Ces refoulements inquiètent beaucoup. Car on ne sait pas si les produits en question sont revendus sur nos marchés. Mais ça va faire prendre conscience aux gens qu’il faut faire très attention à ce qu’ils achètent! », espère-t-il.
Les autorités en charge du contrôle, poursuit-il, feraient bien de jeter un regard méticuleux sur les fruits et légumes qui sont vendus sur le marché national», insiste Chafii, également Vice-président de la fédération marocaine des droits du consommateur au Maroc (FMDC).

Pour ce dernier, les consommateurs courent un danger réel, d’autant, dit-il, que l’usage et la vente des produits phytosanitaires dans le pays ne sont pas contrôlés. « Des pesticides prohibés circulent au grand dam des consommateurs. Ces matières continuent d’être écoulées dans les marchés par des revendeurs non agréés qui les vendent à des agriculteurs ne respectant ni dosage ni délai d’attente avant récolte », affirme notre source.

A l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA), on se dit conscient de la problématique. Une source non autorisée à l’ONSSA indique que l’office est depuis, plusieurs mois, à l’œuvre pour préparer une nouvelle loi sur la vente des pesticides au détail. « La vente au détail des produits phytosanitaires, c’est le talon d’Achille de tout le circuit. Il était donc nécessaire de connaitre la situation de tous les revendeurs pour pouvoir mettre sur place un système d’autorisation ou d’agrément pour la vente de ces produits», souligne notre source, qui ne donne pas plus de détails sur ce programme d’étude et de surveillance des pesticides.

Ce programme pourrait-il pour autant résoudre ce problème de résidus dans les fruits et légumes ? Niet, réplique un ancien contrôleur de la répression des fraudes. Car, explique-t-il, «Sur nos marchés de gros et au niveau des points de vente, aucun contrôle n’est fait sur les fruits et légumes. L’ONSSA n’est pas autorisée de le faire. Car la loi en vigueur sur la répression des fraudes excluent les légumes et les fruits frais du contrôle».

Naîma Cherii

 

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