Gaz : Le projet de l’unité flottante de stockage intéresse les Américains

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De nombreuses sociétés américaines, dont certaines opèrent dans les pays du Golf, ont manifesté leur intérêt pour «la conception et la mise en place d’une solution maritime pour l’approvisionnement en gaz naturel du marché national par une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU –Floating Storage and Regasification Unit)». Ce projet, qui a fait l’objet d’un AMI et peut être réalisé dans le cadre d’un appel d’offre ou d’un Partenariat public-privé, a levé le voile sur l’adoption de nouvelles orientations en matière de stratégie de transition énergétique au Maroc.

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En mars dernier, le ministère de l’Energie, des mines et de l’environnement a lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour «la conception et la mise en place d’une solution maritime pour l’approvisionnement en gaz naturel du marché national par une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU –  Floating Storage and Regasification Unit)». Conformément aux dispositions de cet AMI, les sociétés spécialisées dans les domaines de développement et de construction des FSRU auront jusqu’au 31 mai prochain pour confirmer leurs intentions et capacités à développer le projet en déposant un dossier d’Expression d’Intérêt. Il ne reste ainsi que quelques jours pour l’identification des sociétés opérant dans ce domaine et qui ont manifesté de l’intérêt pour la participation, en cas de décision prise par les autorités compétentes, à un appel d’offres pour le développement, la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance de ce projet qui doit être rendre opérationnel d’ici 2025. Déjà, selon des sources bien informées, de nombreux groupes américains, dont certains sont actifs dans la région du Golfe, se bousculent au portillon. Cet intérêt grandissant des Américains pour le secteur énergétique en général et pour le gaz naturel en particulier ne date pas d’aujourd’hui.

Les actions de US Trade and Development au Maroc

Les actions entreprises par l’Agence américaine pour le Commerce et le développement (US Trade and Development) en faveur du secteur au Maroc en sont une forte illustration. En effet, cette agence chargée d’explorer les opportunités de projets d’infrastructures sur de nombreux marchés pour les entreprises américaines, a accordé des dons pour des projets au Maroc. Il s’agit notamment des 552.000 dollars octroyés en 2011 pour l’appui du développement des énergies renouvelables dans les villages de pêche et des 917.865 $ en 2008 répartis entre le ministère de l’Agriculture et la pêche (531.810 $) et l’ancien ONEP (385.876 $). Le dernier en date remonte à l’année 2018 où cette agence avait financé une étude de faisabilité visant à évaluer les infrastructures liées à l’importation de Gaz naturel liquéfié (GNL) et à l’utilisation du gaz naturel au Maroc. A l’époque, c’est l’entreprise américaine, Lixia Capsia Gestionis LLC, qui a été désignée pour mener l’étude consistant, plus précisément, à évaluer les sites potentiels de développement pour un terminal d’importation de GNL et une installation de regazéification reliant le gazoduc Maghreb-Europe. A cette occasion, la chargée d’affaires à l’ambassade des Etats-Unis à Rabat, Stephanie A.Miley, qui a quitté le Maroc en 2019 après y avoir passé trois années, avait déclaré : «nous attendons avec impatience de voir les résultats de l’étude de faisabilité, le lancement final du terminal GNL et à continuer la coopération excellente entre nos deux pays, dans le secteur de l’énergie ainsi que dans d’autres domaines». Entre temps, depuis 2018, c’est notamment le partenariat stratégique entre le Maroc et les Etats-Unis qui s’est renforcé surtout après la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur l’ensemble de ses provinces du Sud. Quant au projet du terminal gazier prévu dans le cadre du Méga projet «Gas to Power» à Jorf Lasfar, il n’a pas vu le jour.

Révision du Plan de développement du GNL

Tout porte ainsi à croire que la tutelle a décidé de revoir le Plan national de développement du gaz naturel liquéfié (GNL) tel que présenté en décembre 2014 par l’ex-ministre de l’énergie Abdelkader Amara et qui avait pour objectif de satisfaire les besoins du pays en GNL estimés à 5 milliards de m3 par an. Des réajustements semblent être intégrés à ce plan qui devait être livré en juin 2021. Il fallait, en effet, prendre en compte de nouvelles variables tels le projet de gazoduc Maroc-Nigéria (ralliant le Nigéria au Maroc en traversant 14 pays) ainsi que le prolongement du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) arrivé à terme en 2021. Ceci, en plus des avancées réalisées dans le domaine de l’efficacité énergétique ainsi que l’entrée en exploitation commerciale de projets d’exploration gazière, notamment le Tendrara (dans l’Oriental) en 2021. D’ailleurs, la tutelle, dans l’avis de pré-information relatif à l’AMI, a bien signalé que «le secteur de l’énergie connaît des évolutions extrêmement importantes tant au niveau économique, technique que géopolitique. Le Maroc, importateur net d’énergie, doit faire face à des contraintes diverses : diversification, continuité et sécurité d’approvisionnement, compétitivité de son économie, volatilité des prix et son impact négatif, la réduction des émissions des gaz à effet de serre, etc.». Le ministère a également fait savoir que  «le projet proposé doit répondre au besoin d’un marché du gaz naturel à développer progressivement. Les besoins sont estimés à 1,1 BCM (billion cubic meter ou milliard de mètres cubes) dont 0,6 BCM pour l’industrie en 2025. En 2030, ils sont évalués à 1,7 BCM dont 0,7 pour l’industrie. Dix ans plus tard, les besoins devraient monter à 3 BCM dont 1,4 pour l’industrie. Les zones de consommation se situent principalement dans l’axe Kénitra-Mohammedia-Casablanca-Settat, caractérisé par une concentration du tissu industriel». En outre, le projet devra proposer un système permettant la réception, le stockage et la regazéification. Il devra être compatible avec les infrastructures maritimes du terminal d’accueil qui sera localisé potentiellement au niveau de l’un des ports suivants : Nador West Med, Kénitra Atlantique, Jorf Lasfar ou Mohammedia. Le système de regazéification devra satisfaire aux besoins et aux contraintes techniques des distributeurs et des consommateurs locaux de gaz naturel.

Le Maroc mise sur l’hydrogène et la bioénergie

En plus des aspects techniques, la réalisation de ce projet d’envergure nécessite la mise ne place d’un cadre législatif et réglementaire pour le contrôle des différentes activités formant la chaine gazière (Importation, regazéification, stockage, transport et commercialisation). En effet, le projet de FRSU, qui peut également être réalisé dans le cadre d’un Partenariat public-privé, s’inscrit dans le cadre du Code gazier, actuellement dans les circuits législatifs. Ce code offre un cadre permettant le développement des infrastructures gazières nécessaires et la mise en place d’un marché ouvert et résilient avec des niveaux de concurrence suffisants au profit des consommateurs marocains.  Le ministère de l’énergie a donc du pain sur la planche. Outre le chantier du GNL, il doit passer à la vitesse supérieure pour pouvoir rattraper le retard en matière de transition énergétique survenu durant les années précédentes est à rattraper. Le ministre de l’énergie, Aziz Rabbah, a d’ailleurs, promis, dans sa réponse, ce mardi 11 mai, à une question orale à la Chambre des représentants, de dépasser 52% du mix énergétique en 2030, estimant même que ce chiffre pourrait être atteint avant 2026. Il a rappelé à cette occasion que le système électrique 2021-2030 est basé entièrement sur des énergies renouvelables et un taux réduit du gaz. Autre élément important, le Maroc mise désormais sur pour l’hydrogène, «une énergie prometteuse pour le Maroc qui doit accueillir d’importants investissements», a indiqué le ministre. Une feuille de route est en préparation pour cette nouvelle source d’énergie ainsi que pour bioénergie. Il s’agit ainsi d’un changement de paradigme pour accompagner la prochaine décennie qui sera celles d’énergies renouvelables et propres.

Nadia Benyouref

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