Fermeture des écoles, couvre-feu nocturne,… : Ce qu’en pensent les Casablancais

Photo : Soufiane Benkhadra
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Lundi 7 septembre 2020. Casablanca est verrouillée et les établissements scolaires sont désormais quasiment tous fermés. Alors que ce lundi est jour de rentrée scolaire au royaume, la rentrée des classes a tourné court. Reportage.

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Dans les gares et au niveau des entrées de Casablanca, les contrôles sont renforcés. Un couvre-feu nocturne doit être appliqué entre 22h et 5h du matin. Seuls pourront s’en affranchir les employés des secteurs vitaux comme la santé, l’énergie ou les transports.

Désormais, les déplacements de ou vers Casablanca sont soumis à une autorisation spéciale délivrée par les autorités locales. Les Casablancais ont été pris de court, soulignent des citoyens approchés, ce lundi 7 septembre, par Le Reporter.

Peur d’être contaminé et méfiance envers les décisions du gouvernement…

Chez certains Casablancais, que nous avons rencontrés ce lundi 7 septembre, il y a d’une part la peur d’être contaminé par un ennemi invisible et d’autre part une méfiance envers les décisions du gouvernement. Les incohérences et les communiqués «du soir» expliquent probablement le mieux cette méfiance, souligne Ahmed, un père de famille.

«Que valent les décisions si elles ne sont pas mises en œuvre sur le terrain? Le port du masque, la distanciation sociale et le lavage régulier des mains par un gel alcoolique ou du savon, doivent être respectés par tous pour lutter contre le virus contagieux. Or, dans nos rues, on ne cesse de croiser des personnes qui font fi de ces règles sanitaires», poursuit notre interlocuteur.

Ni couvre-feu, ni durcissement, rien ne peut changer la donne, estime-t-il. Ça ne sert à rien de resserrer, dit-il, tant que les mesures actuelles ne sont pas appliquées.

«Le virus ne serait actif qu’après 22 heures ?», s’interroge ironiquement Noureddine, un autre Casablancais en réaction à la décision du gouvernement, de mettre en place un couvre-feu nocturne, de 22h à 5h du matin, pour lutter contre la propagation du coronavirus.

Situation «absurde» !

La rentrée scolaire fixée pour le 7 septembre est l’autre décision qui alimente la méfiance des Casablancais envers le gouvernement. Depuis le début de la crise de la Covid-19, les pouvoirs publics ont souvent affirmé suivre les recommandations des médecins épidémiologistes, précise Fatéma. C’est ainsi, dit-elle, que le confinement a été justifié, de même que les diverses positions sur le port du masque.

Puis est tombée la décision du ministère de l’éducation nationale de rouvrir les établissements scolaires aux élèves dont les parents ont choisi l’enseignement en présentiel. Cette décision me permettait de retourner au travail», ajoute Fatéma, mère de trois enfants.

Mais la reprise des classes a finalement été impactée avec la fermeture de toutes les écoles primaires, secondaires et supérieures et l’adoption de l’enseignement à distance, suite à la décision du gouvernement.

«Cette décision est très surprenante car s’il n’y a pas d’école, il n’y a plus rien souligne Rabea, une mère de famille, informée le lendemain de la décision du ministère de l’éducation nationale.

Tout sauf revivre le calvaire que nous avons vécu durant le confinement. C’est-à-dire jongler entre le télétravail et les devoirs des enfants, etc, lance Mina, une mère de deux enfants employée dans une banque.

Le plus difficile commence pour cette femme qui déplore une situation «absurde».  «J’ai choisi l’enseignement en présentiel. Maintenant, avec cette décision, mes enfants sont confinés, je dois les garder. Mais moi, je travaille, je dois donc me rendre à mon bureau chaque jour

Pour sa part, Abdellah, un enseignant dans une école privée à Casablanca, soutient que le plus dur commence pour les professeurs. Consterné par la décision prise par le gouvernement pour tenter de limiter la propagation du virus, Cet enseignant s’interroge: «Alors que les établissements scolaires sont désormais quasiment tous fermés, comment les enseignants vont-ils réussir à faire travailler les élèves à distance».

Photo : Soufiane Benkhadra

Casablanca, re-confinée ?

Casablanca risque-t-elle un reconfinement si on n’arrive pas à infléchir la courbe de la situation épidémique dans la capitale économique? Le sujet revient, en tout cas, dans toutes les conversations depuis quelques jours. La situation pandémique à Casablanca est très inquiétante, de l’aveu même des autorités sanitaires. Celles-ci ont beau tenter de limiter la transmission du virus, le pire est à craindre.

Ceci dit, une source proche du dossier dément des rumeurs ayant circulé ces derniers jours sur un possible confinement total de Casablanca, elle a quand même souligné que les autorités locales prendront des mesures plus strictes pour changer en profondeur le comportement des Casablancais.

La décision de re-confiner les Casablancais est lourde de conséquences, compte tenu de son coût financier important et de ses conséquences négatives sur les entreprises, estime un élu de Casablanca. Seules des mesures draconiennes peuvent freiner la propagation du virus qui continue malheureusement de faire des dégâts, dit cet élu.

Comment expliquer cette situation inquiétante dans l’agglomération de Casablanca ? Des dérogations aux règles ? Un manque de sensibilisation ? Des citoyens indisciplinés ne respectant pas les mesures barrières ?

Fatéma, une jeune infirmière, pourrait en dire long sur «des situations éprouvantes qui ne sont pas sans répercussions et sans souffrance pour les familles des patients Covid». «Le nouveau coronavirus continue d’endeuiller des familles et faire souffrir des malades», témoigne cette jeune infirmière.

Pour cette infirmière, aux premières lignes de la lutte contre le coronavirus depuis le mois de mars, c’est le relâchement des citoyens qui est en cause. «Certains patients paient d’ailleurs les frais de leur relâchement par rapport aux normes de précaution sanitaire. Ils croient que le virus était ‘fini’», explique-t-elle.

Du côté des autorités locales, on impute aussi cette flambée fulgurante des cas de contamination à l’indiscipline d’une population peu respectueuse des gestes barrières. «On espère faire entendre raison à des Casablancais toujours trop indisciplinés et ne respectant pas les mesures sanitaires», souligne un agent d’autorité publique. Il conclut: «Dans les gares et au niveau des entrées et sorties de Casablanca, les contrôles vont être renforcés. Aucune dérogation aux consignes sanitaires n’est permise. Et nul ne peut échapper au respect strict des dispositions de l’état d’urgence sanitaire auquel tous les citoyens sont soumis».

Reportage réalisé par Naîma Cherii

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