
La situation est très préoccupante à Gaza. Les déplacés qui, dès le début de cessez-le-feu, sont retournés dans leurs quartiers dévastés dans le nord de la bande de Gaza, luttent contre les conditions difficiles, en ce mois sacré du Ramadan.
A Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, qui a été assiégée durant plusieurs mois, la plupart des populations dorment encore sous des tentes délabrées, en raison du non-respect par Israël de ses engagements dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu.
Ces tentes endommagées n’offrent que très peu de protection contre le froid et la pluie, en ces temps où les températures ont baissé à 8 degrés Celsius accompagnées de fortes pluies.
Sans eau potable, sans électricité et sans aucun élément de base dont ils ont besoin pour subsister, les déplacés sont forcés de vivre dans des abris de fortune sur les ruines de leur maison totalement détruite.
Le Ramadan, qui a commencé en Palestine, samedi 1er mars 2025, est un mois où habituellement, le soir, après la prière d’Al-Ichae les rues de Gaza se remplissaient de gens et d’étals de nourriture. Mais les premiers jours de ce mois béni sont empreints d’un «grand désarroi».
La décision de suspendre l’entrée de l’aide humanitaire par l’occupation israélienne, annoncée le 2 mars 2025, met en danger la vie des Palestiniens, qui souffrent d’un manque de nourriture voire même d’un risque de famine.
Cette détérioration des conditions de vie des Gazaouis intervient alors que les soins de santé sont «à genoux», et les hôpitaux manquent de médicaments et de fournitures médicales, décrit Anwar Al Amoudi, un journaliste-reporter joint par téléphone à Jabalia.
Les services de santé essentiels ne sont plus assurés et pratiquement tous les hôpitaux ont été délibérément attaqués et bombardés par l’armée israélienne, témoigne le jeune Anwar.
C’est particulièrement traumatisant pour les blessés et les patients qui ont déjà tant souffert et qui ont besoin de soins urgents en dehors de la bande de Gaza, dit-il.
«Les patients ayant un besoin urgent de soins spécialisésse comptent par milliers mais leur évacuation se fait à un rythme très lent. Le nombre reste très faible», a-t-il ajouté, désespéré.
Certains d’entre eux ont été informés qu’Israël avait approuvé leur évacuation mais que la personne devant les accompagner n’était pas autorisée à les accompagner. Les décisions ne sont jamais justifiées, ajoutant à la souffrance des familles dans l’attente.
De nombreux Palestiniens de Gaza ont subi des blessures qui ont bouleversé leur vie. Parmi eux se trouve Rihab Mahmoud Matar, 8 ans. Le 8 janvier 2025, Rihab a été blessée par un éclat d’obus à la tête lors d’un bombardement à Gaza.
Sa blessure lui a causé une hémiplégie. Depuis, son petit corps est ravagé par la douleur. Rihab a besoin d’une intervention chirurgicale et d’un traitement médical à l’étranger.
En attendant de se faire opérer, elle a aussi besoin, chaque jour, d’une prise en charge de masso-kinésithérapie (payant). Rihab n’a toujours pas eu la chance d’avoir pu être opéré à l’étranger, ce qui ajoute à la douleur et au désespoir de la famille de la petite Rihab. Les autorités israéliennes n’ayant pas encore accepté la demande de sa famille.
Dans une guerre qui a tué des dizaines de milliers de personnes, Mehdi Samir Ahmed Al Amoudi (23 ans) a survécu à ses graves blessures. Le 21 décembre 2023, à Jabalia, Mehdi a été grièvement blessé à la tête par une frappe israélienne, avec une fracture au niveau du crane et une hémorragie interne qui s’est arrêtée quelques heures plus tard, raconte à Le Reporter son frère Anwar.
Selon ce dernier, Mehdi sera déplacé vers le sud, trois jours après le drame, avec la coordination de la Croix Rouge internationale. Il a été transféré de l’hôpital Kamal Adwan à l’hôpital médical Nasser, car tous les hôpitaux du nord de Gaza étaient bombardés par l’armée israélienne.
«Jusqu’à présent, mon frère n’a pas reçu de traitement approprié. Il a besoin de plusieurs interventions chirurgicales à l’étranger, mais, à ce jour, Mehdi n’a pas encore été évacué à cause de la fermeture par l’occupation israélienne du seul point de passage terrestre de Rafah», souligne le frère de Mehdi Samir Ahmed Al Amoudi.
Depuis le 7 octobre 2023, plus de100.000 personnes ont été blessées à Gaza par les attaques israéliennes, dont plus de 25.000 ont besoin d’une évacuation médicale urgente, selon l’Organisation mondiale de la santé. Mais le nombre des blessés palestiniens évacués, pour se faire soigner dans d’autres pays, reste très faible
L’Organisation indique aussi que près de 60 % des requêtes d’évacuation médicale de Gaza sont refusées. Cela inclut les demandes d’évacuation d’enfants blessés et de leurs accompagnants.
Ceux qui ont été évacués hors de l’enclave pour recevoir des soins ne représentent pas plus de 25% du nombre de patients en attente de traitement, selon le ministère palestinien de la Santé.
A noter enfin que selon les termes du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, 150 patients devraient traverser chaque jour le point de passage, avec trois personnes accompagnant chaque patient. Néanmoins, Israël a retardé le départ de nombreux patients, indique la même source.
N.Cherii