Affaire des fraises contaminées par l’hépatite A : Un sabotage contre les produits agricoles marocains ?

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Les fraises marocaines sont-elles vraiment contaminées par l’hépatite A ? Et si c’était un sabotage pur et simple contre les produits agricoles marocains ? La question mérite en tout cas d’être posée, d’autant que le dossier des fruits et légumes critiqués depuis plusieurs semaines par les agriculteurs européens commence à énerver au Maroc. Les détails.

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Cette affaire d’alerte sanitaire sur un lot de fraises exportées du Maroc vers l’Union européenne (UE) a-t-elle un impact sur le marché local? Alors que les craintes liées à la sécurité alimentaire ont très vite pris le dessus après la détection en février 2024 d’une contamination par l’hépatite A dans une cargaison de fraises marocaines exportée vers le marché européen, le sujet revient sur le devant de la scène nationale pour y défrayer la chronique. La notification émise le 14 février par le RASFF (Système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux), classant le risque de contamination par le Norovirus de génotype II comme «sérieux», s’est répandue comme une traînée de poudre et soulève la crainte des citoyens.

Selon certains vendeurs de fruits et légumes à Casablanca, des consommateurs auraient même décidé de boycotter ce fruit de saison. Ils ajoutent que la découverte d’une infection par l’hépatite A dans un lot de fraises marocaines en Europe a provoqué une diminution des ventes de ce produit.

Mais du côté des autorités sanitaires marocaines, on se veut rassurant. «Tous les produits agricoles qui sont commercialisés actuellement sur le marché local sont salubres et ne constituent aucun danger pour la santé publique», affirme ce mercredi 13 mars à le Reporter une source bien informée et proche du dossier. Celle-ci, qui a requis l’anonymat, assure que les fraises commercialisées sur le marché interne ne sont aucunement concernées par l’alerte du RASFF.

Pour cette source, l’affaire des fruits et légumes critiqués depuis un certain temps déjà par les agriculteurs européens commence à agacer au Maroc. «C’est un sabotage pur et simple contre les produits agricoles marocains. C’est beaucoup plus qu’une question de santé publique. Il y a d’autres enjeux. D’ailleurs, même en Europe, il y a des dizaines de pesticides qui sont interdits mais qui passent inaperçus au RASFF», déplore notre source.

Selon cette dernière, les produits marocains ne sont concernés que par très peu d’alertes sanitaires. «Nous avons des alertes sanitaires très minimes par rapport aux surfaces cultivées, que ce soit au Maroc ou en Europe. Mais malheureusement, ce sont ces alertes-là qui sont beaucoup plus médiatisées», précise encore notre interlocuteur. Il indique au passage que tous les produits marocains exportés sont soumis à deux contrôles (ONSSA et Morocco Foodex). «Le Maroc est doté d’un mécanisme plus sophistiqué en matière d’analyse et d’homologation des pesticides. D’ailleurs aucun phytosanitaire ne peut entrer au pays et ne peut être homologué ni mis sur le marché sans qu’il ne passe au crible. Et même quand il est homologué, à un moment donné, il doit être soumis à une nouvelle évaluation. C’est vous dire que notre pays a le système le plus draconien dans ce domaine de pesticides et ce, même par rapport à l’UE», explique-t-il, affirmant que «le Royaume est classé parmi les meilleurs pays sur le plan des mesures de contrôle de qualité des produits alimentaires, lequel est assuré au niveau de toute la chaine».

Les exportateurs pointent un lobby espagnol

Dans les milieux des producteurs exportateurs, l’affaire de la détection d’une contamination par l’hépatite A dans un lot de fraises marocaines exportées vers le marché européen suscite également un tollé. Interrogés sur l’affaire, certains d’entre ces exportateurs croient savoir qu’un lobby ibérique agricole serait derrière les actes perpétrés ces dernières semaines contre les marchandises marocaines expédiées vers le marché européen. «Nos produits agricoles sont les meilleurs produits exportés à l’UE. Ils rencontrent d’ailleurs un grand succès auprès des consommateurs de ce marché. C’est pourquoi, ce lobby agricole espagnol est en train de nuire à l’image de nos produits agricoles. Car nous le dérangeons dans son marché», expliquent les mêmes exportateurs membres de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader).

Un point de vue que partage également le Président de cette Confédération, Rachid Benali. Celui-ci a en effet déclaré il y a quelques jours à Le Reporter que les agriculteurs européens tentent actuellement de remettre en cause la «qualité» des produits issus de l’agriculture marocaine. «Les agriculteurs européens accusent nos produits de contenir des pesticides interdits en Europe. Ils pointent notamment un produit phytosanitaire qui a été interdit au Maroc depuis 2021. Ce produit ne rentre donc pas au Maroc depuis cette date. Ce qui montre la mauvaise foi de ces gens», déplore le Président de la Comader, laquelle a récemment porté plainte auprès des tribunaux espagnols contre les attaques acharnées des agriculteurs espagnols envers les camions transportant les produits agricoles marocains à destination de l’UE.

A la Fédération Interprofessionnelle Marocaine de production et d’exportation des Fruits et Légumes (FIFEL), des sources soulignent que les agissements du lobby agricole espagnol ont pour but de ralentir les exportations marocaines sur ce marché. Plus grave encore. Les mêmes sources accusent des sociétés ibériques importatrices de faire le reconditionnement des produits agricoles marocains sous d’autres étiquetages après leur arrivée sur le marché communautaire. «Ces sociétés sont soutenues par d’autres entreprises espagnoles installées au Maroc, lesquelles exportent en réalité de faibles quantités de fruits et légumes produits dans le Royaume. C’est dans des unités en Espagne que l’on modifie l’origine de la marchandise, mais aussi des quantités importées afin d’arriver à leur objectif qui n’est autre que de porter préjudice à l’image de nos produits», déplorent encore nos interlocuteurs dans cette Fédération. «Les expéditions marocaines concernent de faibles quantités, alors que la grande partie des marchandises concernées par des alertes sanitaires proviennent en réalité de l’Espagne. Il s’agit donc de produits traités dans ce pays», expliquent encore ces professionnels qui opèrent dans la région de Souss. Dans cette zone, la commercialisation des fraises ne semble pas très impactée pour le moment. Un point de vue qui nous a été confirmé par l’Association marocaine des droits du consommateur dans la région de Souss Massa. «Nous avons contacté l’ONSSA régional pour connaitre les résultats de son enquête sur le sujet. On nous a assuré que les fraises commercialisées dans nos marchés ne représentent aucun problème et qu’elles sont saines pour la consommation. Il convient de souligner également que nous avons fait des tournées au niveau de plusieurs marchés dont le marché de gros des fruits et légumes d’Inezegane. La situation y est pour le moment normale et aucune plainte n’a été enregistrée. Malgré l’inquiétude de certains citoyens, les vendeurs assurent qu’il n’y a pas un impact significatif sur la vente de ce produit. D’ailleurs, disent-ils, s’il y avait réellement un problème, le prix des fraises aurait connu une baisse. Ce qui n’est pas le cas», rassure le Président de cette Association, Abdelkrim Chafii, qui prévient, par ailleurs, contre la commercialisation de certains pesticides non homologués provenant de la contrebande. «Certains agriculteurs utilisent ces produits non autorisés qui rentrent de l’Algérie. Ces matières prohibées circulent malheureusement dans les marchés par des revendeurs non agréés. C’est surtout le marché interne qui est touché par ce problème», déplore Chafii. Celui-ci évoque au passage un autre problème. «Les produits phytosanitaires homologués sont utilisés de manière très abusive par certains cultivateurs. Tous les produits agricoles sont concernés par ce problème. D’ailleurs, certains contingents ayant été concernés dans le passé par des alertes sanitaires contenaient des doses plus élevées que la normale. L’Association n’a pas arrêté de sensibiliser les agriculteurs pour limiter l’utilisation exagérée de ces produits même quand ils sont homologués», conclut notre interlocuteur.

N.Cherii

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