Blé dur : Les prix baissent chez les minotiers, pas chez les détaillants. Le Président de la Fédération de la minoterie dénonce…

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Entretien avec My Abdelkader Alaoui, Président de la Fédération nationale de la minoterie

Les prix de la semoule et de la farine Finot du blé dur baissent chez les meuniers mais pas sur le marché de détail, affirme ce jeudi 22 avril à Le Reporter My Abdelkader Alaoui, Président de la Fédération nationale de la minoterie. Dans un entretien exclusif, celui-ci déclare que les prix entameront une nouvelle baisse dès les prochains jours avec la réception de nouveaux arrivages de blé dur. Il assure aussi que les stocks actuels en blé tendre couvrent quatre mois de consommation. Les détails.

Après une flambée du prix du blé dur, les cours mondiaux connaissent une baisse. Qu’en est-il des prix au Maroc?

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Comme vous le savez, les effets de la pandémie du Covid-19 sur les échanges mondiaux, la guerre entre l’Ukraine et la Russie et la hausse des cours du pétrole, expliquent cette flambée des prix du blé. Cette envolée des prix s’est poursuivie en 2022 en raison également de la chute de plus de 30% de la production canadienne de blé dur. C’est ce qui explique cette montée en flèche des prix du blé qui a atteint 735 dollars la tonne au lieu de 400-450 dollars habituellement.

Comme l’État n’intervient pas pour accorder des subventions à l’importation du blé dur, cette flambée à l’international s’est répercutée sur les prix au niveau du marché local, notamment ceux de la semoule et de la farine Finot du blé dur. En juin 2022, ces prix ont atteint 11-12 DH le kilo pour la semoule et 10,5 DH le kilo pour la farine finot.
Après la baisse du prix du blé dur qui a été enregistrée sur le marché mondial dès septembre 2022, les prix-usine des semouleries et de la farine Finot ont également baissé au Maroc. Puisque les prix vont chuter à 8 DH le paquet pour la semoule et 7,50 DH pour la farine Finot.

Mais le consommateur n’en ressent pas encore les effets sur le marché en détail. La semoule est toujours vendue à 12 dirhams chez les commerçants détaillants, alors que le prix opéré au niveau des unités industrielles est actuellement de 8 dirhams. Le gap étant trop élevé par rapport au prix qui doit être appliqué !

Une telle marge et pas de baisse de prix sur le marché ?

Si aujourd’hui, les consommateurs constatent qu’il n’y a pas de baisse, ce n’est pas la faute aux unités industrielles. C’est beaucoup plus une résistance chez les détaillants et les petits commerçants qui ne suivent pas la baisse que nous opérons au niveau des usines. Ce problème, nous l’avons d’ailleurs soulevé lors des dernières réunions qui ont été récemment tenues avec les ministres de l’Agriculture et du Commerce ainsi qu’avec le comité du suivi des prix.

A votre niveau, prévoyez-vous encore des baisses de prix ?

Oui. Dans les jours qui viennent, il y aura de nouveaux arrivages de blé dur qui seront à des coûts inférieurs que les anciens. Cela se répercutera positivement sur les prix de la semoule et de la farine Finot qui seront écoulés sur le marché national. Les prix usines de la semoule vont osciller entre 7 et 7,50 dirhams. Pour ce qui est du prix de la farine Finot, il avoisinera les 6 ou 6,50 dirhams. Très prochainement, on va donc retourner progressivement à la situation d’avant la guerre en Ukraine.

Il convient de souligner enfin que ces deux produits sont considérés comme étant des produits de luxe et leur consommation est très limitée (5% du volume des céréales consommées). Une bonne partie de la production des semoules (40%) est dirigée vers les unités de pattes et couscous, alors que le reste (3 millions de quintaux/an) de ces semoules est réparti sur le territoire national.

Qu’en est-il des importations du blé tendre ? Les stocks actuels peuvent-ils couvrir les besoins intérieurs?

Les stocks sont largement satisfaisants. Nous sommes déjà sur 1millions 500 mille tonnes de commandes fermes pour les trois mois de mars, avril et mai. C’est l’équivalent de quatre mois de consommation.

Les importations de blé tendre au Maroc ont connu une augmentation en 2022, avec un record de 50 millions de quintaux de blé tendre. Cette augmentation est due au manque de précipitations dans le Royaume, qui a entraîné une réduction de la production agricole, augmentant ainsi la dépendance du pays à l’égard des importations de blé tendre.

Comme la sécheresse continue d’affecter le pays, la demande de blé tendre continuera d’augmenter. Cela s’ajoute à la chute de la production agricole, qui rendra nécessaire l’importation de blé tendre pour répondre à la demande.

Cette année, on a d’ailleurs doublé nos importations en raison de la sécheresse vécue au Maroc. Ce qui veut dire que nous avons assuré 100% de nos besoins à partir des importations.
Évidemment, on va continuer à importer suffisamment. D’ailleurs, on ne pense pas qu’il y aurait une suspension d’importation. Car la situation n’est pas aussi bonne que ça. Et la campagne agricole actuelle s’annonce très médiocre. Le quota à importer par mois peut donc changer vu la situation qui prévaut aujourd’hui.

Combien a-t-on importé de l’Ukraine et de la Russie ?

Rien. La majeure partie du blé tendre est importée, principalement de l’Europe et d’Amérique latine. Notre premier fournisseur c’est la France avec 30 à 40 % du volume global importé.

Le gouvernement a-t-il pris les mesures adéquates pour augmenter les stocks en blé tendre ?

Il faut souligner que l’on a une stratégie pour la mise en place d’un stock stratégique et souverain. Mais ce stock, on ne peut pas le constituer avec les prix anormalement élevés sur le plan international. Ce n’est pas normal. On s’attendait à constituer ce stock stratégique à partir de la production nationale. Mais, malheureusement, durant deux années consécutives, la production nationale est à des niveaux très médiocres. Pour le moment, on travaille avec les moyens du bord et on essaie de garder bon gré mal gré un niveau de stock entre 4 et 5 mois en attendant des jours meilleurs pour constituer véritablement un stock stratégique et souverain.

Interview réalisée par Naîma Cherii

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