Produits avariés, mauvaise conservation des produits, produits périmés, manque d’hygiène dans les marchés et commerces de détail, chaîne de froid non respectée, etc. Un petit détour dans certaines zones de Casablanca suffit pour avoir une idée sur le laisser aller qu’il y a aujourd’hui dans le secteur.
Ce qui aggrave encore cette problématique, c’est qu’on ne voit plus les contrôleurs de l’hygiène faire leurs tournées, déclare cette semaine Mohamed Dahbi, SG de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP).
Dans pratiquement tous les quartiers de la métropole, les restaurants ambulants et même le commerce formel échappent à tout contrôle», alerte le SG de l’Union. «Les autorités de Casablanca doivent assumer leur responsabilité pour protéger la santé des citoyens », poursuit Mohamed Dahbi.
Que deviennent les tournées des services d’hygiène? Les contrôleurs de l’hygiène font-ils leur contrôle régulièrement? Samedi 7 janvier 2023. 11h30, nous prenons la direction du marché «Tareq» au quartier de Sidi Bernoussi pour trouver réponse à nos questions. Plusieurs vendeurs au marché «Tareq» approchés par Le Reporter confient que les contrôleurs de l’hygiène s’y font rares.
Dans un secteur hautement lié à la sécurité alimentaire, selon eux, la majorité des poissonniers ne respecteraient pas les conditions d’hygiène ! Personnel sans carnets sanitaires et non sensibilisé à l’hygiène, chaîne de froid non respectée, étal de poisson mal lavé,… etc. Pour nos sources, les exemples sont nombreux et font partie du quotidien de ce marché. «Si on vient inspecter ici, une grande quantité de ce poisson serait confisquée», assure-t-on.
De toutes les échoppes, rien ne paraissait, en tout cas, en règle. Le poisson n’est pas couvert de glace ce samedi 7 janvier qui était bien chaud en ce début de janvier, a-t-on constaté sur place. Et pour cause, les vendeurs n’en disposaient pas.
Sous le regard des clients, un vendeur laissait tomber les cendres de sa cigarette sur son poisson ! « Si des contrôleurs de l’hygiène venaient ici fréquemment, ce vendeur n’oserait pas faire ce qu’il a fait », a-t-on commenté. « On voit les commissions de contrôle venir ici surtout pendant le mois sacré de Ramadan ou encore lors de Aid Al Adha ». Nos interlocuteurs pointent par ailleurs une corruption quasi répandue. « Lors d’un contrôle effectué l’année dernière par des agents de contrôle d’hygiène, j’ai été obligé de donner 400 dirhams », souffle l’un d’entre eux.
Le son de cloche est le même à l’Union générale des entreprises et professions. Son SG, Mohamed Dahbi ne mâche pas ses mots. « C’est un fléau qui existe malheureusement. On ne peut pas nier l’existence de la corruption. Des contrôleurs de l’hygiène reçoivent des bakchichs pour fermer les yeux sur le non respect de l’hygiène», a-t-il dit. Et tant que ce phénomène existe, poursuit-il, les récidivistes ne seront pas découragés d’autant que les amendes sont dérisoires.
Il n’est pas rare que nous trouvions des matières prohibées ou des produits périmés dans nos souks, dit-il. « Du chocolat, de la confiture, des jus et même des abats et du poisson sont vendus à même le sol, sous un soleil de plomb, dans les souks et même dans le centre ville, sous les yeux des agents d’autorité », déplore-t-il. Et d’ajouter : « A l’Union, on est conscient du problème et du laisser aller qu’il y a aujourd’hui dans le secteur. Nous luttons contre la fraude, mais nous sensibilisons également les membres qui ignorent les bonnes pratiques, qu’elles relèvent de l’hygiène, de l’approvisionnement ou de la conservation».
Du côté des responsables, on relativise. Les différentes commissions de contrôle des produits alimentaires ne chôment pas, tient à souligner une source à la Wilaya de la région de Casablanca-Settat. « Des commissions mixtes de contrôle des produits alimentaires sillonnent l’ensemble des points de vente, les boucheries et les poissonneries pour faire le travail de contrôle », lance cette même source.
N.Cherii
