Stratégie nationale énergétique : Pourquoi le plan « contesté » du gouvernement inquiète les électriciens ?

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L’heure est à la mobilisation chez les électriciens. La Fédération nationale des travailleurs de l’énergie (FNTE) prévoit d’organiser dans les prochains jours une large campagne de sensibilisation auprès des partis de l’opposition comme de la majorité, déclare à Le Reporter Mohamed Zeroual, SG de cette fédération. Cette mobilisation vient en réaction à la décision de mettre en œuvre un plan « contesté » du gouvernement pour le démantèlement de l’Office National de l’Électricité (ONE).

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La fédération nationale des travailleurs de l’énergie n’est pas trop convaincue par l’avancement des projets inscrits dans le dossier de la stratégie nationale énergétique. Son SG Mohamed Zeroual critique la volonté du gouvernement de faire aboutir un plan «contesté » pour le démantèlement, le transfert et la cession de toutes les activités de l’ONE, notamment celle de la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables, afin de les transférer à des sociétés privées.

Mohamed Zeroual dénonce aussi la décision d’aller vers l’adoption de cette stratégie d’une manière unilatérale au détriment des positions et propositions des électriciens. « Ce plan n’a pas été discuté dans sa globalité et ne prend pas en compte les acquis des travailleurs de l’office », assure le SG, qui dénonce « une erreur stratégique ». Il ajoute dans ce cadre que les électriciens sont déterminés à bloquer toute discussion ayant un quelconque effet sur leurs acquis dans l’office.

Pour l’heure, annonce Mohamed Zeroual, un accord cadre a été signé entre la direction générale et les travailleurs de l’office. « L’accord tient compte du dossier revendicatif des électriciens et préserve leurs acquis professionnels dans l’entreprise publique », déclare le SG de la fédération, dans un entretien téléphonique. Il ajoute que cet accord sera, incessamment, remis au Chef de gouvernement par le directeur général de l’office.

Ceci étant, le plan « contesté » du gouvernement continue de faire réagir. Une délégation d’électriciens conduite par le secrétaire général du secteur fédéral FNTE des électriciens, Mohamed Zeroual a pu remettre, il y a une semaine, un mémorandum au chef de gouvernement. Dans ce document, les travailleurs de l’énergie dénoncent le démantèlement d’une entreprise publique aussi stratégique sans véritablement évaluer l’impact d’une telle décision sur le plan social.

Il s’agit là d’un dossier qui nécessite pourtant des négociations et un débat public d’autant que les consommateurs seraient perdants, estime le SG de la fédération. Car « forcément, il y aura des conséquences sur les prix », fustige-t-il. Il ajoute que « Ce mémorandum est le résultat de plusieurs réunions entre les membres du bureau fédéral de la FNTE, et d’un long processus de négociation avec la direction générale et les autorités ».

D’un ton serein, notre interlocuteur indique que les électriciens ont tenu plusieurs mouvements de protestations pour défendre l’entreprise publique et leurs acquis professionnels dans l’office. Il rappelle dans ce cadre le front commun que les travailleurs de l’office ont fait, lors de la signature d’un accord pour la cession de sept agences dans la région de Casablanca-Settat.

Pour le SG, « malgré les annonces, ce dossier n’est plus à l’ordre du jour ».  Aujourd’hui, dit-il, ces agences demeurent sous la tutelle de l’ONE, mais le gouvernement prévoit de créer, prochainement, de nouvelles sociétés « privées » régionales de distribution d’eau, d’électricité et d’assainissement. Un choix qui apparaît aussi « incohérent et suicidaire pour le service public », estime Mohamed Zeroual, qui pointe le risque d’une hausse des prix.

Parmi ses arguments, la décision de certaines villes marocaines de confier la gestion des services de la distribution de l’eau et de l’électricité à des sociétés privés. « Ces villes, malgré les opposants, ont opté pour la gestion déléguée de ce service public. Or, c’est dans ces villes-là que les populations déplorent l’inadéquation des tarifs imposés avec le pouvoir d’achat des ménages. D’ailleurs, les citoyens ne cessent de se plaindre contre l’augmentation des prix, contrairement aux zones où il y a l’ONE qui applique le tarif social», dit-il.

Le SG explique que l’entreprise publique a l’obligation de veiller au maintien de la tarification sociale fixée par l’État afin de ne pas toucher aux tranches sociales pour sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens. Car, dit-il, sa mission principale c’est de présenter un service public en assurant les meilleures conditions de sécurité et des prix, et de veiller à garantir la sécurisation de l’approvisionnement du pays en énergie électrique.

Mais l’électricien public vit désormais sous la menace de nouveaux acteurs privés. « C’est avant tout une décision qui pourrait, hélas, conduire à écarter, définitivement, de la carte des services publics l’office national de l’électricité en transférant toutes ses activités au privé, sous prétexte que l’entreprise publique a des difficultés financières », poursuit le SG de la fédération.

Dans son mémorandum, la FNTE a expliqué pourquoi l’entreprise publique a connu ces dernières années des difficultés de trésorerie. Son SG résume qu’il faut prendre en considération deux paramètres, à commencer par la tarification sociale qui n’a pas été révisé. Car l’entreprise nationale a pour mission de ne pas toucher aux tranches sociales afin de sauvegarder le pouvoir d’achat des ménages. L’autre paramètre : l’office a perdu du terrain, depuis 1995, notamment en ce qui concerne la production et la distribution de l’électricité, précise la fédération dans son mémorandum de 13 pages. Et c’est là un manque à gagner pour l’office, soulignent les électriciens.

Le même document, dont Le Reporter détient copie, révèle aussi qu’un certain nombre d’institutions publiques se sont volontairement abstenus, pendant plusieurs années, de payer leur consommation d’électricité à l’office, ce qui a aussi aggravé la situation financière de ce dernier. Ce problème vient s’ajouter à un autre problème, cette fois-ci, de détournement d’électricité, qui entraine des pertes estimées à un milliard de dirhams par an, déplorent les électriciens.

Ces derniers, qui ne décolèrent pas, comptent faire front commun. Le SG Mohamed Zeroual annonce que les électriciens prévoient des actions dans les prochains jours, comme une large campagne de sensibilisation auprès des partis de l’opposition comme de la majorité. Cette mobilisation vient en réaction à la décision de mettre en œuvre le plan « contesté » de l’exécutif pour le démantèlement de l’ONE. « Ce seraient les acteurs privés qui profiteraient de ce plan», assure le SG de la FNTE, Mohamed Zeroual.

Naîma Cherii

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