Entretien avec Hicham Zanati Serghini: Comment la CCG accompagne la relance économique…

Hicham Zanati Serghini, Directeur Général de la CCG.  
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Dans un contexte de crise sanitaire, la Caisse Centrale de Garantie (CCG) est plus que jamais appelée à relever le défi de l’accompagnement du plan de relance économique. Pour réussir le pari, de nouvelles solutions de financement sont à mettre en place cette année. Le détail avec Hicham Zanati Serghini, Directeur Général de la CCG.  

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Quel est le bilan 2020 de la CCG ?

L’année 2020 a été pour le moins particulière, tant pour la CCG que pour l’ensemble des acteurs du paysage économique national. Marquée à ses débuts par le lancement du programme souverain INTELAKA, destiné à promouvoir le financement de l’entrepreneuriat et des porteurs de projets, il a fallu ensuite s’adapter très rapidement à la situation économique compliquée des entreprises pendant la période de confinement fin mars. Suite aux mesures décidées par le Conseil de veille économique (CVE), nous avions mis en place, en un temps record, le mécanisme exceptionnel de garantie «Damane oxygène» destiné à garantir les prêts couvrant les charges essentielles que les TPME et celles de taille intermédiaire ne pouvaient plus honorer à cause de la baisse drastique de leur activité. A la sortie du confinement, et afin d’accompagner au mieux la relance, la CCG avait alors déployé l’offre de garantie «Relance» destinée à financer le retour des entreprises à une activité commerciale normale.

Ces dispositifs ont été une aubaine pour l’écosystème entrepreneurial, en témoignent les chiffres réalisés au 31 décembre 2020. Moins d’une année après leur lancement, ces mécanismes exceptionnels ont bénéficié à pas moins de 66.200 entreprises, à travers la garantie de 86.000 crédits pour un montant total d’engagements dépassant les 53 milliards de dirhams. Les mécanismes INTELAKA ont connu, pour leur part, une réelle tendance haussière en dépit de la période de récession économique due aux effets de la pandémie. Ce programme a ainsi totalisé un volume de crédits de 2,8 milliards de dirhams à travers plus de 15.085 opérations de garantie en faveur de près de 12.500 très petites entreprises opérant aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Notons qu’à côté de cela, la Caisse Centrale de Garantie a réussi à maintenir une activité «classique» normale grâce à son offre-produits en faveur des TPME nationales voir celle à destination des particuliers. Autant vous dire que ce fut une année exceptionnelle pour l’Institution, compte tenu de la conjoncture économique bien particulière.

Quels sont les principaux défis que devra relever la CCG à partir de cette année 2021 ?

L’accès au financement en faveur des TPME représente toujours une préoccupation majeure pour la Caisse Centrale de Garantie. Et dans une conjoncture post pandémie où les entreprises, frappées de plein fouet par la baisse drastique de leur activité durant la période de confinement, aspirent à une reprise pérenne, le défi principal à relever est sans doute d’accompagner au mieux la relance économique nationale.

L’année 2021 s’annonce porteuse de bien des challenges pour le tissu entrepreneurial ; et notre rôle en tant que partie prenante de l’écosystème du financement serait tout naturellement d’apporter les ressources nécessaires aux TPME pour y faire face et les surmonter à travers, notamment, la panoplie de solutions que nous continuerons de mettre à leur disposition.

Les besoins de financement des entreprises s’annoncent énormes pour cette année, comment la CCG pourra-t-elle faire face au volume important des crédits bancaires nécessitant la garantie de l’Etat ?

Il est vrai que de toute son histoire, jamais la CCG n’a été autant sollicitée que durant l’année 2020, crise sanitaire et économique obligent. 2021, année de la relance, s’annonce effectivement assez riche en termes de besoins de financement des TPME.

Pour répondre à votre question, je tiens d’abord à noter que nous avons connu une cadence très intense qui a résulté en une progression remarquable durant la dernière décennie. Nous sommes passés de moins de 1.000 entreprises financées à près de 25.000 entreprises financées entre les années 2010 et 2019, et d’un volume de 1,5 milliards de dirhams à une vingtaine de milliards à fin 2019. Cette ascension a été rendue possible grâce notamment à la modernisation de tout le système de l’institution, spécialement la revue de toute la chaine de valeur de l’institution.

Nous avons réussi, au fil des années, à bâtir des relations solides de confiance avec nos partenaires bancaires et à acquérir la solidité nécessaire pour faire face à la forte demande. Aujourd’hui, c’est grâce à ce processus de modernisation et à la mobilisation de nos équipes et de l’ensemble des acteurs de l’écosystème que nous comptons gérer cette importante montée en charge.

Quels sont les nouveaux instruments de financement et d’investissement que la CCG cherche à mobiliser ?

Pour cette année 2021, le mot d’ordre est la relance. Il faut remettre la machine en marche et renforcer les opportunités. Et pour ce faire, nous devons penser à l’investissement comme issue principale et anticiper, de ce fait, les solutions de financement adaptées à cette nouvelle conjoncture et qui répondraient parfaitement aux besoins des TPME. C’est en fait l’ADN même de la CCG qui s’inscrit dans cette optique de proactivité. Nous avons réussi, au fil des années, à mettre à la disposition des TPME une panoplie de solutions de garantie et de financement sur mesure qui accompagne tous leurs projets de création, d’exploitation, d’investissement ou même de restructuration financière. En outre, lors de la crise sanitaire Covid-19, les mécanismes de soutien aux entreprises impactées «Damane Oxygène» et «Relance» ont été déployés en des temps record afin de permettre à ces entreprises de survivre malgré l’arrêt quasi-total de l’activité.

Aujourd’hui, nous sommes face à une conjoncture tellement incertaine qu’il nous est fondamental d’anticiper et de s’adapter aux différents scénarii de la relance. L’idée étant de continuer à accompagner les entreprises à travers des produits adaptés aux besoins jusqu’à ce qu’on dépasse cette zone de turbulences.

Qu’en est-il du processus de transformation de la CCG en société anonyme ?

Le changement de statut de la CCG en société anonyme a d’ores et déjà été acté en vertu de la loi 36.20 publiée au Bulletin Officiel. Il faut dire que cette transformation est venue à point nommé pour nous permettre d’élargir notre champ d’intervention qui correspondra davantage à nos attributions actuelles et futures.

En fait, ce passage en SA nous permettra non seulement d’avoir une gouvernance plus normée et alignée sur les meilleures pratiques, mais également un cadre prudentiel plus spécifique au vu de la particularité de l’institution. Nous sommes un instrument de l’Etat dont la mission principale est la facilitation de l’accès au financement en faveur des entreprises et des particuliers.

Dénommée «Société Nationale de Garantie et du Financement de l’Entreprise», nous avons désormais pour mission d’accompagner, avec efficience, les stratégies et politiques publiques en matière de facilitation de l’accès au financement, aussi bien en faveur des entreprises privées que publiques, et de toute autre catégorie désignée par l’Etat.

Entretien réalisé par Nadia Benyouref

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