Confinement prolongé : Les grands oubliés dans cette crise ce sont nos enfants

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Les enfants, grands oubliés de la crise du coronavirus? Plusieurs parents casablancais – approchés par Le Reporter- ont fait part de leurs inquiétudes quant aux effets du confinement prolongé sur la santé mentale et physique de leurs enfants. L’alerte a également été donnée par la société marocaine de pédiatrie.

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L’annonce a fini d’achever le moral de plusieurs parents marocains. Leurs enfants resteront encore confinés jusqu’au 10 juillet. Pour lutter contre la transmission du virus de Covid-19, le gouvernent a décidé de prolonger – pour un mois supplémentaire- l’état d’urgence sanitaire, avec le maintien des mesures de confinement, bien que progressivement allégées. Mais la nouvelle a profondément déçu beaucoup de Marocains, notamment dans les zones concernées par cette décision.
Quelle réaction des parents à Casablanca? Les traces que le confinement pourraient laisser sur nos enfants pourront être très importantes. L’alerte a été donnée par de nombreuses familles casablancaises. Le Reporter a interrogé, début de cette semaine, plusieurs parents qui se disent en effet préoccupés par les conséquences de ce confinement prolongé sur la santé de leurs enfants.
«Au nom de la lutte contre le virus de Covid-19, le gouvernement demande aux Marocains de poursuivre leurs efforts. Mais les grands oubliés dans cette crise ce sont nos enfants qui demeurent privés de sortie depuis plus de trois mois», souligne à Casablanca Khadija, une mère de famille. “Nous vivons dans un petit appartement. Cela fait plus de trois mois que mes enfants sont enfermés à la maison, et ne peuvent pas sortir à cause du confinement”, dit cette jeune maman de 37 ans. Celle-ci, qui habite dans le quartier de Derb El Kébir, dit avoir observé les effets du confinement sur ses enfants depuis déjà les premières semaines de ce confinement. “ Les enfants ne voient plus leurs amis depuis plus de trois mois. Ils ne comprennent pas la situation malgré mes explications. Le manque d’espace dans notre appartement, et puis l’ennui et le fait de ne pas pouvoir jouer à l’extérieur avec leurs camarades, tout cela peut créer un stress important chez l’enfant. D’ailleurs, même nous, adultes, on est aujourd’hui à bout”, précise cette maman, qui confie avoir été violentée par son mari plusieurs fois durant cette période de confinement.

Des signes inquiétants…

Psychologiquement, c’est très dur, assure Mina, une autre maman à Casablanca. Elle affirme avoir observé des signes très inquiétants chez ses enfants. “Mon enfant de 5 ans est arrivé à une étape grave. Depuis deux semaines, il fait des cauchemars la nuit et n’arrive pas à comprendre pourquoi il doit rester enfermé à la maison», lance cette jeune maman. Elle affirme qu’elle a aussi constaté une perte des repères temporels chez ses deux autres enfants qui se couchent tard et se lèvent tard.
Si le confinement est plus facile à vivre
pour une famille dans une maison avec
jardin, il est très difficile à accepter dans
certains quartiers où les logements sont très petits et dont la configuration n’est pas du tout adéquate pour accueillir une famille nombreuse, insiste Abdellah, un autre Casablancais, qui habite à Hay Mohammadi.
Depuis la mise en vigueur de l’état d’ur-
gence sanitaire, le 20 mars, Abdellah, un
serveur dans un café, a arrêté de travailler. “Je viens de reprendre mon travail. Notre situation financière est vraiment difficile. Je n’ai bénéficié d’aucune aide. Mais ce
qui m’inquiète le plus, c’est surtout mes enfants. Déjà depuis la deuxième semaine du confinement, ils ont commencé à présenter des signes de détresse psychologique et de violence”, témoigne ce casablancais, père de sept enfants.
Alors que nous pensions vivre ce mercredi 10 juin notre dernier jour confinés 24h/24 dans notre appartement de 49 m2, on a été choqué d’apprendre que le confinement sera encore prolongé de 30 jours, jusqu’au 10 juillet, regrette-t-il. “Notre chef de gouvernement n’a pas pris en compte les besoins de nos enfants pour jouer et sortir s’aérer dans des espaces verts, même une fois par semaine. J’ai peur que la santé mentale de mes enfants soit impactée par ce confinement”, craint ce Casablancais
de 49 ans.

Des pédiatres mettent en garde

C’est une crainte également exprimée par plusieurs médecins pédiatres marocains, qui assurent que beaucoup d’enfants vont avoir besoin d’être aidés après le de-con-
finement». Après trois mois de confinement en raison de la pandémie de Covid-19, un retour progressif à la vie pour les enfants était nécessaire, estiment des pédiatres sur les réseaux sociaux. Alors que les Marocains entament leur quatrième mois de confinement, ces professionnels de la pédiatrie montent au créneau et mettent en garde contre les conséquences de ce confinement prolongé sur la santé psychologique des enfants, laquelle, disent-ils, sera mise à rude épreuve. “Déjà une perception négative des choses et une baisse de plaisir au quotidien” peuvent être observées chez certains enfants dès la première quinzaine du confinement, expliquent des professionnels de la santé. “Il est intolérable de poursuivre le confinement et l’isolement social de nos enfants”, critiquent des pédiatres sur leur page Facebook. Nous les exposons, poursuivent-ils, à des conséquences préjudiciables à leur développement affectif et cognitif. Il faut absolument que les enfants puissent sortir de leur domicile, avec le respect des mesures barrière, ont plaidé ces mêmes pédiatres, qui craignent un stress post-traumatique et des troubles du comportement chez les enfants après le de-confinement.
Un constat partagé par la société maro-
caine de Pédiatrie, qui tire aussi la sonnette d’alarme. En effet, dans une lettre adressée au ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, l’association appelle à prendre rapidement des mesures d’assouplissement nécessaires du de-confinement afin que les enfants puissent sortir de leur domicile.
“Comme le confinement va être prolongé dans certaines régions du Maroc, je voudrais attirer votre attention sur son effet dévastateur sur l’enfant, comme le confirment de nombreuses études. En effet, l’impact psychologique et le traumatisme qui en découlent doivent être pris en compte, d’autant plus que l’enfant n’est ni vecteur ni contaminant”, souligne Hassan Afilal, président de la société marocaine de pédiatrie.■

N.C

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