Algérie: Gaïd Salah est mort, le régime s’accroche

La dépouille d’Ahmed Gaïd Salah était exposée, le 25 décembre, au Palais du Peuple à Alger.
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Puissant Chef d’état-major de l’armée, le Général Ahmed Gaïd Salah qui a dirigé de fait l’Algérie après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, est décédé lundi 23 décembre 2019 d’une crise cardiaque, quatre jours seulement après l’investiture du nouveau président de la République.

Comme un signe prémonitoire, la dernière apparition publique de Gaïd Salah remontait au 19 décembre 2019, lors de la cérémonie d’investiture de Abdelmajid Tebboune, «élu» le 12 décembre à l’issu d’un scrutin que ce militaire de 79 ans, avait imposé contre la volonté du peuple algérien.  A la cérémonie d’investiture de Tebboune,  tous les hauts gradés de l’armée étaient présents. A cette occasion, Gaïd Salah et le président algérien par intérim Abdelkader Bensalah, ont été tous deux décorés de la médaille de l’Ordre national de mérite, distinction réservée généralement aux Chefs d’Etats.

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L’Etat, c’était lui…

Ahmed Gaïd Salah a prouvé à différentes occasions qu’il était le véritable homme fort, celui qui tirait réellement les ficelles du pouvoir en Algérie.  Après avoir contraint Abdelaziz Bouteflika à la démission en avril 2019, il a ensuite monopolisé la parole politique. Visage du haut commandement militaire, pilier d’un régime caractérisé par son opacité, le Général Gaïd Salah a durant plus de 10 mois, imposé la marche à suivre au gouvernement, et tour à tour admonesté et mis en garde les manifestants.

Né le 13 janvier 1940, engagé à l’âge de 17 ans au sein de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah était l’une des dernières figures de l’armée des anciens combattants de la Guerre d’indépendance. Un passé dont les dirigeants algériens ont longtemps tiré leur soi-disant légitimité. A ce jour, Abdelmajid Tebboune, est le seul à avoir dérogé à cette règle, dans la mesure où il n’a jamais servi dans les rangs des anciens combattants de la guerre d’indépendance algérienne.

Non, tout n’est pas fini!

Suite au décès de Gaïd Salah, la présidence algérienne a annoncé que le Général Saïd Chengriha, commandant des Forces terrestres, a été chargé d’assurer l’intérim comme Chef d’état-major de l’armée.  Agé de 74 ans, Chengriha avait été nommé à la tête des forces terrestres en septembre 2018 par le général Gaïd Salah, lors d’un vaste remaniement dans la haute hiérarchie militaire et sécuritaire.  En réalité, Gaïd Salah et Saïd Chengriha ont des profils similaires. Dans ce contexte, il est difficile de savoir si le décès soudain du Chef d’état-major de l’armée algérienne aura une quelconque influence sur l’installation au pouvoir et la marge de manoeuvre du nouveau président de la République. Réputé proche de Gaïd Salah, Abdelmajid Tebboune tentera par tous les moyens de marquer son territoire et préserver l’image de l’institution militaire qui a, de tout temps, fait et défait les présidents en Algérie.

On précisera enfin que la disparition de Gaïd Salah est de nature à réjouir ses adversaires à savoir, Saïd Bouteflika, les Généraux Ahmed Tartag dit Bachir et Mohamed Mediene dit Toufik, ainsi que les deux anciens premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Pour rappel, Gaïd Salah a eu le soin et pris un malin plaisir à les écrouer tous,  à l’issue d’un déluge de procès marathoniens.

Après plus de dix mois de colère populaire sans issue, la mort subite de Gaïd Salah et l’installation d’un «nouveau» président, il y a bien lieu de se demander où va l’Algérie? Nul ne le sait vraiment, tout comme personne ne peut dire, même avec peu de certitude de quoi sera faite l’année 2020 dans un pays qui se déchire.

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