Les syndicats marocains descendent dans la rue le 1er mai pour défendre les droits des travailleurs. Mais cette année, il s’agit d’une Fête du travail un peu spéciale, et qui sort de l’ordinaire.
Confinement oblige et à défaut de pouvoir organiser les traditionnels défilés, marches et discours en plein air, les responsables syndicalistes représentant les centrales syndicales les plus représentatives au Maroc, se sont tournés vers le virtuel. Sans doute, une manière de combler l’absence réelle sur le terrain, nouveau Coronavirus (Covid-19) oblige.
Covid-19 oblige
Le Covid-19 a impacté tous les domaines et changé notre façon de travailler. Habitués à rassembler leurs troupes sur les principales places et avenues, notamment celles de Casablanca et Rabat, les leaders des centrales syndicales marocaines les plus représentatives se sont contentés cette année de prononcer leurs traditionnels discours derrière leurs écrans d’ordinateurs, retransmis via les canaux de communication modernes (Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp).
Syndicalisme virtuel
Au Maroc, cinq syndicats sont considérés comme les plus représentatifs. Il s’agit de l’Union Marocaine du Travail (UMT), la Confédération Démocratique du Travail (CDT), l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM), et la Fédération Démocratique du Travail (FDT). Chacun de ces syndicats se considère comme étant le plus habilité à parler et négocier avec le gouvernement au nom des travailleurs. Leurs revendications annoncées sont presque identiques. Pour eux, l’objectif final consiste à garantir les meilleures conditions professionnelles aux citoyens.
Revendications pressantes
Cette année, c’est le syndicalisme virtuel qui a eu le dessus sur toutes les autres formes traditionnelles auxquelles les Marocains se sont habitués, chaque 1er mai, à l’occasion de la célébration de la Fête du Travail. Dans ce contexte inédit au Maroc et dans le monde, la direction de l’Union Marocaine du Travail (UMT) a affirmé sur la page Facebook de l’UMT que les revendications de la classe ouvrière marocaine restent inchangées et qu’en ces temps de confinement, le gouvernement à travers le ministère de l’Emploi et de l’Insertion Professionnelle (Mohamed Amekraz), doit accorder une attention particulière aux salariés et ouvriers menacés ou déjà touchés par le chômage partiel. «La classe ouvrière marocaine célèbre cette année la fête du travail dans une conjoncture exceptionnelle marquée par l’état d’urgence sanitaire, imposé par la pandémie du Covid-19. Afin de préserver cet acquis historique ainsi que les traditions de notre organisation, l’UMT décide la célébration de ce 1er mai 2020 dans la solidarité pour dépasser la crise- Tous chez nous mais tous solidaires et unis-, et innove un mode de célébration à travers les sites web et les pages officielles de ses différentes structures professionnelles et géographiques, sur les réseaux sociaux», indique l’UMT.
De son côté, la CDT a également décidé de célébrer le 1er mai 2020 sur internet, Coronavirus et état d’urgence sanitaire obligent. Dans un appel adressé à ses militants sur Facebook, la CDT que dirige Abdelkader Zaer, a invité les adhérents à cette centrale syndicale et l’ensemble des Marocains, à poursuivre l’engagement pour la reconstruction d’un système social respectueux des droits des travailleurs. D’ailleurs, la CDT a choisi de fêter cette année la Fête du travail sous le signe de la «poursuite de l’engagement pour la reconstruction de l’Etat social afin de faire face aux crises et chocs futurs». Il s’agit, en outre, pour la CDT, de renforcer les législations sociales ainsi que l’institutionnalisation du dialogue tripartite entre le gouvernement, les syndicats et le patronat. Même son de cloche du côté de l’UGTM et de la FDT qui appellent en plus, à la mise en place d’un nouveau modèle de développement basé sur une économie solidaire qui encouragerait les entreprises citoyennes, tout en créant des opportunités d’emploi décent pour les Marocains désireux de contribuer à l’édification du Maroc de demain.
La Pomme de discorde
Il y a de cela quelques semaines, le Chef de gouvernement Saâdeddine El Othmani s’est réuni avec les représentants des 4 centrales syndicales les plus représentatifs (UMT, UGTM, CDT, FDT). Lors de cette réunion, les syndicalistes ont évoqué la question de l’avancement des fonctionnaires après la décision gouvernementale de suspendre jusqu’à nouvel ordre, les promotions dans la fonction publique. Dans ce sens, le chef de gouvernement a expliqué qu’il s’agit d’un report de l’effet financier de ces avancements en attendant de dépasser cette conjoncture, tout en préservant les droits acquis des fonctionnaires.
La polémique de trop !
La célébration de la Fête du travail au Maroc intervient cette année sur fonds de polémique liée à la décision du gouvernement de prélever à la source, des salaires des fonctionnaires, des sommes d’argent en guise de contributions au Fonds spécial de lutte contre les effets du nouveau Coronavirus (Covid-19). Un courrier du chef de gouvernement avait annoncé que les fonctionnaires et les agents de l’Etat et des collectivités territoriales, ainsi que les employés des établissements publics contribueront audit Fonds, à hauteur de trois jours de salaire étalés sur trois mois, soit le salaire d’une journée de travail prélevée des mois d’avril, mai et juin. Plusieurs syndicats étaient montés au créneau pour critiquer cette décision. Ce qui a poussé le ministre du travail et de la réinsertion professionnelle, Mohamed Amekraz, a affirmé que les cotisations des fonctionnaires dans le Fonds spécial Covid-19 ne sont pas obligatoires mais volontaires.
Le projet de loi qui se fait attendre
Dans le cadre des libertés syndicales, le projet de loi organique 97-15 régissant le droit de grève, fait également partie des dossiers qui agitent le plus les syndicats. Le ministère de l’Emploi a cherché en février 2020, à créer un terrain favorable pour déboucher sur un texte consensuel, ne butant pas sur un nouveau blocage au sein de l’hémicycle. Le ministre de l’Emploi, Mohammed Amekraz, ambitionne de réintroduire le texte dans le circuit législatif devant la commission des secteurs sociaux, qui avait échoué à l’examiner sous l’ancien ministre de l’Emploi Mohamed Yatim. En tout cas, les syndicats tiennent absolument à ce que la loi organique que le droit de grève voit enfin le jour Maroc.
Le ministre de l’Emploi rassure
Dans une allocution prononcée la veille du 1er mai 2020, le ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Amekraz, a indiqué que la protection sociale constitue l’un des chantiers nationaux dans lesquels le Maroc est résolument engagé, compte tenu de ses dimensions sociale et de développement, en particulier à la lumière des mutations rapides que connaît le monde, soit avant la propagation du coronavirus, durant la crise sanitaire ou après l’épidémie. Amekraz a précisé que l’amélioration des conditions socio-professionnelles des travailleurs marocains est une priorité gouvernementale.
La fête du Travail, jour férié de très nombreux pays dans le monde n’a donné lieu cette année à aucun rassemblement traditionnel. C’est sans précédent dans l’histoire des syndicats au Maroc et à l’étranger. En dépit de la situation actuelle qui secoue le Maroc et le monde, les attentes et aspirations de la classe ouvrière et des travailleurs au niveau mondial restent inchangés, sinon plus pressantes en raison du contexte de crise sanitaire, économique et sociale qui secoue le monde à cause du nouveau Coronavirus (Covid-19).
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