Tunisie: Saied plébiscité par un vote contesté

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La régression illibérale semble interminable en Tunisie, vertigineuse rechute pour le journal français Le Monde dans l’autocratie pulvérisant les acquis de sa transition démocratique post-2011.

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Le scrutin présidentiel prévu dimanche 6 octobre marque une nouvelle étape dans la fuite en avant du président Kaïs Saïed, candidat à sa réélection, vers la consolidation d’un pouvoir personnel ne s’embarrassant même plus des formes.

D’après les résultats de l’institut Sigma Conseil diffusés à la télévision nationale, Kaïs Saïed a obtenu 89,2 % des suffrages dès le premier tour, écrasant le deuxième candidat, Ayachi Zammel, 47 ans, un industriel libéral qui n’a obtenu que 6,9 % des voix. Le troisième, un député de la gauche panarabe Zouhair Maghzaoui, 59 ans, s’est adjugé 3,9 % des suffrages. Seuls Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui –des seconds couteaux selon les experts– avaient été autorisés à affronter Kaïs Saïed, 66 ans, sur initialement 17 postulants, écartés par l’Isie pour des irrégularités présumées. L’opposition, dont les figures de proue sont en prison, et les ONG tunisiennes et étrangères ont critiqué un scrutin «faussé en faveur de M. Saïed». La légitimité de l’élection est forcément entachée quand les candidats qui pouvaient faire de l’ombre à M. Saïed ont été systématiquement écartés, a commenté pour l’AFP l’analyste politique tunisien Hatem Nautile.

Le processus de sélection des candidatures avait été très contesté pour le nombre élevé de parrainages exigé, l’emprisonnement de candidats potentiels connus, et l’éviction par l’Isie des rivaux les plus solides du président, dont Mondher Zenaidi, un ancien ministre de Ben Ali.

Pour l’expert français du Maghreb, Pierre Vermeren, même si avec une abstention aussi forte, «la légitimité démocratique» de l’élection est «faible», «la Tunisie a un président et la majorité des Tunisiens laissent faire». Il a noté des analogies avec l’Algérie voisine, «où personne ne remet en cause le président» Abdelmadjid Tebboune.

Après l’annonce des sondages, environ 400 partisans du président sont sortis fêter sa victoire, brandissant des drapeaux devant le théâtre municipal au centre de Tunis, en scandant «le Peuple veut Kaïs de nouveau». Selon l’analyste Hatem Nafti, cette nouvelle victoire électorale peut annoncer un durcissement ultérieur du pouvoir à l’égard des voix critiques car Kaïs Saïed pourra «faire valoir son sacre pour justifier la répression».

Prenant la parole dimanche soir dans son quartier général de campagne, Kaïs Saïed a dit, sur un ton martial, vouloir «poursuivre la Révolution de 2011» et bâtir «un pays nettoyé des corrompus et des complots». «La Tunisie restera libre et indépendante et n’acceptera jamais l’ingérence étrangère», a-t-il ajouté.

Patrice Zehr 

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