Dépistage Covid : Le ras le bol des riverains des laboratoires d’analyses médicales !

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Décidément, les laboratoires privés effectuant des tests Covid n’en finissent pas de faire des vagues… Et des mécontents !

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Après l’annonce, il y a quelques jours, de la mise en place des nouveaux tarifs des tests Covid-19 –décision prise après la grosse polémique sur les prix exorbitants pratiqués par ces établissements- le Réseau marocain pour la défense du droit à la santé est monté au créneau et demande à l’Etat de revoir à la baisse les tarifs appliqués par les laboratoires d’analyses médicales.

Le président du Réseau, Ali Lotfi déclare à Le Reporter que «même avec cette nouvelle tarification, les prix restent exagérés, notamment pour les familles pauvres». Et de poursuivre «Le prix des tests rapides, par exemple, est presque le même: 600 dirhams au lieu de 700 dirhams, soit la différence de 100 dirhams. C’est rien !». Il poursuit: «Le virus touche parfois tous les membres d’une même famille, se faire dépister revient très cher. Pour faire un test rapide, il faut débourser 2400 dirhams pour une famille de quatre personnes. Sachant que toutes ces dépenses ne sont pas remboursées»,

Ali Lotfi regrette que l’augmentation des cas d’infection pousse les gens à se faire dépister en grand nombre. Pour lui, l’Etat se doit d’intervenir pour diminuer les tarifs des tests, voire même permettre un accès plus rapide et gratuit au dépistage à des personnes présentant des symptômes, mais n’ayant pas de moyens. Car, dit-il, «à ces prix-là, ces derniers ne vont pas se faire dépister. Ce qui pourrait réduire à néant tous les efforts déployés par l’Etat pour limiter la progression de la pandémie, selon cet associatif, qui dénonce «les gains énormes» des laboratoires étant donné qu’ils connaissent une grande affluence.

Files interminables, personnel fatigué, distanciation sociale non respectée… 

Mais les laboratoires privés effectuant les tests Covid sont dans le collimateur en raison également du non respect du cahier des charges, comme nous l’a d’ailleurs confirmé le président du Réseau. Celui-ci a alerté sur la saturation de ces établissements et a décrit des «files d’attentes interminables, une distanciation sociale non respectée, un personnel fatigué, etc.». «On voit des gens s’entasser devant des laboratoires pour attendre leur tour afin de se faire dépister, ou pour recevoir les résultats de leur prélèvement. Il faut dire qu’il n’y a aucun respect de la distanciation sociale, certaines personnes ne portent pas de masque, etc. C’est grave, si ces gens sont porteurs du virus, on prend des risques énormes. Car ces patients peuvent faire propager la maladie devant ces établissements qui connaissent une grande affluence en ces temps de Coronavirus», prévient Ali Lotfi. «On veut faire remonter ces remarques au ministère de la santé qui autorise ces établissements à effectuer les tests Covid-19, mais, hélas, ne les contrôle pas», s’inquiète le président. Avant de conclure: «Ces laboratoires doivent respecter des normes et se plier aux cahiers des charges, créer des espaces nécessaires pour garder la distanciation sociale et éviter la propagation de la maladie devant ces établissements, c’est là le rôle du ministère».

Ces laboratoires ont-ils de quoi s’inquiéter ?

Aujourd’hui, on compte une centaine de laboratoires d’analyses médicales autorisés dans tout le pays sur la base du cahier des charges établi par le ministère de Santé qui éclaircit les exigences pour l’exécution des tests Covid-19. Ces établissements ont dû aménager des espaces spécifiques, après autorisation des autorités locales, pour l’accueil des patients, avance une source au ministère.

Depuis plusieurs mois, les laboratoires enchaînent les prélèvements. Et ceux qui viennent se faire tester n’ont pas tous des symptômes. «Trop, c’est trop». «On n’arrête pas. On a presque multiplié notre activité par deux. Le personnel est épuisé», confie un biologiste qui travaille dans un laboratoire privé à Casablanca. Un pourcentage très important de tests vient du privé, assure notre biologiste.
Mais est-ce que ces laboratoires sont tous aux normes? Ont-ils de quoi s’inquiéter ? Sont-ils régulièrement contrôlés? Ces questions méritent en tout cas d’être posées, au vu des nombreuses critiques formulées contre ces établissements.

Riverains en colère…

«Je suis arrivé très tôt ce matin. Je ne suis toujours pas passé… Avec cette foule qui attend devant le labo, ça va prendre tellement de temps», s’impatientait une jeune femme. Nous l’avons rencontrée, le 23 aout dernier, devant un laboratoire d’analyses médicales situé dans la zone dite Al Manssour dans le quartier populaire de Sidi Bernoussi à Casablanca. Elle attendait son tour pour se faire dépister et avoir une attestation sur laquelle figurera le résultat du test. «J’ai besoin de ce document pour mon voyage à l’étranger. Je n’ai pas de symptômes, mais avec tout ce monde qui attend pour se faire dépister, on risque d’être contaminé. Car certaines personnes ne portent pas de bavette et la distanciation sociale n’est pas respectée!», s’inquiétait-elle.
Ici, tous les matins, c’est le même rituel. Les files d’attente s’allongent devant ce laboratoire qui, depuis plusieurs mois, effectue les tests Covid-19.

Voyage à l’étranger, doute d’infection, toutes les raisons sont bonnes pour se faire dépister. Les tests PCR sont de plus en plus réclamés. Le laboratoire est surchargé de demandes et a recruté du personnel supplémentaire pour prendre en charge les dépistages Covid-19. Plus d’une centaine de personnes y viennent quotidiennement pour savoir si elles sont contaminées par le virus de Covid-19.

Mais l’activité de ce laboratoire ne plait pas à tout le monde. En particulier les riverains. Le succès croissant de cet établissement entraîne des problèmes de cohabitation avec le voisinage. En tout cas, plusieurs riverains de ce laboratoire –qui est une simple maison de près de 70 m2- sont en colère depuis qu’ils ont découvert, il y plus de quatre mois, que le laboratoire allait commencer sa nouvelle activité de dépistage Covid-19.

«On veut que ça s’arrête», lâche un habitant, non sans colère. «Ce qui nous agace le plus, c’est que  beaucoup de personnes s’entassent devant nos portes. On ne peut pas éviter de se toucher et nous avons très peur, Car ne savons pas si nous avons rencontré une personne testée positive», témoigne un autre habitant. «Mais ça n’intéresse visiblement pas les responsables de ce laboratoire –ni d’ailleurs les autorités- que les habitants subissent les nuisances qui se propagent ici depuis plusieurs mois !», regrette cet homme. «Des patients utilisent les lieux en guise de toilettes publiques. On retrouve des bouteilles, des mouchoirs sales», détaillait un riverain, non sans exacerbation.  Pour faire entendre leur voix, certains riverains ont souligné qu’ils comptaient se plaindre aux autorités, et d’autres voulaient directement appeler les responsables du ministère de la Santé.

Evacuation des «déchets»

Au cœur du mécontentement des riverains figure également l’évacuation des déchets générés par les dépistages Covid ! Les riverains se disent aussi inquiets et soutiennent que les clauses du cahier des charges concernant l’évacuation de ces déchets ne seraient pas respectées par ce laboratoire. «Les déchets sont évacués une fois par semaine (tout les mardis). Je ne pense pas que les ouvriers de la société en charge de cette opération sont conscients de l’importance de travailler avec vigilance pendant l’évacuation des déchets de ce laboratoire.  Ces déchets sont d’ailleurs posés devant les riverains avant d’être transportés à bord d’un camion», rapportent les riverains. Avant de conclure: « Le sujet nous inquiète et il est nécessaire de procéder à des contrôles inopinés par les services concernés».

Pour la gestion des déchets, il est recommandé d’éliminer les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) et les déchets biologiques (écouvillon, tube d’extraction, cassette) produits lors de la réalisation dépistages. Au Maroc, conformément à la loi 28-00 sur la gestion de ces déchets et leur élimination, un producteur de déchets dangereux doit obligatoirement gérer le traitement et l’élimination de ses déchets. Ces déchets sont confiés, par des appels d’offres,  à des sociétés privées spécialisées qui se chargent de la collecte puis du traitement de ces déchets. Pour les laboratoires et même pour certains CHU, alerte le Président du Réseau marocain pour la défense du droit à la santé, Ali Lotfi, «il existe malheureusement des cas où ces déchets dangereux sont encore éliminés comme de simples déchets ménagers !».

Au regard de la flambée du nombre de cas de Covid-19, il est constaté une augmentation des quantités de déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) produites au sein de Laboratoires d’analyses médicales effectuant des tests Covid. Une surproduction qui fait craindre une tension dans ce domaine.

Naîma Cherii

 

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