Écoles privées-Parents d’élèves : Kherrati : «Les plaintes sont de plus en plus nombreuses»

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Entretien avec Bouazza Kherrati, Président de la Fédération marocaine des droits du consommateur

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Le Reporter : Le litige qui oppose les
écoles privées aux parents d’élèves ris-
que de s’exacerber encore plus. Qu’en
pensez-vous à la Fédération ?

Oui. Les plaintes sont en effet de plus
en plus nombreuses. Nous en rece-
vons chaque jour à la Fédération. Elles
pointent toutes les écoles privées dans
différentes régions du pays. Rien que
pour aujourd’hui (lundi 8 juin), on a reçu
les parents d’élèves d’une institution
française à Kenitra. Quelque 113 parents
d’élèves ont signé une pétition contre
les abus de cette institution. A noter que
depuis l’arrêt des activités scolaires, la
Fédération a posé -de manière générale-
la problématique des établissements
scolaires privés, dont la prolifération a
été encouragée par le gouvernement au
détriment du secteur public.

Les consommateurs que sont “les
parents d’élèves sont-ils protégés par
la loi?

Au Maroc, pour qu’un produit soit mis
sur le marché, il faut qu’il soit contrôlé
par une institution adéquate. Ainsi,
pour les produits alimentaires, il s’agit
de l’ONSSA. Pour les autres produits,
c’est un autre établissement. Mais pour
l’enseignement, le produit que sont en
fait les cadres -hommes et femmes
de demain- on les forme sans aucune in-
stitution de contrôle. Malheureusement,
le ministère de l’éducation nationale,
qui est pourtant le ministère de tutelle,
n’intervient pas dans le secteur privé.
Le lobby des écoles privées a trouvé un
terrain favorable pour se développer et
s’épanouir aux dépens des consomma-
teurs que sont les parents d’élèves. Au
départ, ils prennent les élèves en otage,
et ensuite, ils commencent à exploiter
les parents. D’ailleurs, les frais d’en-
registrement de scolarité, ou encore
les augmentations annuelles contre des
services ne sont même pas formulés dans un contrat entre les parents d’élèves et l’institution.
La loi 06-00 ne stipule pas qu’en tant
que père, lorsque je veux inscrire mon
enfant dans une institution privée, je
dois d’abord signer un contrat avec cet
établissement pour savoir quels sont ses devoirs. Il n’y a donc pas de contrat entre les deux parties. Ce qui veut dire que c’est
le plus fort qui l’emporte sur le plus
faible. Or les plus faibles, ici, ce sont les
parents d’élèves et les plus forts ce sont
les établissements privés.
Enfin, je dois dire que la crise de Covid
-19 nous a montré le vrai visage de ce
lobby d’écoles privées, lequel demande
à être payé pour des services non rendus. Et ça, c’est en contradiction avec la loi
31-08.

Comment ėvaluez-vous l’enseigne-
ment à distance assuré par ces étab-
lissements durant ce confinement?

D’abord, je dois souligner que le contrat
moral qui lie les parents aux institutions
privées prévoit que les élèves doivent
bénéficier d’une formation au sein de
l’institution en question. En plus des
cours pédagogiques, les écoles doivent
aussi assurer d’autres services (sport,
activités culturelles,…). Or maintenant,
ces institutions se limitent à donner des
cours et peut être aussi des exercices par voie internet. Sachant que ce sont les
parents qui paient l’internet et encadrent
leurs enfants. Ce ne sont pas ces étab-
lissements qui le font. Autrement dit, ces derniers n’ont pas respecté le contrat moral qui les lie aux parents d’élèves. Il est donc tout à fait normal que ces derniers ne
veuillent pas payer la totalité des frais de
scolarité.

Propos recueillis par N.Cherii

 

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