Il avait été lancé en février 2020 et stoppé net par Covid un mois plus tard. Avec la reprise de l’activité économique qui se poursuivrait cette année, le système bancaire est appelé à contribuer activement à la relance du programme Intelaka. Certaines banques s’y mettent déjà.
Après un ralentissement fort et rapide à compter du mois de mars 2020, le programme Intelaka est en train d’être remis sur les rails. L’urgence est de mise. Le contexte socio-économique marqué par un repli de la croissance et une montée de la pauvreté appelle plus que jamais à la mobilisation de toutes les parties prenantes pour la relance de ce programme intégré d’appui et de financement des entreprises mis en place, il y a près d’une année, en exécution des Hautes orientations royales. Certaines banques ont déjà annoncé la couleur. C’est le cas notamment de
Bank OF Africa (BOA) qui vient d’annoncer son alliance avec la Fédération des Chambres de Commerce, de l’Industrie et de Services du Maroc pour la relance de ce programme qui consiste en l’accompagnement des porteurs de projets, commerçants et TPE en mettant à leur disposition des solutions adaptées à leurs besoins. «Au-delà de ces solutions, ce partenariat porte également sur les services non financiers assurés par les signataires à savoir la Formation, le Mentorat et le Networking», a souligné BOA qui prévoit le lancement d’un premier Club de l’Entreprenariat avec la Chambre de Commerce et la tenue d’une première conférence conjointe durant l’année courante. «Aujourd’hui, Bank of Africa est la seule institution bancaire à proposer des solutions aussi riches et intégrées tout en ayant un impact certain. Les entrepreneurs ayant suivi les formations ODE ont, pour 60% d’entre eux, vu un développement de leur activité», a tenu à préciser BOA. Le groupe Banque centrale populaire (BCP) n’est pas en reste. Son PDG, Mohamed Karim Mounir, l’a bien confirmé il y a quelques jours, dans le cadre de la conférence de présentation des résultats annuels 2020. «Nous sommes en train de repositionner la Fondation Création d’entreprises pour être en phase avec Intelaka». Ceci est annonciateur d’une nouvelle dynamique pour ce programme, qui rappelons-le s’adresse à toutes les catégories d’entreprises se trouvant pendant les phases de création et de démarrage les plus difficiles à savoir les 5 premières années.
12.500 entreprises financées
La BCP, dont la part de marché en matière de distribution des crédits Intelaka se situe à 25% en 2020, opte aussi pour une approche de proximité avec la clientèle ciblée par ce programme. Pour ce faire, elle s’est lancée, au niveau des régions, dans un processus de partenariat avec les principaux acteurs tels les CRI, l’OFPPT et l’Anapec. Ceci dans la mesure où le programme Intelaka repose avant tout sur un partenariat public-privé qui a été mis en place entre l’État, le secteur bancaire et les autres acteurs pour installer une dynamique commune en faveur de ces entreprises ayant besoin d’être accompagnées durant l’ensemble des phases du projet, depuis le cadrage de l’idée de projet jusqu’à l’aide au montage du dossier de financement, en passant par des formations autour de l’entrepreneuriat, l’aide au montage du business plan et l’assistance aux démarches de création d’entreprises. Pour sa part le Crédit agricole du Maroc, qui s’est attelé aussi à atteindre les objectifs socioéconomiques de la stratégie « Génération Green », poursuit son action en faveur de l’entreprenariat des jeunes dans le monde rural. Il s’agit particulièrement d’Al Moustatmir Al Qaraoui combinant aussi incitations de l’Etat et crédit bancaire. D’ailleurs, l’année dernière a été clôturée avec plus de 15.085 crédits bancaires garantis à travers les produits « Damane Intelak » et « Intelak Al Moustatmir Al Qaraoui », pour un nombre total d’entreprises financées de près de 12.500. Dans ce total, le groupe Attijariwafa bank a financé 6.500 jeunes et porteurs de projet pour un montant de 1,25 milliard de dirhams, ce qui correspond à 46% du total des crédits accordés par le secteur bancaire. Majoritairement destinés à l’investissement, les crédits garantis ont principalement profité aux secteurs du commerce et de la distribution (25%), de l’agriculture (14%), de l’industrie (13%) et des services (13%). Le milieu rural représente 20% du nombre de crédits bancaires garantis, si l’on prend en compte aussi le produit «Start-TPE» qui a porté le volume des crédits à près de 2,8 MMDH à travers plus de 15.085 opérations de garantie. Le nombre d’emplois à pourvoir est estimé à près de 39.000, ce qui témoigne d’une réelle dynamique en création et ce, en dépit d’une conjoncture économique particulièrement difficile. D’où l’importance de la relance de ce mécanisme qui a connu les premières semaines de son lancement un bel élan, qui s’est, malheureusement, estompé à cause de la pandémie.
La distribution des financements à fluidifier
Le secteur bancaire est d’ailleurs appelé à fluidifier davantage la distribution des financements pour une meilleure contribution à la redynamisation de ce programme qui a enregistré en 2020 un taux de rejet des dossiers de financement d’environ 20%. Les principaux motifs de rejets déclarés par les banques sont en lien avec le niveau d’endettement élevé du promoteur, le contentieux et historique défavorable auprès des confrères, la viabilité, la qualité et la rentabilité du projet insuffisantes et le manque significatif d’expertise du promoteur dans le cadre de projets qui exigent une technicité spécifique. En plus du refus des clients de justifier leur demande par des factures, et décalage très important entre le montant demandé et la réalité du projet de l’entreprise. Du coup, l’accompagnement des porteurs de projets notamment en matière de formation et d’appui technique est plus nécessaire. Et ce dans un contexte de reprise de l’activité économique qui devrait se poursuivre cette année selon Bank al-Maghrib. Cette reprise serait soutenue notamment par le plan de relance de 120 milliards de dirhams, l’orientation accommodante de la politique monétaire et un certain regain de confiance au regard de l’avancement de la campagne de vaccination et des conditions climatiques favorables qui caractérisent l’actuelle saison agricole. Une tendance qui serait favorable à la création d’emplois après une année 2020 qui a enregistré une perte de 432.000 emplois, avec un recul du taux d’activité de 45,8% à 44,8% et un taux de chômage qui s’est aggravé à 11,9% globalement et à 15,8% en milieu urbain.
Nadia Benyouref