Les commentateurs politiques américains ont emprunté à leurs confrères des sports l’expression «The Big Mo».
Le «Big Moment», explique Le Point c’est lorsque les sondages enregistrent soudain une dynamique décisive en faveur d’un candidat et que son rival comprend que les jeux sont faits, qu’il a perdu. Comme Reagan face à Carter en 1980. Or, cette année, la campagne électorale américaine s’enlise. Le «Big Mo» ne vient pas. Non seulement les deux candidats sont au coude-à-coude, mais ils donnent l’impression de faire du surplace, écrit Daniel Henninger dans le Wall Street Journal. À entendre certains commentateurs américains, le ciel serait tombé sur la tête des démocrates cette semaine. En cause ? Une série de sondages décevants pour leur candidate Kamala Harris face à Donald Trump. Il y a d’abord une étude d’opinion très commentée de NBC News, parue dimanche 13 octobre et réalisée entre le 4 et le 8 octobre, qui place les deux prétendants à la Maison Blanche à 48 % d’intentions de vote chacun. Le mois dernier, le même sondage donnait cinq points d’avance à la vice-présidente.
Le 9 octobre, un précédent sondage de l’institut Quinnipiac avait fait du bruit en plaçant Donald Trump en tête de trois points dans le Michigan (Kamala Harris menait en septembre chez ce sondeur) et de deux points dans le Wisconsin (les deux candidats étaient auparavant au coude-à-coude). Des chiffres inhabituels qui ont joué sur la moyenne des agrégateurs de sondages les plus consultés.
Dans la moyenne pondérée concoctée par le sondeur Nate Silver dans sa newsletter, Donald Trump obtient ainsi de maigres gains (moins d’un point de pourcentage) au niveau national et dans la plupart des États-clés par rapport à la semaine dernière. Pour autant, Kamala Harris reste devant au niveau national, en courte tête en Pennsylvanie, dans le Michigan et dans le Wisconsin, tandis que Donald Trump domine légèrement en Géorgie, en Caroline du Nord et (un peu plus) en Arizona.
Pour le média de gauche The Nation, «la campagne Harris doit corriger le tir». Kamala Harris répéterait les erreurs de Hillary Clinton en 2016 en allant chercher le soutien de républicains modérés plutôt qu’en se concentrant sur l’électorat populaire: «Harris a passé les dernières semaines de sa campagne à tenter de rallier les républicains anti-Trump, au détriment de la promotion de son propre agenda économique populiste et de la défense du droit à l’avortement», peut-on lire.
Pour certains analystes, le danger viendrait plus précisément du vote des minorités masculines, notamment les hommes noirs et latinos, dont une partie délaisserait le camp démocrate au profit de Donald Trump, comme l’a illustré un sondage New York Times/Siena College ce week-end. Les déclarations de Barack Obama à ce sujet cette semaine, lors d’un déplacement en soutien à Kamala Harris à Pittsburgh, en Pennsylvanie, ont renforcé cet argument. «Vous avancez toutes sortes de raisons et d’excuses», a-t-il lancé à ses «frères» afro-américains hésitant à rallier la démocrate. «Cela me pose un problème. Cela me fait penser que vous n’aimez pas l’idée d’avoir une femme à la présidence».
- Zehr