Casablanca : Frénésie de travaux à la veille des élections

PH. Soufiane Benkhadra
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A quelques semaines des élections, les commentaires sur les travaux qui se multiplient actuellement dans toute la ville de Casablanca ne manquent pas. Ces travaux ont entraîné pas mal de perturbations et la circulation en est affectée. Certains y voient un coup de pouce des élus à leur campagne électorale qui approche à grand pas.

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Les engins de chantiers s’activent sur plusieurs sites de la ville de Casablanca. Des travaux de revêtement qui bloquent les rues, on en compte des centaines en cours à l’initiative des arrondissements ou de la mairie. L’été ne sera pas de tout repos pour les Casablancais. Pas un quartier n’échappe en effet à cette frénésie des travaux. De quoi rendre encore plus difficile la circulation dans une ville où automobilistes et cyclistes sont pris quotidiennement dans les embouteillages. Il faut dire que la circulation y est devenue si chaotique qu’il faut des heures pour effectuer ses trajets. La situation a empiré depuis le lancement des derniers travaux, il y a plus de deux mois.

Certains Casablancais –rencontrés cette semaine- s’interrogent sur ce calendrier qui leur semble calqué sur l’agenda électoral. «Les élections approchent», ironisaient plusieurs d’entre eux. Dans certains quartiers, disent-ils, le besoin d’entretien est considérable. «Les infrastructures sont vieillissantes et se dégradent, pourtant aucun investissement n’y est fait». Mais dans d’autres zones, déplorent-ils, les gens sont dans les trous et la poussière, à cause des travaux qui ne sont d’ailleurs pas indispensables.

«Des chantiers pour un petit rond-point… Sans respect des normes de sécurité et sans signalisation de chantier. Du bricolage c’est tout !», commente un Casablancais. «Des dépenses inutiles pour un revêtement inapproprié, un carrelage glissant ou encore des travaux non justifiés pour remplacer «un revêtement encore neuf»,…», lance un autre Casablancais, non sans colère.

Des travaux comme ceux de voiries ou de revêtement sont particulièrement sensibles car ils peuvent impacter l’activité des commerçants, comme nous l’a d’ailleurs confirmé, cette semaine, l’un d’entre eux. «Ces travaux peuvent entrainer une baisse de 30 à 50% de chiffre d’affaire pour les commerçants surtout s’ils stagnent», précise notre commerçant dans l’arrondissement de Sidi Bernoussi, lequel connait en ce moment une profusion de travaux.

Qu’en disent les élus au bureau du Conseil de la ville de Casablanca ? «On essaie de finaliser les projets engagés par le bureau du Conseil à son arrivée, comme les grandes places, la voirie, etc», explique  une source au bureau. Et d’ajouter: «C’est tout à fait normal. Cela arrive dans les grandes métropoles du monde. Si pour certains projets il y a quelques retards, c’est à cause de problèmes techniques ou de finition», se défend notre élu, ajoutant que certains ont été ralentis par manque de budget.

Les chantiers de dernières minutes !

Ces travaux sont-ils indispensables ? Et pourquoi lancer beaucoup de travaux en cette période électorale ? Il faut dire que les commentaires sur les travaux qui se multiplient dans toute la ville ne manquent pas. La principale explication à cette hausse des travaux est liée à la fin de mandat de l’équipe sortante, et donc à l’achèvement des travaux lancés six ans plus tôt, explique un observateur de la gestion locale. «Le bureau actuel est en train d’accélérer les travaux à la fin de son mandat. Alors qu’il avait six ans pour honorer les engagements pris en début de son mandat», souligne notre observateur. Celui-ci met en garde contre le timing de ces nombreux chantiers de dernières minutes et estime qu’il y a un vrai risque de sanction dans les urnes.

Autre risque, l’accumulation des commandes publiques des communes ou de la mairie sur une courte période -à deux mois des élections- augmente le risque de «travaux mal effectués», analyse ce même observateur.  «Si les élus veulent avoir de la qualité et de meilleurs prix pour les travaux à réaliser, ils doivent parfaire leurs commandes sur du moyen et long terme dès le début du mandat», recommande-t-il. Un conseil pas toujours réalisable avec les échéances électorales.

Alors que des sources au bureau du Conseil soutiennent que le bilan de l’équipe sortante est positif, des élus de l’opposition ne mâchent pas leurs mots. La ville blanche n’a pas encore pu augmenter sa superficie d’espaces verts, confirment-ils. Ils évoquent par ailleurs les exemples de projets n’ayant pas pu aboutir durant ce mandat, comme celui du nouveau marché de gros de volailles. «Les habitants de Hay Mohammadi, où se trouve actuellement le marché de gros, ne peuvent plus supporter les odeurs nauséabondes qui s’en dégagent. Cet espace devait normalement être converti en terrains de sport de proximité. Mais rien n’a été fait dans ce cadre», précise-t-on.

Scruter de près les travaux récemment lancés, leur priorité et coût …

Sur les projets qui ont été finalisés durant ce mandat, nos sources affirment que les rares réalisations positives sont à mettre au crédit de la société de développement local (SDL) Casa Aménagement. Car, explique-t-on, «la majorité PJD qui dirige la ville a transféré ses prérogatives à cette SDL qui ne dépend pas du maire puisqu’elle est présidée par le Wali de la région de Casablanca-Settat ».

Ceci dit, malgré les grands  budgets d’investissement du Conseil qui sont mis entre les mains de Casa aménagement, certains projets emblématiques, comme le zoo de Casablanca ou encore le grand théâtre, peinent toujours à être inaugurés. Qui en est responsable ? «La ville et la SDL Casa Aménagement se renvoient la balle. Car le transfert des prérogatives de la mairie à cette SDL a créé une véritable déresponsabilisation», soutiennent nos élus de l’opposition qui espèrent que les électeurs prendront conscience de la situation cédée par la majorité sortante lors du prochain scrutin communal.

L’accélération des travaux en cette période pourrait-elle permettre de rattraper les retards dans la finalisation des projets bloqués ? «Le rythme devait normalement ralentir mais depuis près de deux mois, l’activité a augmenté de manière bien importante. A quelques semaines de la fin de son mandat, la majorité PJD qui dirige le Conseil de la ville de Casablanca se réveille donc et multiplie les chantiers dans plusieurs quartiers. Il y a eu des dépenses pour des travaux non prioritaires et ne concernant pas de nouveaux gros chantiers dont plusieurs ne pourront pas aboutir en cette courte période», précise notre observateur, qui conclut: «Le département de l’intérieur doit intervenir et scruter de près les travaux récemment lancés, leur priorité et coût».

Naîma Cherii

 

 

 

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