Placement de l’épargne : L’obligataire l’emporte sur les dépôts classiques

- Publicité -

Avec la baisse des taux d’intérêts créditeurs qui perdure, les épargnants boudent de plus en plus les dépôts bancaires classiques et jettent leur dévolu sur le marché obligataire offrant plus de rendement avec une sécurité garantie. C’est ce qui ressort des résultats du secteur bancaire pour l’exercice 2020.

- Publicité -

La publication par les banques des résultats de l’année 2020 révèle, en effet, un intérêt moins prononcé pour les produits d’épargne classiques notamment les dépôts à terme. Déjà dans son dernier tableau de bord du système bancaire, Bank Al-Maghrib a levé le voile, en matière de structure des dépôts, sur une prédominance des comptes à vue créditeurs qui représentent 64,6% suivis des dépôts à terme (17%) et des comptes d’épargne (15,6%). Les objectifs et les stratégies de placement ont-ils changé ? Certes, les épargnants s’ouvrent de plus en plus sur de nouveaux supports de placements, mais cette tendance s’explique essentiellement par la baisse du rendement que procurent les dépôts à terme et les comptes sur carnets. Un repli qui revient à la réduction du taux directeur se situant actuellement à 1,5% après deux baisses successives de 25 points de base (PBS) et de 50 PBS respectivement en mars et juin 2020. D’ailleurs, au quatrième trimestre de 2020, les taux créditeurs auraient poursuivi leur repli. Les taux moyens pondérés des dépôts à 6 et à 12 mois auraient baissé de 39 et 36 points de base respectivement, en comparaison avec leur niveau une année auparavant. Un trend maintenu en janvier 2021 où les taux de rémunération des dépôts à terme ont perdu 3 PBS à 2,48% pour ceux à 6 mois et de 10 PBS pour ceux à 1 an. Idem pour le taux maximum de rémunération des comptes sur carnet fixé pour le premier semestre à 1,27% en retrait de 47 PBS par rapport à son niveau au deuxième semestre 2020.

OPCVM OMLT : Une performance de +4,06% en 2020

Devant une telle situation, les produits bancaires classiques perdent encore de leur attractivité en faveur d’autres produits de placements notamment les OPCVM dont l’actif sous gestion s’est renforcé, entre 2019 et 2020, de 11,18% à 523,19 milliards de dirhams (MMDH). En 2020, la collecte s’est élevée à 40 MMDH, dominée par les OPCVM Obligataires MLT et Monétaires, à hauteur respectivement de 18,17 MMDH et 11,42 MMDH. Les OPCVM OMLT ont terminé l’année 2020 avec la plus forte performance (+4,06%), suivis des OPCVM OCT (+2,89%), des OPCVM Monétaire (+2,11) et des OPCVM diversifiés (+1,01%). En revanche, les OPCVM Actions ont accusé la plus basse avec -4,42%.
Il apparait ainsi que ce sont les OPCVM obligataires qui volent de plus en plus la vedette. Un attrait qui s’est renforcé avec la baisse des taux d’intérêts qui a marqué 2020, année où les besoins de financement du Trésor sur le marché intérieur étaient moins importants que les années précédentes.  D’ailleurs, au quatrième trimestre 2020, même si le financement net du Trésor sur le marché des adjudications avait augmenté, les taux auraient continué à diminuer sur ce marché. C’est ainsi que les taux d’intérêt à 1 an, 5 ans et 10 ans auraient reculé, en moyennes et en variations annuelles, de 48, 26 et 20 points de base, respectivement. A rappeler que les taux des bons du Trésor se sont orientés timidement à la hausse au cours du mois d’août, après avoir été en baisse à fin juillet 2020 suite à la baisse du taux directeur de Bank Al Maghrib. Ils ont connu par la suite une légère stabilisation au cours du mois de septembre. Pour le premier trimestre de l’année en cours, la tendance baissière des taux obligataires primaires devrait continuer, étant donnée la poursuite du recours modéré du Trésor au marché intérieur. «Tenant compte d’une situation confortable des finances publiques en ce début d’année 2021, nous écartons le scénario d’une hausse des taux obligataires primaires au cours du mois de mars», estiment les analystes d’Attijari Global Research (AGR).

Quel scénario pour 2021 ?

Tout dépendra de l’évolution de la pandémie, du déficit budgétaire, de la dette publique et des orientations de la politique monétaire. D’ailleurs, par rapport à ce dernier point, la direction Insight de CDG Capital considère, dans un rapport publié il y a quelques jours sur «les finances publiques à l’épreuve de la crise covid-19: Analyses et perspectives», que le cadre monétaire devrait rester «globalement stable» en 2021 et ce, en dépit du creusement prévu du déficit de liquidité. Elle estime aussi que Bank Al-Maghrib pourrait, toutefois, décider de baisser encore le taux directeur. Le déficit budgétaire devrait s’atténuer légèrement en 2021 allégeant le besoin de financement du Trésor, prévoit CDG Capital Insight, ajoutant que ce dernier pourrait, cependant, changer en liaison avec ses deux autres piliers déterminants (Banque du Trésor et collectivités territoriales) et leur comportement. En ce qui concerne la courbe des taux, le scénario le plus probable (à cadre monétaire stable), selon  CDG Capital Insight, est une stabilité avec des évolutions ponctuelles faibles au cours de l’année compte tenu du comportement cyclique des besoins du Trésor.
Ce scénario serait très profitable aux OPCVM obligataires qui devraient attirer davantage d’épargnants au détriment des produits bancaires classiques.  Même l’assurance vie, qui constitue un refuge pour un grand nombre d’épargnants, est pénalisée par la baisse des taux. D’ailleurs, certains assureurs, comme c’est le cas pour Wafa Assurance, pour s’adapter à ce nouvel environnement, ont lancé des produits d’épargne libellés en unités de compte où les sommes versées par les clients sont investies dans des supports OPCVM. Ces produits, qui permettent un investissement multisupport, avec une dose de risque adaptée au profil de l’épargnant, ont le vent en poupe. Déjà en 2019, les placements affectés aux contrats en unités de compte ont grimpé de 174,6% à 811 MDH pour l’ensemble du marché. C’est dire que c’est un gisement de taille pour les compagnies d’assurance qui arrivent à le proposer à leurs clients. Le réseau de la commercialisation fait la différence.

Nadia Benyouref

- Publicité -

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here