Relance économique : Mohamed Boubouh : «Nous devons nous positionner sur le marché mondial du textile-habillement d’ici fin décembre»

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Entretien avec Mohamed Boubouh, Président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH)

Le Reporter: Le déconfinement industriel a commencé il y a quelques jours. Comment se présente aujourd’hui la situation pour le secteur du textile-habillement? Le redémarrage sera-t-il facile pour les textiliens?

Je suis convaincu qu’il y a de nouvelles opportunités qui vont s’ouvrir pour le secteur textile-habillement marocain.Nous sommes conscients de la situation difficile que traversent les membres de l’Association, notamment avec cette crise mondiale.Mais nous sommes très optimistes pour se positionner dans le futur et avoir une bonne part de marché. Les entreprises textile-habillement au Maroc sortiront beaucoup plus renforcées qu’avant. D’autant que nos clients européens ont maintenant appris la leçon. Ils ont compris que les fournisseurs de proximité peuvent jouer un rôle très important dans le futur. Nous sommes d’ailleurs le mieux placé comme pays pour répondre aux besoins de ces donneurs d’ordre.

Avez-vous une visibilité pour la saison automne-hiver?

Nous sommes déjà dans la phase de préparation de la saison au¬tomne-hiver. Laquelle, aujourd’hui, n’est pas compromise. Car les donneurs d’ordre ont déjà placé leurs commandes au Maroc. D’ailleurs, nous avons des commandes pour la saison de l’automne hiver. Le groupe Inditex, par exemple, est ent rain d’envahir le marché marocain avec beaucoup de commandes. Je dois aussi dire qu’il y a une nouvelle opportunité qui vient de s’ouvrir au Maroc. En effet, beaucoup d’entreprises sont en train de faire des blouses, des charlottes en entissé pour tout ce qui est équipement médical. Il faut dire que nous sommes tellement étonnés, parce que nous avons des commandes fermes, des contrats jusqu’au mois de décembre.

Qu’en est-il des mesures mises en places sur l’aspect sécuritaire durant cette phase de redémarrage?

Qu’on le veuille ou pas, cette crise nous a prise au dépourvu. Mais nous sommes maintenant en train d’adapter toutes nos usines aux nouvelles normes hygiène-sécurité. Personne ne redémarre sans que les conditions hygiène-sécurité ne soient vraiment maîtrisées pour assurer la sécurité de l’ouvrier. Nous avons pris les mesures nécessaires pour démarrer selon les zones. Ainsi, la zone nord du pays a démarré avec 30% des effectifs. D’autres zones, par contre, démarrent avec un peu plus d’effectifs. C’est le cas notamment de Casablanca qui démarre à 40%. Nous n’avons pas repris avec l’ensemble de l’effectif pour maîtriser les espaces entre un ouvrier et un deuxième ouvrier. Nous essayons au maximum de respecter cinq mètres carrés d’espaces libres pour chaque ouvrier. Et à l’entrée de chaque usine, il y a un relevé de température pour chaque ouvrier avant qu’il n’entre dans l’entreprise. Sur le sol, il y a des plaques de désinfection pour désinfecter les chaussures avant de rentrer. A noter que chaque ouvrier est muni d’un gel alcoolique et doit absolument porter un masque fourni par l’entreprise. Parmi les mesures que nous avons également prises, c’est l’élimination à 100 % de tout ce qui est rassemblement du personnel des entreprises. Ainsi, il n’y a pas de pause pour manger, ni d’ouverture des salles de prière.

Quel plan de relance pour le post-coronavirus? Quelles ont été les actions menées par l’AMITH pour redémarrer après le confinement?

Nous avons établi un plan de relance que nous avons envoyé à la CGEM. La Confédération l’a déjà présenté aux pouvoirs publics qui l’ont d’ailleurs accepté. Pour relancer la machine, nous sommes en train de mener des actions avec tous nos clients partenaires. D’abord pour dire que nous sommes déjà prêts. Deuxièmement, pour dire que notre position géographique va permettre à nos clients, dorénavant, de travailler pour arriver aux soldes avec un minimum de stock. Nous avons aussi réalisé une vidéo que nous avons diffusée sur les réseaux sociaux de l’AMITH pour la marque Maroc.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que L’AMITH est actuellement en train de travailler, en étroite collaboration avec le ministère de l’industrie et du commerce, sur un plan de promotion du secteur textile-habillement. Et avec l’Agence marocaine pour le développement des entreprises (AMDE), l’Association est aussi en train de préparer un plan de promotion extérieur pour approcher des pays qui n’ont jamais travaillé au Maroc. Car plusieurs pays ont aujourd’hui tiré la conclusion qu’ils ne doivent jamais délaisser les fournisseurs de proximité. Il faut donc saisir l’occasion de l’après coronavirus pour se positionner sur le marché mondial du textile-habillement. Nous avons vraiment un rôle très important à jouer dans ce sens. Il faut saisir cette occasion d’ici fin décembre maximum. A noter que l’Europe a aussi compris que le Maroc peut être un fournisseur non seulement de masques mais également de tout ce qui est équipement médical (Blouses médicales, charlottes,…).

Plusieurs unités ont adapté leur activité aux besoins des marchés local et national en réorientant leur production vers les masques de protection, en ces temps de Coronavirus. A-t-on atteint les objectifs?

D’abord, je dois souligner que la fabrication des masques est un succès national.Cette orientation vers la production des masques de protection a été dictée par la conjoncture actuelle ainsi que par la volonté de s’associer aux efforts déployés au niveau national comme à l’échelon provincial visant à limiter Covid-19.Le secteur a parfaitement répondu à l’appel de Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, pour la fabrication des masques. Nous sommes d’ailleurs devenus une référence mondiale aussi bien dans le non tissé que dans le tissé.Aujourd’hui, on est arrivé à 26 millions de masques tissés. Ils sont tous destinés au marché interne. Sachant que beaucoup d’entreprises ont déjà exporté de manière massive des masques à l’étranger.Côté chiffres: Il y a 177 sociétés homologuées par IMANOR pour la fabrication des masques de protection. Il y a 34 entreprises de filature et de tissage qui sont aussi homologuées pour fabriquer des masques.

Propos recueillis par Naïma Cherii

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