Covid-19 : Des pêcheurs qui n’ont « pas le droit à l’aide »

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Depuis la mise en oeuvre de l’état d’urgence sanitaire au Maroc, près de 90% des bateaux de pêche restent cloués à quai – bien que l’activite de la pêche est autorisée durant le confinement-,  et les pêcheurs sont en difficulté à cause de la crise de Coronavirus. Le Reporter a interrogé des marins-pêcheurs de la pêche côtière au nord du pays.

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Ils sont contraints de ne pas travailler. En cause les risques sanitaires liés à la pandémie de Covid-19. C’est le cas de Adil Nejjari, un pêcheur au port de Mehdia. Il habite au village  bouafer dans la commune Iazen à Nador.

À bord d’un bateau de pêche côtier, il est impossible de respecter les consignes de distanciation, affirme Adil Nejjari.   » On n’est pas rassuré pour notre sécurité sanitaire. On travaille l’un à côté de l’autre, et il est vraiment difficile de mettre en place des mesures de barrière avec un équipage de 35 marins », insiste notre pêcheur, qui dit exercer ce métier depuis une vigntaine d’années.

Adil Nejjari n’est pas sorti en mer depuis la mise en oeuvre de l’état d’urgence sanitaire, prévu au 20 avril, pour limiter la propagation de l’épidémie.

Je ne pouvais pas prendre le risque de m’exposer au coronavirus, explique le pêcher Adil Nejjari, père de deux enfants.  » J’ai peur pour ma famille », dit-il.

« Les pêcheurs ne pouvaient pas continuer à travailler, la peur au ventre, en ces temps de Covid-19 », poursuit Adil Nejjari.

Les premiers jours du confinement, dit-il, ça a été moins difficle. « Car j’avais mis de côté un peu d’argent. Puis après, les choses commençaient à se compliquer », se désole le pêcheur, qui dit être en souffrance financière.

Il ajoute :  » Les marins pêcheurs ont subi la crise du Covid-19. La situation est difficile pour eux. Certains ne peuvent plus payer leur loyer. Ils ont droit à l’aide décidée par l’État aux salariés qui sont contraints de ne pas travailler en ces temps de Coronavirus ».

Pour avoir droit à cette aide, dit-il, il faut être déclaré par son employeur à la CNSS au titre du mois de février 2020. « Je suis déclaré à la caisse depuis maintenant une vingtaine d’années. J’ai atteint 5100 jours déclarés », soutient Adil Nejjari, qui affirme n’avoir pas bénéficié de l’aide.

Jamal Ben Ali, un autre pêcheur au port de Calairis,  à 50 km d’Al Hoceima, sans hésitation, affirme, lui aussi, qu’il n’en a pas bénéficié.

« Pour un pêcheur, ne pas travailler, c’est pas tenable » insiste Jamal Ben Ali.

Le marin, qui habite à Coubia, un village situé dans la commune rurale de Boufrah, poursuit :   » la décision de faire bénéficier les pêcheurs d’une aide en ces temps de crise, c’était un soulagement ».

Mais, dit-il, alors que les pêcheurs exerçant dans la pêche côtière se réjouissaient de cette aide et l’attendaient avec impatience, bon nombre d’entre eux ont découvert qu’ils n’ont « pas le droit à l’aide ».

Un coup dur pour les pêcheurs côtiers qui se voient exclus de cette initiative. Près de 90 % de ces pêcheurs n’ont pas pu profiter de cette aide, alors qu’ils sont tous déclarés à la CNSS en février, affirme Mustapha Chabak, président de l’association nationale des marins-pêcheurs au Maroc.

L’association compte envoyer incessamment une plainte aux ministres de l’intérieur et de la pêche et au Comité de veille économique au sujet de l’exclusion de ces pêcheurs côtiers, fait savoir notre interlocuteur.

« On est entrain d’établir une liste des pêcheurs qui n’ont pas été déclarés par leur employeur et qui n’ont donc pas bénéficié de l’aide alors qu’ils sont tous déclarés à la CNSS en février. D’ici lundi prochain, cette liste sera fin prête », précise-t-il.

Pourquoi ces pêcheurs n’ont « pas le droit à l’aide »? « Les armateurs ayant plusieurs bateaux n’ont pas déclaré tout leur pêcheurs qui sont en arrêt d’activité depuis le début du confinement, explique Mustapha chabak.

Ce dernier tient à préciser :  » Pour la pêche artisanale, il n’y a pas de problème. Puisque, chaque barque a un numéro d’affiliation à la caisse. Et le propriétaire déclare ses pêcheurs. Alors que pour la pêche côtière, un armateur peut avoir plusieurs bateaux dans un port, mais avec un seul numéro d’affiliation. Il ne déclare qu’un seul bateau ».

Pour Mustapha Chabak, une coordination entre les délégations de la pêche et la CNSS aurait pu éviter que bon nombre de pêcheurs soient exclus de l’aide décidée par l’État.

« Avec les VMS, l’administration peut facilement connaître les bateaux en activité et ceux qui sont en arrêt et ce depuis le début du confinement », conclut  le président de l’association nationale des marins-pêcheurs au Maroc.

Notons enfin que le comité de veille économique a décidé l’octroi d’une indemnité mensuelle nette de 2.000 DH, en plus du bénéfice des prestations relatives à l’assurance maladie obligatoire et aux allocations familiales, au profit des marins pêcheurs, des employés sous contrat insertion et des salariés en arrêt provisoire de travail, déclarés à la CNSS au titre du mois de février 2020, et relevant des entreprises en difficultés, affiliés à la CNSS, et ce, pendant la période allant du 15 mars au 30 juin 2020.

Naîma Cherii

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