ZLECA : A vos marques. Prêts? Attendez!

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En juillet 2020, l’Afrique sera-t-elle réellement sans frontières, sans barrières douanières et sans restrictions de circulation des personnes et des biens? Ainsi est l’ambition qui ressort de l’agenda 2063 de l’Union Africaine. Avec l’entrée du Nigeria, pays ouest-africain qui n’avait pas encore signé ce projet et qui vient de le parapher à Niamey, le projet est presque prêt. Les pays africains ont les pieds dans le starter-block, mais, il semble que le départ n’est pas pour sitôt! 

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Au terme du 12ème Sommet extraordinaire de l’Union africaine à Niamey, plusieurs instruments opérationnels de la ZLECA ont été officiellement lancés.
Projet phare de l’Agenda 2063 de l’UA, la ZLECA  devrait, en effet, faire de l’Afrique la plus grande zone commerciale du monde, en termes de nombre des pays membres.
En vertu de l’accord l’instituant, les pays signataires de la ZLECA s’engagent particulièrement à supprimer les droits sur 90% des biens et à éliminer les nombreux obstacles au niveau de 84.000 kilomètres de frontières africaines.
L’accord ouvre la voie à la constitution d’un marché unique de 1,2 milliard de consommateurs et pourrait annuellement accroître le commerce intra-africain de 52,3%.
Il faut rappeler que l’Afrique pèse pour seulement 4% dans le commerce mondial. Eventuellement, le commerce intra-africain atteindra les 25% à l’horizon 2023, alors qu’il est estimé entre 15% et 18% aujourd’hui.
Ainsi, selon les projections, la ZLECA permettra à l’Afrique de générer un PIB de plus de 3.000 milliards de dollars US et va contribuer à la création de 300.000 emplois directs et plus de 2 millions d’emplois indirects.
Quant aux objectifs, la ZLECA vise à renforcer la compétitivité de l’industrie et des entreprises africaines par l’exploitation des possibilités d’économie d’échelle.
Elle ambitionne de surmonter la dépendance à l’égard des exportations des produits primaires et promouvoir la transformation sociale et économique pour une croissance inclusive, une industrialisation et un développement durable, conformément à l’Agenda 2063. La zone entend également réaliser le potentiel de développement et accélérer la diversification sans cesse croissante et le dynamisme du commerce intra-africain.
Le processus de la ZLECA comporte deux phases, la première portant sur les négociations relatives au commerce des marchandises et au commerce des biens et services. L’accent sera mis aussi sur les règles et les procédures de règlement des différends. La deuxième phase des négociations concerne les investissements, la politique de la concurrence et la protection de la propriété intellectuelle.

 

La phase opérationnelle lancée, mais…

Cinq instruments opérationnels de la ZLECA viennent d’être officiellement lancés à Niamey. Les instruments lancés sont relatifs aux «règles d’origine», au «portail en ligne pour les offres tarifaires», à la «notification, au suivi et à l’élimination de barrières non tarifaires», au «système panafricain de paiement et de règlement numérique» et, enfin, à «l’Observatoire du commerce africain».
Cela pousse déjà à croire que les pays africains ont, désormais, une perception plus claire de la manière d’aller de l’avant dans la concrétisation de la ZLECA. Encore faut-il maintenir le rythme pour que cette zone de libre-échange puisse être un tournant décisif dans l’histoire du continent.
Bien que partielle, car plusieurs autres instruments restent à activer, l’opérationnalisation de la ZLECA marque un pas de géant pour un continent qui caresse le rêve d’un marché unique, depuis la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, en 1963.
Et le rêve est tout à fait légitime. En effet, avec cette zone de libre-échange, l’Afrique deviendra le plus grand bloc économique au monde en termes de nombre des pays membres. 

Ce nombre qui, bien qu’il soit en apparence un signe de force, représente en fait, une entrave, voire une faiblesse. Comme il ressort d’ailleurs du rapport de la Commission de l’Union africaine (UA) présenté à Niamey. Lequel rapport a souligné que les réalisations des Communautés économiques régionales (CER) en Afrique sont louables, mais les succès restent mitigés. Dressant l’état des lieux, les progrès et les goulots d’étranglement de l’intégration africaine régionale, le rapport a relevé que les huit communautés économiques régionales reconnues par l’UA doivent faire face à des défis de taille en termes de financement et de ressources humaines, de chevauchement des adhésions, de mise en œuvre «médiocre» de programmes et de projets d’intégration régionale clés.
La Commission de l’UA a aussi pointé du doigt le manque de concentration et d’alignement institutionnel, soulignant que les conflits persistants, l’insécurité et les goulots d’étranglement des infrastructures restent des obstacles majeurs à une intégration plus poussée.
S’agissant de la «Communauté des Etats sahélo-sahariens», le rapport indique que, depuis sa création, la CEN-SAD s’est employée à améliorer le climat de paix et de sécurité entre ses Etats membres. Elle possède une charte pour la paix et la stabilité, un protocole sur la prévention, la gestion et le règlement des conflits et une convention de coopération en matière de sécurité. Or, note la commission de l’UA, la CEN-SAD manque de fonds pour financer ses ambitieux programmes et projets d’intégration régionale.
Quant au «Marché commun de l’Afrique orientale et australe», le COMESA a créé une zone de libre-échange, supprimant les restrictions de change et les taxes sur les devises, éliminant les quotas d’importation et d’exportation et les obstacles et simplifiant les formalités douanières. Cependant, le COMESA est toujours confrontée à la dépendance des donateurs pour le financement de programmes d’intégration régionale clés, de réseaux d’infrastructures médiocres, d’une vulnérabilité macro-économique persistante, d’une coordination des politiques limitée et de contraintes en matière de ressources humaines.
Concernant «l’Union du Maghreb Arabe», la Commission de l’UA relève qu’elle a un grand potentiel et, en fonction des objectifs de son traité, a réalisé des progrès «louables», nuançant que cette région est, toutefois, confrontée à une coopération limitée entre les Etats membres.

Pour ce qui est de la Communauté de l’Afrique de l’Est, il s’agit de la CER la plus avancée ayant atteint un marché commun, les objectifs d’une union monétaire et, en définitive, d’une fédération politique. Mais les défis persistent. Par exemple, l’union douanière et le matché commun ne sont pas encore pleinement opérationnels. Aussi, cette CER doit-elle faire face à des défis importants en termes de capacité humaine et de financement de ses propres programmes.
S’agissant de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), ce groupement a renforcé l’intégration régionale, notamment l’intégration politique, à travers l’architecture de paix et de sécurité, l’intégration environnementale et la gestion des ressources naturelles par le biais d’un système de promotion de l’économie verte. Malgré le riche potentiel en ressources de la région, la coopération au sein de la CEEAC reste faible, en raison de procédures de douane et d’immigration restrictives, ainsi que de conflits persistants.
Quant à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), on relève que la mise en œuvre du protocole sur la libre circulation des personnes, des biens et des services a accru le commerce intra-régional. Pour autant, il y a des défis relatifs à l’insécurité et aux attaques terroristes, à l’harmonisation des politiques macro-économiques, à la médiocrité des réseaux d’infrastructures, au financement limité de l’intégration régionale et aux contraintes en matière de capacités humaines.
Du côté de la «Communauté de développement de l’Afrique australe» (SADC), cette région a obtenu le statut ZLE en 2008 et le commerce intra-régional a augmenté, pour représenter environ 22% du commerce total. Cette CER a adopté une approche de développement en matière d’intégration, axée sur la coopération sectorielle. A l’avenir, la SADC devrait résoudre le problème des adhésions multiples et redondantes, afin d’éviter la confusion, la concurrence et les doubles emplois. 

Cette Zone de libre-échange continentale africaine peut donc être un risque à prendre. La zone de libre-échange est une nouvelle volonté politique affichée par les chefs d’Etat africains. Des propositions de produits, surtout agroalimentaires, en phase avec les habitudes alimentaires et les pouvoirs d’achat des populations africaines, seront renforcées. De plus, cette ouverture des frontières facilitera une main-d’œuvre relativement qualifiée et encore moins chère. Les pays africains seront ainsi en compétition entre eux, pour développer la coopération Sud-Sud. Cette zone de libre-échange continentale va rendre les produits africains plus compétitifs…

H. Dades

 

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