Ça aura été une course effrénée vers l’organisation de ce Mondial 2026. Une course sans répit qui aura tenu en haleine toute une nation, dont le rêve est, depuis bien des années, de parvenir à accueillir cette manifestation footballistique planétaire, d’un pays pour qui c’est un projet d’envergure pour la réussite duquel il ne ménage aucun effort…
«Maroc 2026», la longue et hallucinante course, menée avec courage, ténacité et beaucoup de foi en la capacité du Maroc à être, l’espace d’un mois, la destination du monde entier et des fans de foot en particulier qui sont aussi nombreux… «Maroc 2026» et, en dépit des quatre précédentes tentatives manquées, revêtait un aspect autre; on y a cru et on y croyait de plus en plus au fur et à mesure que les tentatives d’élimination de cette candidature marocaine montraient le bout du nez… «Maroc 2026» ne baissait pas les bras et se montrait, à chaque tentative ratée, encore plus fort, marchant droit vers cet ultime objectif, cette date fatidique du 13 juin, quand l’organisation de la Coupe du Monde de football de 2026 devait enfin être attribuée… Un long chemin parcouru, malgré toutes les entraves, dont voici quelques unes des étapes les plus cruciales…
En janvier 2018, le Comité de candidature du Maroc à l’organisation de la Coupe du Monde 2026, présidé par Moulay Hafid Elalamy, annonçait, lors d’une conférence de presse, la candidature marocaine. En mars, ce même Comité déposa officiellement le dossier de candidature auprès de la FIFA. L’on apprendra par la suite que le Maroc est en concurrence avec un petit groupement nord-américain composé des Etats-Unis, du Canada et du Mexique.
Que la course commence!
Trois grands pays, certes, une puissance mondiale et une expérience footballistique et organisationnelle mais, pour sa cinquième campagne, le Maroc présente une candidature «au nom du continent africain»… Rappelant une précédente candidature qui avait pour slogan «Projet d’une nation, rêve d’une continent», mais avec une nuance cependant, cette fois: le projet, tout comme le rêve sont continentaux et c’est déjà, sauf grande surprise, un point fort et une bonne motivation pour se lancer dans cette course, quoi qu’il en soit…
Le président du Comité de candidature, Moulay Hafid Elalamy, avait alors déclaré que «#Maroc2026 sera une Coupe du monde réussie, respectueuse de l’environnement, avec un héritage fort pour le Maroc et l’Afrique»… L’Afrique, dont tous les Etats se devaient donc de soutenir et de supporter. Mais ce ne fut pas tout à fait le cas pour certains, bien qu’ils aient été parmi les premiers à annoncer leur soutiens de la candidature marocaine…
Le Comité de candidature a, pour sa part, opté pour une méthodologie opérationnelle. Il ne communiquait que très peu, mais agissait beaucoup, notamment en matière de promotion de la candidature via des ambassadeurs nationaux et internationaux (tous d’anciennes gloires sportives et surtout du monde du foot)… Là commençait l’angoisse, la vraie…
On apprendra que, compte tenu des spécificités de cette édition, 2026 devant se jouer avec 48 équipes (32 aujourd’hui), la FIFA avait décidé (à la dernière minute) de changer les règles du jeu et de revoir certains critères «primordiaux» dans l’acceptation ou non des dossiers de candidature et leur passage au vote final. Et la tension monte entre la FIFA et Rabat., Le Maroc estime que le processus n’est pas équitable et Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), interpelle sans détour Gianni Infantino, président de la FIFA, lui faisant part de ses «inquiétudes» et de «sa surprise» après la découverte des changements de dernière minute, relatifs aux critères d’évaluation des candidatures. Le système de notation a en effet été transmis par la FIFA au Maroc le 14 mars, soit moins de vingt-quatre heures avant le dépôt de sa candidature et quarante-huit heures avant la date butoir de la remise des dossiers…
On apprendra que neuf nouveaux critères ayant un impact négatif sur le «Bid book» ont été adoptés. Ceux-ci concernent l’hébergement (un minimum de chambres d’hôtel par ville en fonction de la taille du stade), les stades (la durabilité des infrastructures), le transport (une capacité aéroportuaire minimale de 60 millions de passagers par an), les villes hôtes (une taille minimale de 250.000 habitants) et les déplacements (une durée maximale d’une heure trente entre un aéroport et une ville hôte).
Déjà battu quatre fois, dont une injustement, dans les urnes, dans le cadre de l’attribution des éditions 1994, 1998, 2006 et 2010 du tournoi, le Maroc décide de réagir, fort de la solidité de son dossier et du soutien de la plupart des pays africains et musulmans, ainsi que de plusieurs nations européennes.
Tout ceci renforce, certes, la position marocaine, mais fait que le Maroc est considéré comme un adversaire sérieux par le trio nord-américain. Tellement sérieux que ça a appelé l’intervention du président Donald Trump qui ira jusqu’à menacer tout pays qui voterait pour le Maroc… Ce qui augmentera encore d’un cran les inquiétudes déjà enflammées par des rumeurs d’alliance entre le président de la FIFA, Giani Infantini et la candidature nord-américaine.
Un premier grand «Ouf»!
La présence de cette fameuse commission de la FIFA, nommée «Task Force», groupe de travail créé pour évaluer la recevabilité des deux candidatures pour le Mondial 2026, a été trop suivie, mais elle a aussi été entourée de beaucoup de mystère et de problèmes. Certains des membres de la «Task Force» donnaient, en effet, l’impression d’être venus au Maroc juste pour éliminer le dossier marocain… Des mécontentements, des changements de programmes, des visites inopinées à des stades ou des endroits non prévus, des questions sur des sujets qui ne relèvent pas du domaine sportif… Enfin, bref, il était clair que ces membres cherchaient la petite bête et faisaient tout pour détecter la moindre insuffisance pour disqualifier le Maroc… La note octroyée au bout de leur mission le montrait bien, mais elle laissait aussi comprendre qu’ils ne pouvaient vraiment pas faire autrement…
Sa mission terminée, la Task force est rentrée et devait délibérer. Commençait alors un nouvel épisode de craintes et d’angoisse, surtout que l’échéance d’annonce de l’hôte de l’édition de 2026 du Mondial approchait et que la Task force ne se prononçait toujours pas… Qui disait que la course était fini pour le Maroc et qui disait que le silence de la Task force sera rompu la veille de l’annonce du pays hôte, soit le 11 ou le 12 juin, pour ne pas laisser assez de temps au Maroc pour réagir ou saisir le Tribunal des Affaires sportives (TAS)… On se voyait déjà sur le banc de touche quand, à moins d’une dizaine de jours du vote, la Task force annonçait ses résultats et le Maroc passait au vote final… le 13 juin, à la veille du début de la Coupe du Monde 2018 à Moscou, face au trio. Un grand ouf était ainsi lancé, puisque cette décision écartait le scénario d’une élimination avant de livrer bataille, évoqué avec insistance et qui traduisait les inquiétudes des larges pouvoirs de la «Task force». Mais l’on a vécu un grand jour puisque, enfin, le Maroc a passé avec succès l’étape de la «Task force» et l’espoir pouvait ainsi «continuer». Et le meilleur restait «à venir».
«Le Maroc se positionne au niveau des grandes nations», s’est d’emblée félicité le président du Comité de candidature marocain, Moulay Hafid Elalamy. «Le Maroc fait maintenant partie des rares nations pouvant postuler et se conformer aux exigences du nouveau cahier des charges de la FIFA», s’est-il enorgueilli.
Pour sa part, Moncef Belkhayat, membre du Comité de candidature et ancien ministre des Sports a relevé: «Toute notre équipe va se mobiliser pour continuer le travail et remporter une victoire le 13 juin, à Moscou»…
La décision de la Task force prolongeait ainsi le rêve un peu brouillé par ce qui pouvait encore sortir du Conseil de la FIFA qui devait se réunir le 10 juin. Mais les yeux restaient rivés sur la date fatidique du 13 juin, le jour du baisser de rideau définitif sur la compétition entre les deux candidats à l’organisation du Mondial 2026…
Hamid Dades