Marchands ambulants-Affaire «Mellasse»… La famille met en cause le caïd et les gestionnaires des PCP

La mort tragique d’un vendeur ambulant à Sidi Bernoussi, après s’être immolé par le feu, continue de susciter une vague d’indignations au sein des marchands ambulants, dans ce quartier où plusieurs voix demandent l’ouverture d’une enquête sur les circonstances exactes ayant conduit ce jeune à se donner la mort.

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Le vendeur Isssam Mellasse, 31 ans, est décédé le 22 mars, à l’hôpital Ibn Rochd, quelques jours après s’être immolé par le feu, pour contester contre «la hogra» et «l’injustice», a déclaré au Reporter le père du défunt, Abdennabi Mellasse. Ce drame a eu lieu le 13 mars, dans l’Annexe administrative d’Al Azhar, relevant de la Préfecture des arrondissements de Sidi Bernoussi. Le jeune homme a été transporté au service des grands brûlés de cet hôpital où il a succombé à ses blessures.

Contacté par Le Reporter, vendredi 23 mars, le père de Issam, qui était encore sous le choc, a fait savoir qu’il avait adressé des lettres (Le Reporter en détient une copie) au ministre de la Justice, Mohamed Oujar, à celui de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit et au gouverneur de la Préfecture des arrondissements de Sidi Bernoussi, Nabil Kharroubi, demandant «l’ouverture d’une enquête administrative approfondie, pour connaître les circonstances exactes qui ont poussé Issam à se donner la mort et en punir les vrais responsables».

«La souffrance de mon fils a duré près de deux ans. C’est le sentiment d’injustice et de la hogra qui l’a poussé à prendre la décision de se donner la mort par immolation», s’est plaint le père du défunt. Pour lui, le geste désespéré de son fils met en cause le caïd de l’Annexe administrative d’Al Azhar et l’Association responsable de la gestion des PCP (Projets de commerce de proximité). «Avec la mise en place d’un nouveau PCP dans le quartier Al Azhar, Issam espérait en bénéficier. Cela fait plus d’un an et demi qu’il a d’ailleurs déposé une demande auprès de l’Association en charge de la gestion des PCP à Sidi Bernoussi, pour bénéficier d’un kiosque, dans le cadre de ce nouveau projet destiné au commerce de proximité», a précisé Abdenbi Mellasse. Mais le mardi 13 mars, poursuivait-il, Issam apprend que son nom ne figurait pas sur la liste des bénéficiaires. Pourquoi son nom ne figurait-il pas sur cette liste? Quelles étaient les raisons de son exclusion? Bref, plusieurs questions taraudaient l’esprit du jeune marchand ambulant. En colère, Issam tenait absolument à en savoir plus sur son exclusion. Il est ainsi allé voir les gens de ladite association. «Ce n’est pas l’association qui procède à la sélection des bénéficiaires, mais le caïd», lui a-t-on lancé à l’Association en charge de la gestion des PCP.

A l’Annexe administrative d’Al Azhar, il a reçu la même réponse en sens inverse. «C’est l’Association qui choisit les personnes bénéficiaires», lui a répondu le caïd. «Qui croire alors? Mon fils n’en pouvait plus avec l’injustice et la hogra. Il a patienté trop longtemps pour bénéficier d’un kiosque dans ce nouveau PCP, afin d’exercer son activité dans la légalité. Mais les gens de l’association, en charge de la gestion de ces PCP, en ont fait profiter d’autres qui n’exerçaient pourtant pas comme marchands ambulants», a souligné amèrement le père de Issam.

Après ce drame, toutes les questions restent posées, à propos du sujet des marchands ambulants, notamment dans l’arrondissement de Sidi Bernoussi où le sujet continue, en tout cas, de préoccuper. La tragédie de Issam Mellasse relance en effet le débat sur la situation précaire d’un certain nombre de marchands ambulants exclus des projets de commerce de proximité. Issam faisait partie de plusieurs autres vendeurs ambulants – à travers le pays- ayant succombé à leurs blessures, après avoir tenté de s’immoler par le feu, sur fond de protestation contre leur exclusion des nouveaux projets dédiés aux «ferracha», déplore-t-on à l’AMDH-Section de Sidi Bernoussi. «Nous présentons nos condoléances et exprimons notre compassion à la famille du martyr de la hogra, Issam Mellasse. Nous soutenons le père du défunt dans sa demande d’ouvrir une enquête sur les raisons qui ont conduit son fils à s’immoler», a souligné l’AMDH-Section de Sidi Bernoussi, dans un communiqué rendu public et parvenu à la rédaction. Dans ce communiqué, l’Association  déplore la gestion de ce dossier des marchands ambulants dans cet arrondissement, lequel dossier soulève beaucoup de questions qui restent en suspens. Les militants de l’AMDH expriment également leur entière solidarité avec les vendeurs ambulants, pour leur droit à des projets de marchés pilotes, afin d’exercer en toute légalité.

Si la colère des militants de l’AMDH est si forte, c’est que l’affaire est dramatique. A l’Union démocratique des commerçants et artisans (UDCA), on ne mâche pas ses mots. Son SG, Fouad Khattabi pointe du doigt certains représentants de l’autorité locale, ainsi que les gestionnaires des PCP. «A l’UDCA, nous sommes contre la démarche adoptée, dans le cadre de ces PCP, pour stopper la prolifération des commerçants ambulants. De plus, la manière dont sont gérés ces projets suscite plusieurs interrogations. C’est pourquoi, les marchands ambulants refusent d’y adhérer», explique le SG, Fouad Khattabi. Selon les statistiques de l’UDCA, qui compte près de 60.000 marchands ambulants à travers le Royaume, ce commerce informel était la seule source de revenu de 3.661 vendeurs ambulants, dont 800 ont été exclus définitivement de tous les projets dédiés à ces commerçants au niveau de la Préfecture des arrondissements de Sidi Bernoussi. Quelque 340 ont été recensés, mais n’ont encore bénéficié d’aucun projet destiné au commerce de proximité.

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