L’information fait le tour des professionnels. Pour la première fois au Maroc, le repos biologique de la pêche poulpière fait l’objet d’un projet de loi. Il y a un mois, une copie de ce projet a été remise aux quatre Chambres de pêches maritimes pour consultation.
La période de repos biologique, observée deux fois par an dans les pêcheries du poulpe, empêche-t-elle les braconniers de s’adonner à leur trafic illégal? Pas vraiment. Des voix professionnelles reconnaissent, en tout cas, que toutes les mesures arrêtées par le ministère de tutelle, qui visent la préservation des ressources, ne semblent pas assez dissuasives pour mettre un terme à l’activité illicite des trafiquants de poulpe. Le département de Aziz Akhannouch, qui en est conscient, a entamé, il y a quelques mois, une réflexion sur un projet portant sur l’encadrement et l’organisation de la pêche aux céphalopodes. La première version de ce projet (Le Reporter en détient copie), qui prévoit aussi des mesures sur les moyens utilisés dans cette activité, les types de bateaux et les zones de pêche, a été remise aux quatre Chambres de pêches maritimes, il y a un mois, pour consultation. Très vite, l’information a fait le tour des professionnels. Pour la première fois au Maroc, le repos biologique de la pêche poulpière fera l’objet d’une loi. Jusque là, pour protéger la ressource, le département de tutelle instaurait l’arrêt de l’activité de la pêche aux céphalopodes par un simple arrêté. Mais aujourd’hui, ce département veut aller plus loin en encadrant par une loi cette décision qui se prend, généralement, au début de chaque saison de pêche aux céphalopodes. La raison de cette décision? «Il y a un réel problème pour les délégués de pêche maritime. Il n’y a pas un texte juridique leur permettant de faire respecter -par la loi- le repos biologique. Une officialisation de cette période est donc nécessaire», explique Bouchta Aichane, Directeur de la pêche maritime et de l’aquaculture. Pour celui-ci, le projet est un grand pas en avant pour la protection de la ressource et la lutte contre la pêche illégale. «Par ce projet, nous voulons organiser l’activité de la pêche de poulpe et empêcher les trafiquants de poulpe de poursuivre leurs activités illégales dans l’impunité», dit-il. Pour le moment, seule la Chambre de pêches maritimes de la Méditerranée a déjà soumis ses propositions et ses suggestions concernant ce projet de loi, qui ne manquera pas de secouer les «lobbies » du poulpe de contrebande. «Nous avons livré notre réponse au ministère, il y a deux semaines. Nous estimons que, pour la zone de la Méditerranée, il doit y avoir une seule période de repos biologique de trois mois (juillet-août-septembre). L’expérience que nous avons dans cette zone nous permet de juger que cette période ne doit pas dépasser trois mois», déclare Youssef Benjelloun, président de la Chambre de pêches maritimes de la Méditerranée. Concernant la zone atlantique, poursuit-il, «nous allons prendre notre décision en concertation avec les autres Chambres». A la Chambre de pêches maritimes du nord, le sujet a été évoqué lors de sa dernière Assemblée générale, tenue il y a quelques jours à Casablanca. Lors de cette rencontre, les membres de cette Chambre ont lancé un premier débat sur ce projet. «Cette décision n’a pas encore fait l’objet de discussion et de consultation entre le ministère et les professionnels du secteur. Nous avons demandé au département de la pêche un délai de deux mois pour discuter, entre nous, le projet. Nous pensons que ce délai est nécessaire avant d’arriver à un accord sur cette décision très importante», déclare au Reporter le président de cette Chambre, Kamal Sabri, lequel fait savoir que les membres de cette instance professionnelle devront se réunir incessamment, en session exceptionnelle, pour examiner la décision du ministère.