Le roi du Maroc Mohammed VI a gracié samedi soir une partie des détenus du mouvement de contestation qui agite la région du Rif (nord), a indiqué le ministère de la Justice.
Peu avant un discours télévisé du monarque marquant le 18e anniversaire de son accession au trône, le ministère a précisé dans un communiqué que le souverain avait accordé des grâces à 1.178 détenus, dont certains sont membres du mouvement de contestation dans la ville d’Al-Hoceïma et ses environs.
Sans préciser le nombre de ces derniers, le ministère a fait savoir qu’il s’agissait de détenus qui « n’ont pas commis de crimes et qui ne sont pas impliqués dans des actes graves, (…) en considération de leurs conditions familiales et humaines ».
« C’est un pas positif mais insuffisant car nous demandons la libération de tous les détenus dans les évènements d’Al-Hoceïma », a dit à l’AFP Abdessadek Al-Bouchtaoui, avocat et membre du collectif de défense des détenus de ce mouvement.
Depuis la mort d’un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures fin octobre à Al-Hoceïma, des manifestations pacifiques pour le développement de cette région que ses habitants jugent marginalisée ont lieu régulièrement.
La relance par l’Etat d’un vaste plan d’investissements et de chantiers d’infrastructures -avec des visites répétées de cohortes de ministres – n’a pas suffi à désamorcer la colère.
Le mois de mai a été marqué par un net durcissement des autorités, avec l’arrestation de Nasser Zefzafi, leader du mouvement, et de ses principales figures.
Les heurts se sont multipliés, les policiers tentant tous les soirs d’empêcher ou de disperser les rassemblements de soutien à ces prisonniers.
Sous la pression, les manifestations ont cessé début juillet et la tension est retombée d’un cran avec le retrait des policiers de lieux publics emblématiques à Al-Hoceïma et Imzouren, une mesure décidée par le roi en signe d’apaisement, selon les autorités locales.
Le 20 juillet, les forces de l’ordre avaient violemment dispersé plusieurs rassemblements à Al-Hoceïma, empêchant la tenue d’une « grande manifestation » prévue de longue date mais interdite.
Depuis l’arrestation des leaders du mouvement de contestation, leur libération était devenue le leitmotiv des protestataires.
Selon un dernier bilan officiel, 176 personnes ont été placées en détention préventive. Cent-vingt étaient en cours de jugement, et des peines allant jusqu’à 20 mois de prison ont été déjà prononcées.
Par ailleurs, le souverain marocain a accordé des graces à des membres de la jeunesse du PJD, formation islamiste à la tête du gouvernement, condamnés à la prison ferme pour « apologie du terrorisme », d’après la même source.
(Avec Map)