Quelle suite donnera-t-on au rapport établi par la Cour des comptes sur la situation alarmante des abattoirs au Maroc? Depuis quelques jours, les polémiques suscitées par ce rapport inquiètent la profession.
Le rapport était au centre d’une réunion tenue, jeudi 13 juillet, au niveau de la Fédération Interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR). Son président ne mâche pas ses mots. « Le rapport de la Cour des comptes vient confirmer ce que la profession ne cesse de crier bien avant le premier contrat programme signé entre les professionnels et l’Etat marocain en 2009», a-t-il lancé. Ce contrat, dit-il, a prévu certaines actions dont notamment celles concernant le chainon des abattoirs et le transport des viandes rouges. « Le ministère de l’Intérieur n’a pas honoré ses engagements contractuels. Cependant, il faut souligner que derrière le ministère de l’Intérieur, il y a les collectivités locales, lesquelles ont, elles-aussi, failli à leur mission de contrôle », regrette le président. Après la diffusion du rapport accablant de la Cour des comptes, la donne pourrait –elle changer ? « Nous pensons qu’il y a aujourd’hui une volonté de quelques collectivités locales qui ont décidé de s’inscrire dans le respect de la loi sur la sécurité sanitaire. Ces collectivités, nous allons les accompagner comme c’est d’ailleurs prévu dans le cadre du Plan Maroc Vert », souligne Karimine. Celui-ci a annoncé que trois projets de nouveaux abattoirs seraient actuellement envisagés au niveau de deux provinces : Benslimane et Khenifra. « On a eu l’engagement des responsables de ces provinces de fermer tous les abattoirs non autorisés et les tueries clandestines. C’est encore en projet. On est entrain de voir avec ces deux provinces pour faire aboutir trois abattoirs. Deux abattoirs, qui vont être lancés incessamment à Beslimane, vont avoir le double de la capacité actuelle de tous les abattoirs dont dispose actuellement cette province (Zone Charade). Le troisième abattoir, quant à lui, va couvrir les besoins de l’abattage de Khenifra où des abattoirs ont été inaugurés en 2008, mais, malheureusement, à ce jour, ils n’ont été finalisé», déclare le président de la FIVIAR. Celui-ci n’a pas manqué de souligner que l’effort à déployer reste énorme, au vu de la situation inquiétante des abattoirs à travers le pays. Les chiffres révélés par la Cour des compte le confirme, d’ailleurs. Dans un rapport sur l’état de 70 abattoirs analysés entre 2007 et 2015, la Cour critique la gestion de ces lieux et révèle de nombreuses négligences concernant les normes sanitaires et d’hygiène. Près de la moitié des 550.000 tonnes de viandes rouges produites en 2016 n’ont pas été contrôlées (249.971 tonnes). Une part importante est produite directement via des circuits clandestins, selon le rapport. Notons enfin que les Unes des journaux ont déjà fait écho de la situation alarmante des abattoirs et « aucun responsable ne serait vraiment interpellé par l’état de ces lieux ». Les nombreux articles publiés sur les conditions difficiles d’abattage ont eu un écho limité parmi les responsables, qui choisissent le silence radio. Malgré les inquiétudes des professionnels, la situation n’a quasiment pas changé. Pis encore. Les choses vont de pis en pire et les nombreuses enquêtes, réalisées pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état catastrophique de bon nombre de ces abattoirs, n’ont pas pu réveiller la conscience des responsables. Ces derniers dénoncent même un « acharnement des médias pour viser les abattoirs et leur gestion ». Or ce que révèlent les journalistes est pourtant bien en-deçà de la réalité !