Israël: L’exception allemande

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Lundi 15 septembre 2025, lors de la réouverture d’une synagogue de Munich, Friedrich Merz (photo) avait les yeux humides et la voix tremblante, relate les échos, lorsqu’il a évoqué la question toute simple posée par la publiciste Rachel Salamander, alors qu’elle était enfant et vivait après-guerre, dans un camp pour juifs apatrides en Bavière. Elle demandait régulièrement «pourquoi personne n’avait aidé les juifs».

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«Je voudrais vous dire à quel point cela me fait honte : en tant que chancelier de la République fédérale d’Allemagne, mais aussi en tant qu’Allemand, en tant qu’enfant de la génération d’après-guerre, un enfant qui a grandi avec le plus jamais ça ‘comme mission’, devoir et promesse», a déclaré Friedrich Merz devant l’auditoire. Largement commenté par les médias outre-Rhin, ce moment d’émotion illustre le poids de l’immense responsabilité pour toute une génération d’Allemands et la spécificité de la relation avec Israël.

Jeudi 18 septembre (2025), lors d’un déplacement du chancelier allemand à Madrid, les divergences de Friedrich Merz avec son hôte Pedro Sanchez étaient patentes et assumées.

L’Espagne considère qu’Israël commet un génocide dans la bande de Gaza, tandis que Berlin condamne l’intervention d’Israël dans la bande de Gaza, mais reste aux côtés de l’Etat hébreu.

La solidarité avec Israël fait figure de pilier de la politique étrangère allemande depuis l’accord de réparation de 1952 et a même été érigée au rang de «raison d’Etat» lors d’un discours d’Angela Merkel à la Knesset en 2008.

Depuis son arrivée au pouvoir début mai, le ton a changé vis-à-vis d’Israël. «Je ne comprends franchement plus quel est l’objectif de l’armée israélienne», a-t-il déclaré fin mai à Berlin, déplorant une «absence de logique».

En réponse à la décision du cabinet israélien de prendre le contrôle militaire de la ville de Gaza, le dirigeant allemand a annoncé début août une suspension des livraisons d’armes susceptibles d’être utilisées dans la bande de Gaza.

Cette décision marquante, mais largement symbolique, était soutenue par les sociaux-démocrates.

Elle a en revanche déclenché une bronca chez les conservateurs, notamment au sein de l’Union chrétienne-sociale bavaroise (CSU). Mis sous pression, Friedrich Merz a été obligé d’interrompre ses vacances et de venir s’expliquer à la télévision afin de calmer la fronde. Le chancelier y a martelé que la politique de l’Allemagne à l’égard d’Israël était «inchangée» et que le pays restait aux côtés d’Israël.

A Madrid, Friedrich Merz a indiqué que son gouvernement prendrait position dans les prochains jours vis-à-vis de la proposition de sanctions commerciales de l’UE.

«L’engagement de l’Allemagne en faveur de l’existence et de la sécurité de l’Etat d’Israël est un élément non négociable des fondements de notre pays» a également réaffirmé cette semaine Friedrich Merz, à l’occasion de la célébration des 75 ans du Conseil central des Juifs d’Allemagne.

Outre-Rhin, il existe un fossé générationnel important entre des Allemands nés durant le baby-boom pour qui il est très difficile de critiquer Israël, compte tenu du poids des responsabilités, et des jeunes plus sensibles à la situation à Gaza et pour qui le génocide juif s’avère plus lointain.

P. Zehr

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