Le Maroc connaît actuellement plusieurs changements. La protection de son cyberspace, comme partout dans le monde, est devenue plus que jamais une affaire importante. Dans un monde en constante évolution, une cyberattaque peut avoir plus d’impact sur une nation qu’une escalade militaire orchestrée à l’avance.
Dans cette dynamique de sécurité, la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d’Information (DGSSI) se positionne comme l’administration qui anticipe, avec des yeux qui ne se ferment jamais…
Un Général à la tête de la DGSSI
Le 1er septembre 2025, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a nommé le Général de brigade Abdellah Boutrig au poste de Directeur Général de la DGSSI. La désignation de cet homme important à ce poste clé n’a rien d’anodin. Il a occupé plusieurs fonctions de haut niveau, notamment en tant que Directeur de l’assistance, de la formation, du contrôle et de l’expertise au sein de la DGSSI, ainsi qu’inspecteur adjoint des transmissions au sein des Forces Armées Royales (FAR). Militaire de formation, passé par l’Académie Royale Militaire de Meknès, il est aussi ingénieur, diplômé de l’INSEA, et titulaire d’un master en Sécurité et Défense du Collège Royal des Études Militaires Supérieures.
Que défend la DGSSI ?
Le bouclier numérique qu’offre la DGSSI constitue un véritable socle de sécurité pour les infrastructures vitales du Royaume : des réseaux de l’administration aux systèmes énergétiques et financiers. Elle assure une veille sans relâche sur les artères les plus sensibles de l’État : les ministères, le secteur de l’énergie, les institutions financières et les canaux de communication.
Rattachée à l’Administration de la Défense nationale, la DGSSI protège plus précisément les données des citoyens, les systèmes d’approvisionnement en eau et électricité, ainsi que les informations relatives aux banques et à l’économie marocaine. C’est la défense numérique du pays à part entière.
Une veille permanente contre les attaques
En 2023, la DGSSI a pu déjouer plus de 150 attaques ciblant des administrations publiques grâce aux équipes du maCERT, le centre national de veille, d’alerte et de réponse aux attaques informatiques. Ce centre opérationnel veille en permanence, diffuse des alertes, mène des audits et forme les cadres de l’administration à faire face à ce nouveau type de guerre silencieuse.
Une menace présente et pressante : l’affaire «Jabaroot»
D’avril à juin 2025, un groupe de hackers nommé Jabaroot DZ, se revendiquant algérien, a perpétré plusieurs attaques ciblées contre des institutions étatiques et des personnalités politiques. Parmi elles :
- Une fuite massive de 53 000 fichiers internes de la CNSS, contenant des données sur des abonnés et des sociétés affiliées ;
- Des documents notariés extraits via la plateforme Tawtik ;
- Et des documents personnels attribués à des ministres comme Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, et Fatima Zahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Politique de la ville. Des entités stratégiques comme Siger, Royal Air Maroc, ou encore le Fonds Mohammed VI ont également vu leurs informations éventées.
Ces attaques surprises, d’une ampleur jamais vue auparavant, ont exposé publiquement des documents confidentiels et sensibles. Elles font écho à une vérité simple mais cruciale : le cyberespace est devenu un véritable champ de bataille, invisible et imprévisible, où l’information est une arme, et la vigilance, une nécessité stratégique. C’est dans ce contexte que la mission de la DGSSI prend tout son sens. Plus qu’une Direction technique, elle est le bouclier invisible du Royaume. Ses équipes, souvent dans l’ombre, sont en première ligne d’une guerre sans bruit, mais aux conséquences bien réelles.
Ismaïl Saih