Le Maroc a fait de la lutte contre la criminalité organisée une priorité sécuritaire et judiciaire a affirmé jeudi à Rabat le premier président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire ( CSPJ), Mohamed Abdennabaoui.
Intervenant lors de la session inaugurale d’un séminaire international sur la lutte contre la criminalité organisée transnationale, initié par le CSPJ en partenariat avec le ministère français de la Justice, M. Abdennabaoui a souligné que le Royaume a adopté des politiques législatives et institutionnelles basées sur la prévention, l’incrimination, la dissuasion et la coopération internationale.
Le Conseil, a-t-il poursuivi, s’est engagé activement dans cette voie, en soutenant la spécialisation des magistrats et en développant la formation continue, outre le suivi des affaires pénales et le renforcement des relations avec les réseaux africains et européens, dans l’optique d’échanger les expériences et les meilleures pratiques.
L’organisation de ce séminaire, en présence de délégations africaines, a-t-il ajouté, confirme « la conviction de la nécessité de la coopération et de la coordination Nord-Sud pour la lutte contre le crime organisé transnational, auquel aucun pays ne peut y faire face seul », notant que la solidarité et la synergie entre les États demeurent essentielles pour la lutte contre ce fléau.
Par ailleurs, M. Abdennabaoui a relevé que les efforts des États ne doivent pas se limiter à l’élaboration des lois en phase avec l’évolution des méthodes de la criminalité organisée, mais également se pencher sur la mise en place de mécanismes techniques et scientifiques appropriés, la qualification des organes de recherche et d’investigation et des ressources humaines chargées de l’application de la loi, notamment les magistrats et les officiers de la police judiciaire qui sont appelés à suivre une formation continue pour être au fait des méthodes modernes pour une meilleure dissection des affaires liées à la criminalité.
S’appuyant sur les récentes données officielles qui font ressentir que plus de 60% des crimes liés au trafic d’être humain, de drogues et d’armes sont perpétrés à travers des outils numériques ou avec l’appui de plateformes électroniques, M. Abdennabaoui a fait observer que l’Afrique est l’une des régions les plus ciblées par des réseaux transnationaux impliqués dans le trafic d’être humain en raison de la faiblesse des mécanismes de contrôle dans certains pays sahélo-sahariens.
Dans ce sens, le premier président de la Cour de cassation a souligné que la gravité de ces crimes transnationaux nécessitent une coopération sécuritaire et judiciaire à travers la mise en place de réseaux de coordination et de communication entre les pays afin de fournir des informations nécessaires à temps opportun, d’où l’importance pour les pays africains de se doter de tels mécanismes.
Placé sous le thème « Criminalité organisée: défis et responsabilités communes », ce séminaire de deux jours est riche en discussions et panels. Son programme s’articule autour de nombreuses sessions, à savoir “La criminalité organisée: une menace mondiale – Évolution, constat et perspectives”, “L’adaptation des organisations judiciaires aux défis de la criminalité organisée”, “Les stratégies de lutte contre la criminalité organisée”, “La recherche de la preuve du crime organisé” et “La dimension internationale des enquêtes et l’importance des outils de coopération pénale”.