Relance du Dialogue social : Un premier Round et le projet d’une nouvelle Charte préserveront-ils la paix sociale ?

Comme attendu, le chef du gouvernement s’est réuni, jeudi 24 février et vendredi 25 février, avec les centrales syndicales les plus représentatives. Plusieurs sujets d’actualité ont été au menu des discussions, dont notamment l’augmentation des prix des denrées de première nécessité et les cahiers revendicatifs des salariés du secteur public et privé.

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«Une première rencontre d’écoute. Cela a été un moment de bonnes discussions pour avancer sur des questions concrètes». Ainsi résumait-on dans l’entourage d’Aziz Akhannouch les premières rencontres du Chef de gouvernement avec les Syndicats à la veille du démarrage, dans les prochains jours, des négociations tripartites du dialogue social.

Le Chef du gouvernement a reçu jeudi 24 février, le SG de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharek. Il reçoit également, ce vendredi 25 février, Naïm Miyara, SG de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et les deux adjoints du SG de la Confédération démocratique du travail (CDT), Alami Lahouir et Bouchta Boukhalfa. Ces rencontres avec les partenaires sociaux -qui s’inscrivent dans le cadre du premier round du dialogue social- ont duré pendant près de deux heures. Elles se tiennent deux jours après l’allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la 6ème édition du Forum parlementaire sur la justice sociale.

Après avoir clamé sa foi dans le «dialogue social», Aziz Akhannouch passe donc à la pratique en recevant trois des syndicats les plus représentatifs qui attendaient ce dialogue social depuis plusieurs semaines. Sa principale besogne est de parvenir à «un cadre et un calendrier de négociations ainsi que de concertations sur les dossiers qui seront sur la table pour les prochains rounds du dialogue social».
C’est certain, le gouvernement vient avec une nouvelle démarche de travail. Il l’a montré à l’occasion de l’ouverture des travaux de la 6ème édition du Forum parlementaire sur la justice sociale. Lors de cet événement,  le chef de gouvernement a dévoilé la vision gouvernementale et la nature des relations qu’il compte entretenir avec les partenaires sociaux. Il a à cette occasion invité «les centrales syndicales et la CGEM à tenir la première session du dialogue pour engager une réflexion sérieuse et responsable sur la manière d’institutionnaliser le dialogue social pour qu’il devienne exécutoire et régulier. Il s’agit également de convenir d’une charte nationale du dialogue social définissant les droits et devoirs des différents acteurs, fixant les règles des structures et institutions de dialogue, et réglementant les modalités de fonctionnement et de coopération entre les différents partenaires sociaux», soulignait le chef de l’Exécutif. Il a aussi relevé que le gouvernement entend, au cours de son mandat, passer à l’élargissement du dialogue social aux questions d’actualité, et ce à travers le renforcement de la position des acteurs syndicaux nationaux dans ce domaine et en mettant à leur disposition les moyens et les mécanismes nécessaires pour travailler et promouvoir les droits et la liberté syndicale, précisait Aziz Akhannouch.

De leur côté, la plupart des syndicats s’impatientent et ont appelé, il y a plusieurs semaines, à relancer le dialogue social, selon plusieurs syndicalistes. D’autant que les négociations du dialogue social sous le mandat de l’ancien gouvernement ont été un échec incontestable, considèrent-ils. La CDT, pour ne citer que cette organisation syndicale, avait adressé une lettre au chef de l’Exécutif l’invitant à activer le démarrage des rounds du dialogue social vu l’échec ayant caractérisé les anciens rounds, indique-t-on à la CDT.

«On ne compte plus le nombre de dossiers brulants qui concernent aussi bien la classe ouvrière que les citoyens. Hausse des prix de certaines denrées alimentaires et produits essentiels notamment le carburant, licenciement des travailleurs dans plusieurs secteurs, des libertés syndicales bafouées…etc. C’est dire que le contexte social et économique connait une tension vive qui nécessite la reprise, en urgence, d’un dialogue social tripartite et son institutionnalisation», déclare à Le Reporter Abdelkader El Amri, membre du bureau exécutif de la CDT. Cela, dit-il, «a poussé notre syndicat à organiser des sit-in devant tous ses locaux à travers le pays pour exprimer les mêmes doléances, le 13 février». Le syndicaliste explique qu’il s’agit d’une contestation à l’échelle nationale contre la hausse des prix et contre le gel du dialogue social. Pour Abdelkader El Amri, le prochain round, qui devrait se tenir dans les tout prochains jours, serait donc très attendu par les centrales syndicales étant donné la situation économique difficile que connait le pays.

Les syndicats posent leurs «conditions» !

Un premier round et le projet d’une nouvelle Charte pourraient-ils préserver la paix sociale ? Les syndicats posent leurs «conditions» et demandent des contreparties «concrètes» et une loi cadre permettant le respect des engagements par tous les partenaires, comme l’a souligné El Amri, membre du bureau exécutif de la CDT. «Nous voulons que le dialogue social soit institutionnalisé par une loi cadre. C’est cette loi qui va garantir que ce dialogue social va déboucher sur des contrats sociaux qui vont être respectés par l’ensemble des partenaires », dit-il. « Le dialogue social, c’est quand on peut être entendu», lance le syndicaliste El Amri. Il est important, poursuit-il, «de revenir à un climat de confiance et de fixer un ordre du jour précis». Pour savoir ce qu’on sera en mesure de faire, encore faut-il, savoir très précisément les mesures « concrètes » que l’exécutif va prendre pour régler certaines questions d’actualité, estime notre source.

Pour la CDT, insiste-t-il, le plus important des prochaines négociations c’est d’aboutir à des résultats effectifs qui pourront ainsi améliorer les conditions de vie des ouvriers, lesquels attendent l’amélioration de leur revenu », conclut ce membre du bureau exécutif de la CDT, en soulignant que plusieurs questions figurent parmi les revendications de cette centrale syndicale. Au menu également, la demande de la revalorisation du Smig et la baisse de l’IR. Les libertés syndicales feront également partie des sujets abordés. « C’est là un sujet important qui figure toujours sur les cahiers revendicatifs de notre organisation syndicale», indique Abdelkader El Amri, qui conclut qu’une des questions majeures devrait être l’emploi et les effets de la pandémie sur la situation de la classe ouvrière.  Un dossier à suivre.

Naîma Cherii

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