Par Patrice Zehr
Comme toutes les semaines, depuis des années, je suis devant mon ordinateur pour traiter pour Le Reporter l’actualité internationale. Je pourrais presque croire que rien n’a changé.
Et pourtant depuis la semaine dernière le monde dans lequel nous vivons est méconnaissable. Il ressemble à un film de science fiction et d’épouvante. Les rues sont désertes, les rares passants se regardent avec méfiance comme si l’autre était un pestiféré en puissance, une sorte de zombie. Personne ne pouvait prévoir cela, personne ne peut en mesurer les conséquences. Que dire aux lecteurs de ce journal- de suivre les recommandations du Roi et des autorités d’être plus responsable que les français.
Ce qui est sur, c’est que plus jamais ce ne sera comme avant. Le mondialisme arrogant est en état de mort clinique et devra s’il sort de l’ intubation économique totalement se réinventer. Tout sera remis en, cause, la croissance, les frontières, les comportements.
Les marocains pour le moment relativement épargnés au moment ou ces lignes sont écrites et pourvu que ça dure, ont été à la hauteur de leur réputation d’hospitalité. Le Roi et le pouvoir ont tout fait, je crois, pour concilier la priorité de sécurité des citoyen avec la solidarité vis-à-vis des milliers de français bloqués. Ils n’ont jamais été traités avec hostilité. C’est bien sur anecdotique, mais révélateur.
Si les marocains ont donné un bel exemple, il n’en est pas toujours de même de mes concitoyens. Comment ne pas se lamenter du comportement des irresponsables. Les scènes de paniques dans les supermarchés sont bien sur ce qu’il y a de plus spectaculaire. Mais pas seulement. On peut citer l’exode des parisiens vers la campagne quitte à contaminer des régions entières pour le moment épargnées.
On peut citer les populations immigrées à Barbés faisant des courses dans l’inconscience la plus totale et se mettant en danger. On peut citer les Niçois agglutinés promenade des anglais pour profiter du soleil. Les démocraties peuvent elles imposer un confinement contraire à la liberté individuelle? La question peut paraitre choquante, mais elle mérite d’être posée car les systèmes politiques des pays sont également à l’épreuve.
Depuis le mardi 17 mars, l’épicentre de l’épidémie de coronavirus se trouve désormais en Europe. Alors que la pandémie est partie de Chine, le pays sort doucement de l’hibernation et reprend vie peu à peu. Si le premier cas a été rapporté au mois de décembre dernier, il semblerait pourtant qu’un premier patient ait été infecté bien avant.
Selon des informations publiées dans le quotidien hongkongais South China Morning Post, le tout premier cas pourrait remonter à un mois plus tôt, au 17 novembre 2019. Comme le rapportent plusieurs médias, le patient 0, âgé de 55 ans, serait en réalité un résident de la région d’Hubei, où se trouve la ville de Wuhan. Ces informations ont été détaillées dans un rapport interne du gouvernement chinois.
Le Jeudi 19 mars sera peut être historique. La Chine a annoncé jeudi zéro nouvelle contamination d’origine locale par le coronavirus. Une première depuis le début de l’épidémie. Mais le pays-épicentre de l’épidémie redoute désormais les cas importés et a lancé une campagne tous azimuts d’aide internationale.
Signe d’une inversion de tendance : davantage de personnes sont désormais mortes en dehors de Chine que dans le pays asiatique où le nouveau coronavirus est apparu en décembre à Wuhan. Par ailleurs, seuls huit nouveaux décès ont été enregistrés au cours des dernières 24 heures, portant le bilan national à 3 245.
Pour les pays encore peu touchés l’exemple chinois comme italien permet de se préparer à toute éventualité. Mais peut être encore plus frappant est la leçon donnée par la Corée du Sud. Dans ce pays, où les commerces et transports n’ont pas été fermés, l’épidémie a été maîtrisée grâce, notamment, au civisme de la population, en contraste avec l’atmosphère de panique en Occident, observe, dans une tribune au «Monde», Christophe Gaudin, universitaire français en poste à Séoul. « Prenons le cas de la Corée du Sud, le premier pays à avoir été touché massivement hors de Chine. Elle a particulièrement joué de malchance puisque l’épidémie s’y est répandue comme une traînée de poudre dans une secte protestante à la mi-février. Des milliers de personnes qui priaient en se donnant la main ont été contaminées du jour au lendemain, réunissant toutes les conditions pour une explosion.
Or ce qui saute tout de suite aux yeux si l’on trace le parallèle avec la France ou l’Italie, qui pourtant ont eu davantage de temps pour voir venir, c’est que le pays n’a à aucun moment été mis en quarantaine. A l’exception de Taegu, la ville du sud où l’épidémie s’est déclarée et a jusqu’à présent pour l’essentiel été contenue, les commerces n’ont jamais fermé. Les transports ont continué à circuler normalement. A aucun moment, on n’a assisté à une quelconque ruée sur les produits de première nécessité – il suffit de se rendre dans n’importe quel supermarché pour s’en apercevoir. Si le système de santé a été éprouvé comme partout, il n’a jamais été question, comme en Italie, de faire un tri parmi les malades ».
Même dans le cas d’un virus, par chance considérablement moins mortel tel que le SARS-CoV-2, nos sociétés se révèlent dans l’épreuve plus fortes ou plus fragiles – c’est selon – qu’on ne le croyait. Cette pandémie a en effet ceci de remarquable qu’elle est la première à se répandre à une telle allure sur une telle échelle, pour ainsi dire en temps réel. En quelques semaines, le foyer de l’infection s’est déplacé de l’Asie à l’Europe, permettant toutes les comparaisons, et mettant au jour des vérités fort désagréables pour l’Occident. Restez chez vous donc la ou le confinement s’impose et devenez tous des coréens du sud ou au moins des citoyens disciplinés et solidaires.
Patrice Zehr