«Le SIAM n’est pas une étape finale, mais plutôt un parcours»
Du 16 au 21avril, se tient à Meknès la 14ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) dont la thématique principale porte sur «L’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural». A l’honneur du SIAM 2019, la Suisse qui met son expertise au service de l’agriculture marocaine. Entretien avec Massimo Baggi, ambassadeur de Suisse au Maroc.
Quels sont les objectifs fixés par la Suisse à travers sa participation au SIAM 2019?
Nous avons trois domaines qui nous intéressent beaucoup, à savoir les technologies au service de l’agriculture, l’innovation et le respect du paysage. Je crois que c’est là qu’on a un savoir-faire. Nous souhaitons le mettre à la disposition du Maroc à travers le SIAM 2019. Par rapport à la continuité, nous allons signer des conventions lors de ce salon. Parmi ces conventions, une sera signée entre le ministère de l’Agriculture marocain et le ministère de l’Agriculture de la Suisse. Elle porte sur l’agriculture durable. Le SIAM n’est donc pas une étape finale, mais plutôt un parcours. En effet, nous allons nous rencontrer régulièrement avec nos amis marocains pour réaliser, ensemble, des projets et des initiatives dans le secteur public-privé, dans le domaine de l’agriculture.
Que fait déjà la Suisse au Maroc dans le domaine de l’agriculture?
Ce que nous faisons déjà au niveau du gouvernement, c’est un grand projet de valorisation des produits du terroir du Maroc. On a commencé avec l’huile d’argan et on a aussi favorisé la création du plus grand consortium de production d’huile d’argan à Agadir. Ensuite, on l’a accompagné à l’international à travers la certification du produit et donc à l’exportation. C’est là un modèle qui a très bien fonctionné et qu’on a répliqué avec le romarin à l’Oriental et les figues de barbarie. Ce sont des exemples concrets. A noter que nous avons nos entreprises du secteur privé qui sont déjà installées au Maroc. Elles sont actives et peuvent l’être davantage. Faut-il le souligner, la Suisse figure parmi les dix premiers grands investisseurs étrangers au Maroc. La plus grande multinationale dans le domaine agroalimentaire au monde a son siège en Suisse: Nestlé qui est très présente au Maroc.
Qu’en est-il des projets à lancer par la Suisse au Maroc?
Le Maroc s’intéresse beaucoup à ce grand projet de valorisation des produits du terroir au Maroc et à l’international. Nous allons donc voir dans quelle mesure nous pouvons encore élargir ce projet à d’autres produits, en plus de l’huile d’argan, de la figue de barbarie et du romarin comme on l’a déjà fait.
Quelles sont les solutions spécifiques que les entreprises suisses pourraient mettre à la disposition du Maroc dans le domaine de l’agriculture?
Une cinquantaine d’entreprises sont déjà actives au Maroc. Parmi les grandes multinationales que nous avons en Suisse, je dirais que la plupart sont présentes ici, au Maroc. Avec leurs savoir-faire innovants et diversifiés, les entreprises suisses pourront accompagner l’agriculture marocaine dans plusieurs projets. Spécialisées dans les bio-pesticides, les questions logistiques liées à l’agriculture ou encore l’utilisation des drones dans l’agriculture, les entreprises suisses sont en mesure d’accompagner les agriculteurs marocains et à même d’apporter des solutions innovantes et améliorer la rentabilité de la productivité de ces agriculteurs. Ce sont là des solutions spécifiques que nous pouvons mettre à la disposition du Maroc, notamment en ce qui concerne l’agriculture Bio.
De nombreux agriculteurs continuent d’utiliser de grandes quantités de produits chimiques. Pensez-vous qu’on pourrait lever certains freins à la diminution des pesticides?
Oui. Nous croyons qu’on peut lever les freins à la diminution de ces produits chimiques. Le volet Bio pour l’agriculture en Suisse est en train de prendre une ampleur plus importante. Et je pense que c’est une tendance qui va se généraliser, surtout que l’heure est propice au développement de l’agriculture Bio. Et cette tendance va également concerner le Maroc. C’est dans l’intérêt des agriculteurs marocains. Pour cela, il faut trouver des solutions dans lesquelles ces derniers voient leur intérêt. C’est exactement pour cette raison que nous sommes-là, pour montrer que c’est une voie qui peut être parcourue et c’est à nous de susciter cet intérêt. A ce sujet, je dois dire qu’il y a aussi un autre thème qui va nous impliquer davantage, afin d’encourager l’usage des Bio-pesticides: le respect du paysage.
Quels sont les spécificités de l’agriculture suisse?
Vous savez que la Suisse est un petit pays, avec des coûts de production très élevés. Ce qui fait que nous ne pouvons pas faire dans les grandes surfaces. Nous ne pouvons pas faire la grande quantité. C’est pour cette raison que la Suisse -pas seulement dans l’agriculture- a toujours axé sa production sur les technologies, l’innovation et sur la capacité à exporter. Car le marché est petit. La plus grande entreprise multinationale dans l’agroalimentaire, Nestlé, est suisse. Ce n’est pas par hasard qu’elle est suisse. On a des conditions très compétitives et le marché est exigu. Pour se développer, les entreprises suisses ont dû s’ouvrir au marché étranger. Elles sont accompagnées par le gouvernement à travers un réseau d’accords de libre-échange. Ainsi, vous pouvez être en Suisse et être présent sur tous les marchés.
En quoi le modèle suisse consiste-il en un benchmark intéressant par rapport à la thématique choisie par le SIAM 2019, à savoir «L’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural»?
Vous savez que, quand je dis que l’une de nos thématiques est le respect du paysage, il faut savoir qu’en Suisse, qui est un petit pays, nous avons une agriculture qui est au service de plusieurs autres secteurs de notre économie, comme le tourisme, par exemple. Ainsi, le soin du paysage facilite le développement du tourisme. Comme cela se fait à la montagne, on arrive donc à créer des emplois dans cette zone.
Interview réalisée par Naîma Cherii