Jusqu’alors très réticent à adopter une telle initiative, le gouvernement allemand d’Olaf Scholz a annoncé lundi 9 septembre (2024) ce qui constitue à ce jour, la mesure la plus radicale de sa politique migratoire: le refoulement à ses frontières intérieures des réfugiés en situation illégale, et ceci pour une durée de six mois.
La ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, a plaidé pour des «renvois efficaces» qui feront suite aux quelque 35.000 refoulements opérés depuis octobre dernier, en particulier lors du championnat d’Europe de football. Pour cela, «nous allons étendre nos contrôles temporaires à toutes les frontières terrestres allemandes, ce qui permettra de limiter davantage l’immigration irrégulière et de nous protéger des dangers aigus du terrorisme islamiste et de la grande criminalité», a déclaré la dirigeante sociale-démocrate. La mesure prendra effet à partir du 16 septembre.
Politiquement, cette mesure se veut une réponse à l’émotion créée par l’attentat au couteau perpétré le 23 août à Solingen par un réfugié syrien de 26 ans, dont la demande d’asile devait être initialement traitée par la Bulgarie, le pays d’origine par lequel il était entré dans l’espace Schengen. Revendiqué par l’État islamiste, l’acte terroriste avait fait trois victimes.
Dans la foulée, le gouvernement allemand avait dans un premier temps légiféré sur l’usage des couteaux, puis organisé un premier charter de rapatriement vers l’Afghanistan. À deux semaines d’une nouvelle élection régionale dans le Brandebourg, où l’AfD fait la course en tête, après avoir remporté un scrutin en Thuringe, le chancelier s’efforce de donner des gages à une opinion publique inquiète, soulignent les politologues.
Après l’attaque de Solingen, l’extrême droite avait pour sa part réclamé un arrêt total de l’immigration pour une durée d’au moins cinq ans. Les alliés libéraux d’Olaf Schoz (FDP) se montrent également favorables à des mesures de refoulement, à l’inverse de la branche jeunesse des Verts. Outre-Rhin, des doutes émergent néanmoins sur la légalité de mesures d’expulsion prises à l’initiative d’un Etat membre.
Le ministère de l’Intérieur a précisé avoir notifié ces nouveaux contrôles aux autorités de l’UE, s’agissant de mesures exceptionnelles sur le territoire de l’Union européenne dont Bruxelles doit être avisé. Des contrôles temporaires avec la France, le Luxembourg, les Pays-bas, la Belgique et le Danemark, vont être mis en place pendant six mois à partir du 16 septembre, détaille un communiqué du ministère de l’Intérieur. Ils s’ajouteront aux contrôles déjà en place aux frontières avec la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse.
P. Zehr