Fruits et légumes : Une agriculture zéro résidu de pesticide, c’est possible au Maroc ?

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Le zéro résidu de pesticides gagnera-t-il du terrain chez les agriculteurs marocains ? Si plusieurs études ont déjà confirmé la possibilité d’emprunter ce choix sans faire diminuer la productivité, le sujet suscite encore de nombreuses critiques au Maroc.

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Peut-on abandonner les pesticides de synthèse ? L’utilisation de ces substances visant à fournir des nutriments aux plantes est-elle automatique ? Existe-t-il des alternatives à ces substances, qui, à l’instar des engrais chimiques, font peser un lourd fardeau sur la biodiversité ? La réponse est oui, selon les participants à un panel organisé par le Bureau Economique et Commercial de l’Ambassade d’Espagne et ICEX España Exportación e Inversiones, le 3 mai à Meknès en marge du Salon international de l’Agriculture au Maroc (SIAM).

Pour eux, «proposer une autre façon de produire des aliments c’est surtout trouver des solutions qui vont permettre d’éviter les ravageurs des cultures en ayant la même efficacité que les produits, issus de la chimie de synthèse, qui sont utilisés par les agriculteurs». L’idée est de «concevoir des systèmes agricoles sans pesticides, en utilisant la biotechnologie comme moyen de production», explique-t-on lors de cette rencontre, qui appelle à une agriculture Zéro résidus.

Pour les conférenciers, «il y a de très fortes marges de manœuvre pour réduire les pesticides». «Ce qui est plus encourageant c’est qu’on assiste aujourd’hui à une augmentation des exigences de consommateurs qui font de plus en plus attention à leur santé, à la durabilité et aux produits qu’ils consomment, d’où viennent-ils et comment ils ont été produits ?», précise-t-on.

Cette transition devra cependant passer par un accompagnement des exploitants et un changement de vision globale de l’agriculture, prévient-t-on. «On doit se préparer à cette transition», plaident les conférenciers, car «les pesticides qui ont permis d’atteindre des rendements exceptionnels, ont épuisé les sols et pollué les nappes» dans un contexte où le changement climatique va rendre encore plus incertain le travail des agriculteurs, soulignent les conférenciers.

Ces derniers ont mis en avant la nécessité de changer les habitudes alimentaires vers une alimentation saine et de se concentrer sur la production durable afin de minimiser les problèmes environnementaux et de protéger les ressources naturelles. Ils ont souligné au passage que rendre les systèmes alimentaires durables et plus résilients nécessite un travail collectif pour trouver des solutions qui peuvent garantir un avenir sain et durable pour les générations futures.

Au cours de cette rencontre, Maria Peña, PDG de l’ICEX España Exportación e Inversiones a souligné l’importance de la collaboration hispano-marocaine dans ce domaine. À cet égard, dit-elle, il convient de préciser que la technologie espagnole est reconnue dans le monde entier pour son adaptabilité à chaque type de culture et de région, mais surtout à des environnements tels que celui du Maroc, tant pour la fabrication de machines que pour répondre aux besoins en matière de fertilisation, d’irrigation, de protection des cultures, de stockage et d’emballage.

Elle a aussi relevé que la collaboration entre les entreprises marocaines et espagnoles offre des perspectives intéressantes dans plusieurs domaines, notamment celui de la biotechnologie, de l’innovation, et de solutions techniques.

Elle note au passage que les dernières innovations espagnoles dans le secteur des technologies agricoles ont été présentées, lors de la 15e édition du SIAM. Laquelle a connu la participation de 32 entreprises leaders dans le SmartAgro qui ont été représentées au sein du Pavillon Espagnol s’étalant sur plus de 500 m².

Il s’agit, dit-elle, de la plus grande participation nationale dans l’histoire de l’Espagne au SIAM, qui a participé aux 12 dernières éditions et son objectif était de montrer l’adaptabilité des entreprises présentes aux besoins spécifiques du marché marocain, qui partage les défis climatiques avec les Espagnols, explique encore la PDG de l’ICEX  España Exportación e Inversiones.

Peut-on réduire au strict minimum les produits phytosanitaires employés dans l’agriculture marocaine? Si plusieurs études ont déjà confirmé la possibilité d’emprunter le choix d’une agriculture «Zéro résidu de pesticides» sans faire diminuer la productivité, le sujet suscite encore de nombreuses critiques au Maroc. Les fruits et légumes font partie des aliments de chaque jour à la fois approuvés pour leurs vertus sur la santé et recommandés par les diététiciens. Mais plusieurs voix consuméristes s’interrogent sur les conséquences graves sur la santé des gens que pourrait provoquer la consommation de résidus des pesticides résultant de l’utilisation de ces substances dans l’agriculture.

L’Office National de la Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) a mis en place un processus d’homologation conséquent pour mieux contrôler le recours à ces pesticides. Pourtant, certains pesticides non autorisés dans d’autres pays, y compris en Europe, continuent à être utilisés dans l’agriculture marocaine, laisse entendre un ingénieur agronome. «Durant ces trois dernières années, on a abandonné certaines molécules chimiques, mais l’utilisation des phytosanitaires pour lutter contre les ravageurs et réaliser un meilleur rendement est toujours excessive. Une partie des substances versées dans les terres agricoles ne sont pas absorbées par les plantes, et se trouvent emportées par l’eau de pluie, polluant ainsi les nappes phréatiques», précise encore cet ingénieur agronome, ajoutant que le recours à ces phytosanitaires peut causer des conséquences néfastes sur la biodiversité et la santé des consommateurs».

Pour notre interlocuteur, les fruits et légumes commercialisés sans résidus de pesticides n’ont pas encore le vent en poupe au Maroc. Leur vente étant encore très faible car la plupart des producteurs n’adaptent pas encore leurs pratiques et recourent toujours aux phytosanitaires, conclut cet ingénieur agronome, qui a requis l’anonymat.

DNES à Meknès: N. Cherii 

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