Conseils communaux : Qu’attendent les citoyens des nouveaux maires ?

De nouveaux maires s’installent dans le paysage. Plusieurs communes devaient élire ou compléter leur Conseil, la semaine dernière. Les citoyens espèrent beaucoup de ces maires, ainsi que le montrent les déclarations de nos interlocuteurs que nous avons approchés, cette semaine.

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Les résultats définitifs des élections de ces Conseils ont dévoilé une domination totale du trio RNI-PAM- PI. Chaque formation a emporté les présidences de quatre régions. Ainsi le RNI préside désormais les régions du Nord, de Draa-Tafilalet, de Souss-Massa et de Guelmim-Oued Noun. Les régions de l’Est, de Beni Mellal-Khénifra, de Rabat-Salé-Kénitra et de Marrakech-Safi seront, quant à elle, présidées par le parti du tracteur (PAM), alors que celles de Fès-Meknès, de Casablanca-Settat, de Laâyoune Sakia El Hamra et de Dakhla et Oued Ed-Dahab ont été raflées par le parti de l’Istiqlal.
Si le RNI a réussi l’exploit de faire tomber dans ses escarcelle plusieurs grandes villes telles que Casablanca, Agadir ou encore Rabat, ce parti et les deux autres formations, ont à présent un autre défi à relever: appliquer leurs programmes sur le terrain.
A quoi doit-on s’attendre dans nos villes, restées aux mains du parti de la lampe pendant dix ans? Et qu’attendent les citoyens des nouveaux maires ? Sincérité et honnêteté, amélioration du quotidien des Marocains…etc. Les citoyens espèrent beaucoup de leurs élus, ainsi que le montrent les déclarations de nos interlocuteurs que Le Reporter a approchés, cette semaine.

Maintenant au travail !

Dans leur campagne électorale, chacun des trois partis a présenté ses promesses et ses priorités pour les prochains mois et évoqué ses chantiers pour la ville. «Maintenant, au travail !», lance Ahmed, un Casablancais. «Si ces partis ont pris les rênes de nos villes, ils ont six ans pour mettre à exécution leurs promesses», dit Said, un autre Casablancais. «Nous avons besoin, poursuit-il, d’élus qui fluidifient notre quotidien, au lieu de défendre leurs intérêts».
«Ces Conseils sont élus pour améliorer chaque jour les conditions de vie des populations», lance Abderrahmane Ben Amr, un associatif à Tinghir».  Cet associatif a indiqué, à cette occasion, que «dans plusieurs communes rurales de cette région, les gens ne boivent que l’eau de puits. Mais, certaines communes sont impactées par le déficit hydrique. Lutter contre le déficit hydrique c’est là une des priorités pour le Conseil  de la Commune de Tinghir». Abderrahmane Ben Amr, président de l’Association «Ittihad Saghrou Li Annassij Al Jam3aoui» évoque, par ailleurs, la nécessité de réhabiliter les routes rurales pour désenclaver la région.

Arrêter cette bétonisation…

Les nouvelles équipes doivent aussi travailler pour la création d’espaces publics dans nos villes, souligne un observateur de la chose publique.  « Cette bétonisation à outrance des grandes villes doit s’arrêter! On ne doit plus bâtir sur nos derniers espaces de nature », relève-t-il.

La sécurité est aussi un thème dont doivent se préoccuper à présent nos élus. Dans une grande métropole comme Casablanca, insiste cet observateur, il faut attaquer ce problème sécuritaire en renforçant les équipes et en installant des postes de police supplémentaires.
Autre sujet évoqué, le défi de la pollution de l’air et des nappes phréatiques, notamment en zones urbaines. «La protection de la santé publique doit être une priorité. Mais cela reste mal pris en considération par nos élus locaux», déplore cet observateur.
Dans la capitale économique, qui compte plus de quatre millions d’habitants, la décharge de Médiouna est devenue un «véritable point noir» pour les habitants et l’environnement. « On attend de la nouvelle maire de prendre les choses en main pour la réhabilitation de cette décharge publique dont la capacité est épuisée depuis plusieurs années », souligne Amina, une enseignante à Casablanca.

Des dossiers tels celui de la réhabilitation des anciennes médinas et des constructions menaçant ruine, doivent constituer également une priorité pour les nouveaux maires, comme l’ont souligné des associatifs locaux.
Dans la Médina de Casablanca, pour ne citer que celle-ci, la situation est d’une extrême gravité, témoigne Hassan, un des habitants de ce quartier. Trop souvent touché par les effondrements, ce quartier est concerné par un projet de réhabilitation et de restructuration mais plusieurs constructions ne sont pas encore rénovées ! « Très peu a été fait pour réhabiliter le quartier et régler définitivement ce problème », lance Hassan.

Fraichement élu membre au Conseil de la ville de Casablanca lors du scrutin du 8 septembre, sous l’étiquette du parti de l’Istiqlal- qui passe désormais dans la majorité-, Moussa Sirajeddine précise que ce Conseil –sous le mandat de la RNIste Nabila Rmili- doit s’attaquer à ce dossier des menaçant ruine.

« Ces constructions constituent un danger réel pour les occupants surtout durant la période des pluies. Car elles menacent de s’effondrer à tout moment », reconnaît Moussa Sirajeddine, un élu de l’arrondissement de Sidi Belyout.

Parmi les autres priorités que ce dernier a évoquées: la question de la récupération  du patrimoine ou encore le sujet du recouvrement des recettes de la ville.  » La liste des biens communaux est longue et le manque à gagner pour la ville est estimé à plusieurs milliards de DH », précise cet élu, ajoutant que ce dossier doit être réactivé pendant ce mandat.

Les maires n’ont pas toujours la solution !

Les attentes des citoyens sont nombreuses, mais les maires n’ont pas toujours la solution aux problèmes, estime Mohamed Benaissa, président de l’Observatoire du nord des droits de l’Homme (ONDH).  «Les gens n’ont plus confiance dans leurs élus locaux. Beaucoup pensent d’ailleurs que ces communes sont plus un espace pour s’enrichir que pour améliorer le quotidien des populations», lance-t-il. Contrairement aux apparences, dit-il, les élections 2021 sont loin de connaître un fort renouvellement des élus, analyse notre associatif.

«Ce qui est caractéristique du scrutin du 8 septembre, c’est surtout la stabilité des élus locaux et des présidents en place.  On n’a d’ailleurs jamais relevé autant de présidents ou vice-présidents sortants réélus lors de ces élections», selon Benaissa. Ce qui veut dire, argue-t-il, que les populations vont vivre les mêmes problèmes. Notre interlocuteur regrette aussi que «ces élus n’aient pas une vision pour le développement de leurs communes qui disposent pourtant de plusieurs atouts (Touristiques, géographiques, culturelles, etc.)».

La gestion de certains dossiers aura-t-elle contribué à rendre la fonction du maire et d’élu local obsolète ?  Le président de l’Observatoire explique que pour certains dossiers, ce ne sont pas ces maires qui ont dû prendre dans l’urgence  «des décisions stratégiques ». Pour étayer ses propos, cet associatif évoque le dossier du mouvement de contestation qui a enflammé, il y a quelques mois, la municipalité de Fnideq pendant plusieurs semaines. «Grâce à l’intervention des autorités, ce mouvement s’était résorbé, et une dynamique a même été enclenchée dans la zone M’diq-Fnideq  où la fermeture des voies de contrebande à partir de Ceuta était à l’origine des manifestations», précise  le président de l’ONDH.  Et de poursuivre: «Ce ne sont pas les élus locaux qui ont dû prendre dans l’urgence «des décisions stratégiques et répondre aux revendications des populations de cette zone du nord  qui a vécu de l’économie informelle pendant plusieurs décennies».

Il fallait, dit Mohamed Benaissa, «s’occuper au plus vite des populations vulnérables de la zone, dont des femmes et des jeunes, qui vivaient de la contrebande». Mais, en interpellant directement le Souverain, les contestataires ont aussi placé les élus locaux hors jeu. «Les présidents des communes concernés n’étaient d’ailleurs pas les bienvenus sur les lieux de manifestation», relève le président de l’Observatoire.  Il souligne le besoin d’une action de proximité, plus attentive aux difficultés et besoins des populations.

Notons enfin que «les gens étaient en colère à cause également des conséquences de la crise sanitaire». Dès le début de la crise du Covid-19, les maires n’étaient pas en première ligne. A l’heure du déconfinement, les maires n’étaient pas là non plus pour piloter la sortie de crise localement, mais c’est plutôt les autorités locales, indique  un autre associatif local à Casablanca. Ceci dit, ils se retrouvent aujourd’hui face à deux défis majeurs: participer aux efforts de relance économique sur leur territoire, en veillant à préserver leurs ressources dans un contexte de tensions sur les finances publiques, conclut notre associatif.

Les Conseils des communes réussiront-ils là où les anciennes équipes ont échoué? Certes, cette fois-ci, tout a été mis en œuvre dans un seul et unique objectif, celui de composer des bureaux capables de réaliser les attentes des citoyens. Mais, l’expérience a montré que des divergences peuvent parfois donner lieu à de véritables blocages dans l’action des Conseils, comme le soulignent nos associatifs

Naîma Cherii

 

 

 

 

 

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