Stratégie de développement : Le groupe BCP voit plus grand

Mohamed Karim Mounir, PDG du groupe BCP
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Le groupe bancaire marocain ne cache pas son optimisme pour l’année 2021 bien qu’elle soit toujours impactée par les effets de la pandémie. Il mise sur le soutien de ses actionnaires après l’institutionnalisation de son tour de table, ainsi que sur sa démarche anticipative en matière de gestion du risque induit par la crise sanitaire.

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L’année 2021 marquera un tournant pour la Banque centrale populaire (BCP).  Prochainement, le groupe déménagera dans ses nouveaux locaux adaptés à ses ambitions de croissance. Située au cœur de la future place financière de Casablanca,  la tour BCP est conçue dans un style qui illustre la volonté du groupe bancaire de mettre en place un outil efficace et dimensionné à sa politique de développement. «A l’occasion du changement prochain de notre siège social, nous sommes en train de conduire des expériences. En matière d’organisation, certaines activités seront repensées. Il y aura des modèles adaptés à chaque activité. Nous avons aussi opté pour une nouvelle distribution des moyens de travail. Car, nous voulons avoir les meilleures cadres de travail avec une logique de flexibilité», a déclaré, Mohamed Karim Mounir, PDG du groupe BCP, à l’occasion de la conférence de présentation des résultats annuels organisée en distantiel le jeudi 25 mars. Ce vent de modernisme est  essentiellement lié à l’évolution des activités du groupe présent dans 32 pays principalement en Afrique et en Europe. Les métiers développés vont des activités bancaires à l’investissement et la gestion d’actifs en passant par les activités d’assurances et para-bancaires et de services. Outre la diversification de ses métiers, le groupe profite du changement progressif de son mode de gouvernance, notamment suite à l’adoption en 2020 des amendements de la loi portant réforme du CPM (crédit populaire du Maroc). «Cet amendement a un double objectif. D’abord, mettre en cohérence  notre loi et ensuite améliorer la gouvernance de l’ensemble du groupe et notamment son Comité directeur. Le groupe dispose d’un Conseil d’administration et d’un Comité directeur qui supervise l’ensemble des activités au Maroc et à l’international. Tout cela afin de maintenir le caractère coopératif du groupe. Nous avons adopté une  gouvernance aux normes les plus avancées, avec un tiers des administrateurs indépendants et un tiers des membres du comité qui est indépendant. C’est ce qu’on peut trouver de mieux dans la gouvernance du système bancaire», a avancé le PDG du groupe. D’ailleurs, au-delà de l’amélioration de la gouvernance, ces amendements permettent de consolider les fonds propres du groupe à travers la réduction du seuil minimum de participation des Banques Populaires Régionales (BPR) au capital de la BCP à 34% (contre 51% auparavant). «Cette démarche devrait renforcer la solidité financière du groupe tout en maintenant la position des BPR en tant qu’actionnaires majeurs dans le capital de la BCP, aux côtés de plusieurs institutionnels marocains», a indiqué Mohamed Karim Mounir. Du coup, l’institutionnalisation du tour de table se poursuit. Des institutionnels comme la Mamda-Mcma, la CIMR, La CMR et la RCAR ont rejoint le tour de table de la banque. «Ce sont des partenaires capitalistiques. Nous réalisons des investissements ensemble et nous nous lançons dans de nouveaux marchés ensemble. Le renforcement dans le capital va continuer pour l’ensemble de ces partenaires. D’autres opérations sont prévues au cours de l’année», a rétorqué le PDG.

 

La prudence est de mise

Pour dire que le groupe bancaire marocain repose désormais sur l’appui de ces actionnaires à l’intérieur et à l’extérieur du pays et ce, particulièrement en ce contexte de pandémie où la prudence est de mise. «2021 est une année assez particulière qui va continuer à être impactée par les effets de la crise. Nous avons adopté une démarche anticipative. En plus du soutien de nos actionnaires, le niveau des PRG et l’encours du fonds de soutien nous confortent dans notre stratégie de développement», a indiqué le PDG. Et à Choukri Oimdina, directeur général adjoint chargé du pôle Risques groupe d’ajouter : «le groupe affiche le niveau de provisions pour risques généraux le plus important du marché, avec 1,5 MMDH, tandis que le fonds de soutien est doté de 4,5 MMDH. Cela permet de conforter les fondamentaux financiers de la banque et de résister au stress test le plus adverse». D’ailleurs, en 2020, la BCP a procédé au renforcement de ses provisions de manière anticipative à travers le forward looking qui anticipe les impacts macro-économiques futures sur les comptes de la banque ainsi que le provisionnement massif de la clientèle saine et sensible. Concernant les filiales étrangères, notamment africaines, le provisionnement risque pays est jugé comme suffisant d’autant plus que «nous n’avons pas de défaut de paiement sur ces marchés», a-t-on expliqué auprès du management. Du coup, en 2020, année marquée par une hausse des créances en souffrance de 16%, le coût du risque a marqué un bond de 139% à 6,1 MMDH. Pourtant le groupe est parvenu à liver des résultats satisfaisants. Il a fait état, au terme de l’année écoulée, d’un résultat net part du Groupe (RNPG) de 1,2 milliard de dirhams (MMDH), en baisse de 59% par rapport à 2019. Intégrant totalement l’impact du don Covid-19 de 1 MMDH, le résultat net consolidé, lui, a reculé de 67% à 1,3 MMDH.
S’agissant du produit net bancaire (PNB) consolidé, il a bondi de 8,3% à 19,3 MMDH. Cette croissance a concerné l’ensemble de ses composantes et intègre un effet périmètre sur 9 mois, lié à l’acquisition de trois nouvelles filiales en Afrique subsaharienne.
Hors cet impact, la croissance du PNB s’établit à 2,6%. Dans ce sillage, il convient de noter que le résultat des activités de marché a considérablement contribué à l’évolution du PNB consolidé avec une croissance de 12,2% à 3,1 MMDH, profitant notamment d’un contexte de taux favorable sur le marché obligataire. Pour ce qui est des filiales au Maroc, elles se sont bien comportées en dépit des impacts de la crise. Ainsi, les sociétés de financement spécialisées sont parvenues à améliorer de 10% leurs emplois clientèle, grâce essentiellement à l’orientation favorable de l’activité de CIB Offshore, Vivalis et Bank Al Yousr et à la dynamique commerciale de Maroc Leasing, «dorénavant premier opérateur de son secteur en termes de nouvelle production». Le PNB agrégé des filiales métiers s’est, quant à lui, contracté de 11%, sous le poids des restrictions de mouvement des populations observées aux deuxième et troisième trimestres 2020. Il fallait attendre le quatrième trimestre pour voir la reprise du PNB de ces filiales pour s’approcher des niveaux d’avant la crise.

Une caravane régionale: Démarrage le 20 mai

A l’international, le PNB de la banque de détail marque un bond de 34% en 2020, tiré aussi bien par les filiales historiques que par les nouvelles banques acquises. A périmètre constant, la croissance du PNB demeure dynamique à +7%. Au niveau bilanciel et en dépit du contexte, les filiales du groupe ont fait preuve de résilience en stabilisant les ressources et les emplois sur l’année. Sur le plan social, le résultat net de la BCP s’est replié de 18,5% à 2,1 MMDH, impacté essentiellement par le don Covid-19. Au volet des performances commerciales, la banque a confirmé sa position de leader marocain sur les dépôts de la clientèle avec une collecte additionnelle de 15 MMDH en 2020, correspondant à 30% de l’additionnel du secteur. Il en découle une amélioration de 21 points de base (pbs) des parts de marché à 26,3%.
Selon le management, ce renforcement de position a concerné toutes les catégories de clientèle. En témoigne, une collecte de 7,4 MMDH au niveau des particuliers locaux, de 4,6 MMDH sur les entreprises et de 3 MMDH sur les MDM. Sur ce dernier segment, la BCP et ses banques régionales s’accaparent 52,7% du marché. Quant à la structure des ressources, elle continue à s’améliorer avec une part non rémunérée qui se rapproche désormais de 70%. En termes d’emplois, l’encours des crédits à la clientèle a légèrement reculé de 1,2% à 201 MMDH, du fait essentiellement du repli des crédits à l’équipement et des comptes courants débiteurs, une tendance qui s’explique par le climat d’incertitudes ayant caractérisé l’année écoulée.
En revanche, les crédits de trésorerie se sont renforcés de 4,1 MMDH en 2020, en lien avec «les efforts consentis par le groupe dans l’accompagnement des entreprises affectées par la crise, en collaboration avec les autorités publiques». A cet égard, il convient de noter que la BCP a traité et validé près de 12.000 demandes de crédits Damane Oxygène pour un montant autorisé de 2,6 MMDH en 2020. Elle a également validé plus de 10.000 demandes de crédits «Damane Relance», correspondant à une enveloppe de 6,3 MMDH. «Ces crédits ont profité en majorité à des TPME et permis de préserver l’activité et les emplois dans un contexte de crise sans précédent», a-t-on indiqué. S’agissant d’Intelaka, la banque s’accapare une part de marche de 25%. «Nous sommes en train de repositionner la Fondation Création entreprise pour être en phase avec Intelaka», a laissé entendre le PDG qui a annoncé le lancement le 20 mai d’une caravane régionale avec 10 escales. «Nous nous engageons à accompagner la reprise pour qu’elle soit assez rapide. On est un acteur pas comme les autres et apprécié différemment que les autres acteurs», a-t-il conclu.

Nadia Benyouref

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