Ancienne médina de Casablanca : Ouverture d’une enquête sur la réhabilitation

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Pourquoi le projet de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca n’avance-t-il pas, malgré les directives royales ? Des sources bien informées, nous ont appris, cette semaine, qu’une enquête serait ouverte concernant ce dossier, au vu des effondrements qui continuent de se produire de façon régulière.

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Selon les dires de nos sources, des associatifs, qui alertent sur l’état des habitations dans la médina de Casablanca, ont été entendus dans le cadre de cette enquête qui vise à «vérifier » les informations circulant sur les médias et les réseaux sociaux, selon lesquelles des «irrégularités » auraient accompagné les travaux d’aménagement.

«Cette enquête est parfaitement légitime et devait être lancée depuis longtemps. Car ses résultats vont confirmer la gravité de la situation que nous avons d’ailleurs toujours déplorée», a commenté Moussa Sirajeddine, président de l’association Awlad L’Mdina, qui estime que très peu a été fait pour réhabiliter ce quartier historique. «Nous demandons à la commission en charge de cette enquête d’aller s’enquérir de l’état des constructions dans certains zones de la médina, qui comptent un nombre important de constructions menaçants ruine», a-t-il dit.

Mohamed Laouina, un autre associatif, n’y va pas par quatre chemins. «Les habitants ne comprennent plus rien. D’une part, le Souverain a donné ses instructions pour donner la priorité au relogement des ménages occupant des logements appelés à être restaurés ou démolis. Et de l’autre, des habitations sont dans un état de délabrement très avancé et peuvent s’écrouler à tout instant, et pourtant rien n’est fait pour les démolir ou les rénover. Cette enquête était très attendue», martèle Mohamed Laouina, président de l’Association Abwabe Alkhamss, en assurant que «le retard dans le relogement des ménages habitant dans des maisons menaçant ruine peut causer de nouveaux drames surtout que plusieurs d’entre elles ne cessent de se dégrader à cause du problème du réseau d’assainissement qui ne dessert pas plusieurs rues de la médina et des eaux pluviales qui s’infiltrent sous les habitations».

Lancée le 20 mars 2015 par le Roi Mohammed VI, la seconde et dernière étape du programme de réhabilitation de la médina de Casablanca est presque achevée. Et pourtant…L’assainissement n’a pas été terminé. Au total, selon un élu à l’arrondissement de Sidi Belyoute, 13 rues ne sont pas encore reliées au réseau d’assainissement, alors que tous les quartiers de la médina sont censés  être concernés par un projet de renouvellement des réseaux.

Le Reporter, qui s’y est rendu vendredi 8 janvier, a visité plusieurs habitations et le constat était on ne peut plus inquiétant. Point commun à ces constructions: Elles sont presque toutes vétustes et leurs murs sont fissurés et le sol montre un état d’érosion avancé, a constaté  Le Reporter, lors de notre reportage publié le 14 janvier.

Habitations vétustes, mafia et constructions clandestines !

Plusieurs autres actions ont été prévues au titre de la deuxième phase du programme de réhabilitation de l’ancienne médina, notamment le relogement des ménages occupant des habitations menaçant ruine.

Cette phase consiste en la poursuite de l’opération de recasement de 911 familles occupant des bâtisses menaçant ruine. Mais, selon nos associatifs et plusieurs familles, rencontrées lors d notre reportage dans la zone, l’opération va à un rythme très lent.

Dans le même temps, le nombre des habitations vétustes a augmenté, reconnait un élu à l’arrondissement de Sidi Belyoute. «Un nombre important de ces constructions ont été évacuées, mais elles ne sont pas encore démolies, alors qu’elles constituent un danger réel dans la zone», concède cet élu, qui évoque aussi des contraintes dans l’acquisition des logements devant accueillir les ménages à reloger. «Les occupants concernés par les décisions de démolitions doivent payer une partie du montant global de l’acquisition. Mais certaines familles n’ont pas les moyens financiers et refusent d’évacuer», dit-il.

sur les lieux des dépôts de déchets de matériaux de construction et de démolition

Dans l’ancienne médina, on évoque aussi les constructions clandestines. «Ici, on craint le pire surtout en ces temps de précipitation, qui sont encore attendues dans les tout prochains jours. Et le clandestin rend encore plus difficile la situation dans la médina», affirment des associatifs.

Selon eux, le phénomène des constructions clandestines n’a pas cessé de s’étendre. «Ces constructions illégales sont souvent la cause des fissurations au niveau des habitations mitoyennes», soutiennent les mêmes sources.

Lors de notre reportage dans ce quartier historique, nous avons d’ailleurs constaté sur les lieux des dépôts de déchets de matériaux de construction et de démolition. Nos associatifs expliquent qu’«une mafia cherche depuis plusieurs années à acquérir des logements dans ce quartier historique à des prix très bas». Ces bâtiments sont par la suite totalement retapés par cette mafia, mais cela cause des problèmes aux habitations mitoyennes, disent-ils.

Mosquée Ould El Hamra

Les accusations des associatifs…

Nos sources pointent également la réalisation de certains projets de réhabilitation de bâtiments existants inscrits dans le cadre de la seconde et dernière étape du programme de réhabilitation de ce quartier historique. «Les matières utilisées dans le processus de restauration ne sont pas identiques aux matières d’origine», assurent nos observateurs.

Plusieurs constructions présentent des fissurations, après quelques mois seulement de leur restauration, dénonce le président de l’association Awlad L’Mdina qui appelle à ce que les responsables chargés du suivi de ces chantiers «rendent des comptes».

Ce qui est sûr, dit-il, c’est que peu après l’entretien de certaines constructions dans la médina, des fissures ont été relevées sur les murs des bâtiments en question. Notre associatif s’étonne de la manière dont les travaux de restauration ont été faits alors qu’il s’agit d’un quartier historique qui requiert un traitement spécial.

Muraille autour de l’ancienne médina

Pour Moussa Sirajddine, il existe plusieurs éléments concrets pour confirmer ses accusations, et la célèbre mosquée Ould El Hamra et la muraille autour de la médina, deux des sites phares de la 2e phase, en sont d’ailleurs un exemple.

Tout visiteur de l’ancienne médina de Casablanca pourrait d’ailleurs remarquer des fissures au niveau de la mosquée, comme nous l’avons constaté lors de notre visite à la médina «intra muros», celle concernée par des travaux de réhabilitation, censés faire de cette zone historique une attraction touristique de la capitale économique.

«Cette mosquée a été fermée à plusieurs reprises, à cause des fissurations et des travaux qui n’ont pas été faits dans le respect des normes requises dans la réhabilitation des anciennes médinas», souligne le président de l’Association Awlad L’Mdina.

Et pour ce qui est de la muraille autour de la médina, explique ce dernier, «au lieu de la restaurer à l’identique, on a utilisé des matières non identiques aux matières d’origine comme le ciment. Aujourd’hui, poursuit notre interlocuteur, «on est en train de refaire les travaux de restauration de la muraille et je pense que d’autres projets de réhabilitation de bâtiments existants suivront aussi, à cause des fissurations qu’ils présentent, comme la maison de la culture, pour ne citer que ce bâtiment», conclut-il.

Naîma Cherii

 

 

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