Après une forte diminution de leur activité, provoquée par une période compliquée à cause de la crise sanitaire, les mareyeurs du marché de gros au poisson de Lahraouiyine à Casablanca espèrent retrouver le niveau normal de leur activité. Ce samedi 23 septembre, Le Reporter a approché plusieurs d’entre eux.
«Globalement, les ventes des produits de mer ont connu une forte diminution pendant le confinement et même jusqu’après l’Aïd El Adha», selon un responsable de l’ONP à Casablanca. Durant cette période, dit-il, les commerçants peinaient pour liquider leur poisson. Mais, poursuit-il, «depuis deux semaines, l’activité a repris lentement. Les ventes ont commencé à reprendre leur niveau normal au marché de gros de Casablanca».
Seule ombre au tableau, la consommation ne suit pas pour autant, selon des mareyeurs. Confinés, les Casablancais avaient délaissé les produits de mer. «Il faut savoir qu’après la sortie du marché, la destination de ce poisson peut changer. Ce poisson est parfois vendu à des sociétés basées dans une autre ville comme Rabat, par exemple», explique-t-on.
Au marché de gros au poisson de Lahraouiyine, pas moins de 350 tonnes sont débarquées en moyenne par jour, selon les chiffres de l’ONP. Près de 60% de pélagique vient des provinces du sud (Dakhla, Laâyoune, Tan-Tan, Agadir, Essaouira, Safi,…), précise notre source à l’ONP.
Quelle est la part des Casablancais ? «Nous n’avons pas de données chiffrées en ce qui concerne la consommation des Casablancais. Car, il n’y a pas encore une étude précise qui ait été réalisée à ce sujet. Ceci dit, je pense que, d’ici quelques jours, la demande devrait se redresser», estime le même responsable qui a requis l’anonymat.
La Covid-19, une arête pour la consommation de poissons
«Depuis le début du confinement, on tâtonne jour après jour», soulignent des mareyeurs grossistes approchés, ce samedi 19 septembre, par Le Reporter. Malgré la chute de l’activité, on commence à sortir la tête de l’eau, assure Abdellah, un mareyeur grossiste de poisson blanc. «Après une période difficile à cause du confinement entré en vigueur à partir du 20 mars, le marché commence à reprendre peu à peu des couleurs. On espère une reprise de la consommation. Car la demande en poisson est encore en forte baisse», reconnaît ce mareyeur de poisson blanc, qui commence son activité très tôt le matin, à 03h45.
La raison d’une telle baisse d’activité? Les commerçants sont largement handicapés par le durcissement –depuis plus de deux semaines- des mesures de protection contre la Covid-19 qui ont provoqué la fermeture des marchés de proximité à 15 H.
«En ces temps de Coronavirus, la demande des Casablancais a diminué de 40 %. C’est toute une filière qui souffre», résume ce mareyeur. Car, d’une part, les clients majeurs des mareyeurs, dont les traiteurs, les restaurants, ou encore les cantines, qui –pour certaines espèces- pèsent 100% de notre chiffre d’affaire, sont à l’arrêt.
Autre raison de la stagnation de l’activité: les commerçants, qui sont sur des marchés de quartiers populaires, pour lesquels l’activité est peut-être plus affectée que ceux qui sont dans des zones comme Maarif, ont baissé leurs achats.
Les mesures mises en œuvre dans le cadre de la prévention contre la pandémie entraînent un gros volume d’invendus chez ces commerçants. C’est pourquoi, ils ne viennent plus au marché que deux fois par semaine, regrette notre mareyeur. Alors qu’en temps normal, ces commerçants, qui sont des débouchés importants pour nous, s’approvisionnaient chaque jour au marché de gros, lâche un autre mareyeur, ajoutant que l’activité a baissé de 60%.
Certaines espèces très prisées ont connu une baisse importante
Là, ce samedi 19 septembre, les ventes n’occupent pas la totalité de la surface comme avant la pandémie, précise nos mareyeurs. Même si, disent-ils, depuis le début de la crise, notre plus grand chiffre est fait les samedis et les mardis. Le reste de la semaine, les ventes sont très faibles.
Autre constat, selon nos interlocuteurs. Certaines espèces, qui sont particulièrement prisées, ont connu une baisse très importante.
«Actuellement, il y a un manque en ce qui concerne certaines espèces qui viennent des zones du sud. Ces poissons sont pêchés par des grandes entreprises hauturières qui sont derrière cette pénurie (corbine, sole…)», explique le mareyeur Abdellah. Ce qui explique, dit-il, la hausse des prix de ces espèces depuis quelques jours.
Un tour au marché du gros de Casablanca nous a permis de nous informer sur les prix pratiqués par les grossistes ce samedi 19 septembre. A l’exception de certains produits de mer, le constat est que le poisson est disponible auprès des grossistes.
La hausse des prix n’est pas «si importante que ça», d’après les mareyeurs que nous avons approchés. Cela est dû à la baisse de la demande sur les produits de mer, ce qui pousse certains commerçants de la ville à s’approvisionner une ou deux fois par semaine, disent-ils.
Ce samedi 19 septembre, les prix du merlan étaient de 40 à 50 dh le kg (1100 -1000 dh la caisse), les crevettes ont été vendues entre 70 et 90 dh le kg, les prix de la sole à 60 dh le kg, le pageot à 1100 dh la caisse, nous ont indiqué les mareyeurs, qui attendent une reprise de la consommation.
Naîma Cherii
