Le masque et le Roi

La décision est tombée lundi 6 avril. Trois ministères ont signé conjointement le communiqué qui l’a rendue publique. Le ministère de l’Intérieur, celui de l’Economie et des Finances et celui du Commerce et de l’Industrie…
Le port du masque de protection devient obligatoire au Maroc à partir du mardi 7 avril 2020. « Toutes les mesures ont été prises pour garantir la commercialisation des masques de protection au niveau de l’ensemble des commerces de proximité », est-il annoncé dans le communiqué.
Les 3 signataires ajoutent: « pour garantir ces masques en quantités suffisantes et dans le cadre de la mise en oeuvre des hautes instructions royales, les autorités ont mobilisé un ensemble d’industriels nationaux pour les produire ».
La capacité de production dépasse désormais les 3 millions de masques par jour. Et la cadence augmente, jour après jour, a assuré le ministre du Commerce et de l’Industrie, Moulay Hadif El Alami.
Des masques de qualité, aux normes internationales, mais à la portée des plus petites bourses ; « leur prix de vente a été fixé à 80 centimes l’unité et ce, avec le soutien du Fonds spécial », précisent les 3 ministères dans leur communiqué commun, citant le Fonds spécial créé à l’initiative du Roi à l’occasion de la crise sanitaire et dont la mise initiale du Budget de l’Etat (10 milliards de Dirhams) a plus que triplé grâce aux donations…
Et les 3 départements d’assortir l’obligation du port du masque de sanctions pour tout contrevenant.
Des sanctions à dessein dissuasives. Ceux qui ne porteraient pas le masque seraient passibles d’une « peine de prison allant d’un à trois mois et d’une amende entre 300 et 1.300 Dirhams, ou l’une des deux en respectant le principe de la peine la plus lourde », assène le communiqué.
Depuis, le port du masque est général. Et les Marocains n’en reviennent pas… Cette crise sanitaire déclenchée par le nouveau Coronavirus Covid-19 les prend de court à toutes ses étapes. On entend souvent dire les uns ou les autres qu’ils ont l’impression de vivre un film de science fiction. Les rues vides, les commerces et cafés fermés, les médecins en combinaisons d’astronautes, les gens masqués… Tout comme dans un film… Sauf que les contraintes, bien réelles, balaient toute idée de fiction.
La toute dernière image qui a « scotché » les Marocains, par son côté à la fois inédit et surréaliste, c’est celle du Roi portant un masque de protection, comme tout citoyen marocain, alors qu’il recevait, le jour-même où entrait en vigueur la décision du port obligatoire du masque (mardi 7 avril 2020), le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, le ministre de l’éducation nationale, Saïd Amzazi et un ex-minitre qui réintègrait ce jour-là le Gouvernement, Othman El Firdaous… Tous trois arborant également un masque de protection.
Le Souverain, qui chargeait à cette occasion Saïd Amzazi de la fonction de Porte-parole du gouvernement, en plus de ses titres de ministre de lEducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ; et qui nommait Othman El Firdaous à la tête des départements de la Culture, de la Jeunesse et du Sport (fonction et portefeuilles dont a été déchargé Hassan Abiyaba, ministre sortant, du même parti qu’El Firdaous, l’UC), envoyait ainsi un signal fort.
SM Mohammed VI se voulait le 1er à se soumettre à l’obligation du port du masque, le 1er à donner l’exemple !
Aujourd’hui, tout le monde le reconnaît, le Roi du Maroc a brillé par sa proactivité et son sens de l’anticipation dans la gestion de cette crise/Covid-19. Le 1er de la région (et au delà…) à fermer les frontières pour stopper l’importation du virus, le 1er à décréter l’état d’urgence et le confinement pour limiter la propagation interne, le 1er à créer un Fonds spécial dédié à la crise sanitaire, le 1er à mettre sur pied une cellule de veille économique chargée du suivi de la situation (et de la gestion du Fonds spécial)…. Toutes ces décisions se sont avérées plus tard aussi utiles qu’incontournables.
Cette semaine, en donnant ses instructions pour l’instauration du port obligatoire du masque, le Souverain anticipe encore. Car, il n’y a que le port du masque qui pourra permettre et accompagner une levée progressive du confinement, lorsque la la courbe de l’évolution du virus entamera une descente continue et confirmée.
Pendant plusieurs mois, les citoyens devront continuer à se protéger. On n’éradique pas un tel virus pandémique en quelques semaines. Or, le confinement ne peut pas s’éterniser. L’activité du pays devra reprendre. Le Haut Commissariat au Plan annonce déjà une entrée en récession du pays au second semestre 2020 (inévitable croissance négative du PIB). Les plus démunis, ceux qui vivent de l’informel, ne pourront pas rester confinés ad vitam aeternam non plus. Le seul moyen de se remettre au travail, après le confinement, en continuant de se protéger, c’est de porter le masque et de respecter rigoureusement les consignes de gestes barrière (se laver les mains, garder une distance avec ses interlocuteurs, etc).
Il y a une petite partie de la population qui n’a pas encore saisi la dangerosité du virus Covid-19. Dans plusieurs quartiers populaires, les habitants continuent de sortir en groupes sans prendre la moindre précaution… On peut, à la limite, comprendre leur ignorance. Les autorités locales tentent de les raisonner, à s’en égosiller.
Mais les pires, ce sont les fortes têtes « profession rebelles » et les obtus défenseurs du dogme, qui croient que cette occasion est aussi bonne que n’importe quelle autre pour défier les décisions de l’Etat concernant le confinement ou le port du masque. Parfois, ils ne se contentent pas de leurs seules bravades. Ils tentent de haranguer les foules et de les entraîner avec eux dans la voie de la désobéissance. Quel aveuglement ! Il faut se battre avec eux pour sauver leur vie !
Comment leur expliquer que le combat que le monde entier mène aujourd’hui -le Maroc compris- est un combat contre la mort.
Les observateurs étrangers les plus objectifs et parmi les plus crédibles l’ont dit: dans cette crise, le Roi du Maroc a privilégié l’élément humain, non l’économie du pays. Si donc parmi l’élément humain il y a des nihilistes indécrottables, ils ne sont plus un danger que pour eux-mêmes. Ils menacent notre vie à tous en ouvrant des brèches dans nos barrières de protection.
Que le Président du Parquet, Abdennabaoui. monte au créneau, aujourd’hui, pour donner des consignes d’intransigeance à l’égard de ces contrevenants, devient un geste non pas d’autorité, mais de salubrité publique.
Bahia Amrani
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