Présidentielle algérienne : Mais que vient faire le Maroc là-dedans ?

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Depuis le début de la contestation en Algérie, c’est-à-dire depuis un an, le Maroc s’en est tenu à une stricte non-ingérence dans les perturbations politiques que connaît l’Etat voisin. Cela a même été officiellement rappelé –et de la manière la plus ferme- à l’occasion de la déclaration faite par l’ex-patron des patrons, Salaheddine Mezouar, à la mi-octobre dernier, lors d’une conférence internationale qui se tenait à Marrakech. Mezouar développait, en substance, l’argument d’un nécessaire partage du pouvoir entre l’armée et le peuple, en Algérie. 

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Le ministère marocain des Affaires étrangères avait sévèrement recadré le patron des patrons (qui avait d’ailleurs aussitôt démissionné) en diffusant un communiqué on ne peut plus clair sur la position du Maroc vis-à-vis de la situation politique en Algérie.   

«Le Royaume du Maroc a décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux développements en Algérie. Le Maroc s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin, ni à les commenter de quelque manière que ce soit», fustigeait le ministère. 

Quelle surprise, donc, pour les Marocains, de voir qu’à l’occasion de la campagne des candidats à l’élection présidentielle algérienne, prévue pour le 12 décembre prochain, le Maroc se retrouve au milieu des débats internes algériens !

Et il s’y retrouve en punching-ball sur lequel cognent, sans ménagement, certains «présidentiables». 

C’est le cas de Abdelkader Bengrina, qui dirige Harakat El-Binaa El-Watani (Mouvement de la construction nationale). Ce monsieur, qui dirige un parti et aspire à diriger un pays, n’a pas peur d’enregistrer -à son passif- des stupidités telles que celles lancées le 15 novembre dernier, lorsqu’il déclarait que «les exportations marocaines de drogues se chiffrent en milliards de dollars» et que «ces exportations équivaudraient aux revenus pétroliers de l’Algérie». Comme si l’Etat marocain faisait commerce de drogue, lui qui mène une guerre sans merci à tous les trafiquants, y compris à ceux qui viennent d’Algérie écouler au Maroc leurs psychotropes (les fameux Karkoubi, autrement plus nocifs que le cannabis). 

Et certains journalistes (mais peut-on leur en vouloir, quand le pouvoir les y encourage ?) trouvent un malin plaisir à cultiver ce «Maroc-Bashing», en interrogeant systématiquement les candidats en campagne sur les Maroc et les relations maroco-algériennes.

C’est ainsi qu’interrogé au cours d’une émission, le 24 novembre dernier, l’ex-premier ministre-éclair (deux mois et 20 jours seulement à ce poste, en 2017), Abdelmajid Tebboune, a dit exiger du Maroc des excuses, condition sine qua non, selon lui, à la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays. Le Maroc devrait s’excuser pour avoir imposé le visa aux Algériens, en réaction à l’attentat que des terroristes venus d’Algérie ont perpétré au Maroc (attentat du 24 août 1994 commis par deux Algériens à l’hôtel Atlas-Asni, à Marrakech) ? Tebboune se croit-il habilité à décider à la place du Maroc ce que ce pays doit faire (pour protéger ses citoyens) lorsqu’il subit un attentat ? 

Bien sûr que non. Pas plus que Bengrina ne croit à la comparaison qu’il a faite entre les supposées exportations marocaines de drogue et les hydrocarbures algériens.

Mais attaquer le Maroc a toujours été un gage que doit présenter tout prétendant algérien à l’exercice de quelque pouvoir que ce soit.

C’est une carte qui a constamment été jouée et qui a assuré leur carrière à de nombreux hommes politiques, en Algérie.

Donc, pour gagner la confiance du Général Gaïd Salah, qui a la haute main sur le pays, aujourd’hui, ainsi bien sûr que sur l’élection présidentielle dont il est l’initiateur et le maître d’œuvre, les candidats rivalisent de démonstrations d’animosité à l’égard du Maroc.

C’est bien là la preuve –si le peuple algérien en cherchait encore une- que le système n’a pas changé et qu’il perdurera avec de tels candidats à la présidence ! (Même si cette fonction de présidence est toute relative en Algérie, compte tenu des pleins-pouvoirs que s’arroge l’armée). 

Que vient faire le Maroc dans une campagne qui devrait porter sur les préoccupations et soucis quotidiens du peuple algérien ? Lui qui souffre, alors que son pays est l’un des plus riches de la région !

Le système perdure donc, avec sa guerre contre le Maroc. C’est désormais clair. Ce qui est affligeant pour ceux qui rêvent toujours d’un Maghreb uni.

Le 6 novembre 2018, le Roi du Maroc avait proposé au pouvoir algérien «un mécanisme conjoint de dialogue et de concertation». Cela aurait été un premier pas pour la construction du Maghreb. Mais, à ce jour, aucune réponse. 

Bien au contraire, Gaïd Salah cautionne l’hostilité des siens à l’encontre du Maroc. Le Général ne sera pas un artisan du Grand Maghreb. Il aura raté l’occasion d’entrer dans l’Histoire.  

Bahia Amrani

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