Entretien : Mostafa Miftah, directeur délégué de la Fédération nationale du bâtiment et travaux publics (FNBTP)

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«2018, est une année difficile pour le BTP»

 

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Quel bilan faites-vous de l’année 2018?

 L’année 2018 a été, à l’instar des années précédentes, une année difficile pour le secteur du BTP. Si l’on prend l’emploi comme indicateur, le secteur de BTP a perdu, entre le troisième trimestre de l’année 2017 et celui de 2018, 4.000 postes d’emploi au niveau national (résultat d’une création de 11.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 15.000 en milieu rural), enregistrant une baisse de 0,4% du volume d’emploi du secteur (Note d’information du HCP sur le marché du travail).

Le secteur du BTP continue de perdre sa place en tant que créateur d’emplois et contributeur à la richesse du pays, alors qu’entre 2002 et 2012, il créait plus de 60.000 emplois nets en moyenne par année. Le climat d’affaires dans lequel travaillent nos entreprises n’est pas en reste. Ces dernières sont confrontées, chaque jour, à des obstacles qui freinent leurs activités: retards de paiement récurrents, lenteurs administratives, progression de l’informel.

 Où en est-t-on dans le contrat-programme?

La signature du contrat programme entre le gouvernement et les professionnels du BTP et de l’ingénierie (FNBTP et FMCI), le 24 septembre 2018 à Al Hoceima, sous la présidence effective de M. le chef du gouvernement, est un grand acquis pour notre profession. Ce contrat-programme, qui est composé d’un contrat-cadre et de contrats d’application signés avec dix ministères, comporte des engagements clairs, pris de part et d’autre, pour la mise à niveau du secteur, sur les plans réglementaire, administratif et managérial.

Actuellement, nous nous attelons, avec nos partenaires dans le gouvernement, à l’application des dispositions contenues dans  ce contrat. Pour ce, nous avons arrêté quatre chantiers prioritaires. Il s’agit de la réforme de trois textes fondamentaux régissant les marchés publics (le décret de passation des marchés publics, le CCAG-Travaux et le décret de qualification et classification des entreprises du BTP) et de la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie en matière de formation dans le secteur du BTP.

Qu’est-ce qui est prévu dans la loi de Finances 2019, en termes d’investissement public (commandes publiques) pour le BTP à l’intérieur?

Le projet de loi de Finances (PLF) 2019 annonce que l’effort d’investissement global du secteur public s’élève, pour l’année 2019, tous supports inclus, à 195 milliards de dirhams, soit le même qu’en 2018. Cette enveloppe est ventilée comme suit: 77,49 milliards de dirhams pour le Budget Général de l’Etat, les Comptes Spéciaux du Trésor (CST) et les Services d’Etat Gérés de Manière Autonome (SEGMA), en neutralisant les transferts du Budget Général vers les Entreprises et Etablissements Publics, les CST et les SEGMA; 99,01 milliards de dirhams pour les Entreprises et Etablissements Publics et 18,5 milliards de dirhams pour les Collectivités territoriales.

Est-ce que l’enveloppe prévue dans la loi de Finances 2019, en termes d’investissement public, est de nature à booster l’activité du secteur du BTP?

Comme vous le savez, les trois axes prioritaires fixés par le PLF 2019 sont l’appui aux politiques sociales, la réduction des inégalités et l’impulsion d’une nouvelle dynamique de soutien à l’investissement  et à l’entreprise, surtout les PME. Pour ce dernier axe, les mesures prévues pour satisfaire cette dynamique se présentent comme suit: réduction des délais de paiement, apurement des arriérés de la TVA, simplification des fonds de garantie pour améliorer l’accès au financement et révision du barème actuel de l’IS pour l’adapter aux spécificités des PME. Ces dispositions, certes importantes, doivent être instaurées rapidement. Mais nous estimons que l’enveloppe allouée par le PLF 2019 à l’investissement public, ainsi que ses mesures ne suffiront malheureusement pas à satisfaire cette dynamique et à booster durablement l’activité du secteur, si elles ne sont pas conjuguées à la mise à niveau et à la réforme en urgence de l’environnement réglementaire et administratif dans lequel évoluent nos entreprises.

Quelles sont vos prévisions pour 2019?

Nous restons, malgré la conjoncture, optimistes pour l’avenir. Avec la signature du contrat-programme, nous  sommes confiants quant à la volonté affichée par le gouvernement de travailler ensemble pour le lancement de l’application effective des termes de la stratégie nationale, pour le développement de l’ingénierie et de l’entreprise nationale du BTP. Ainsi, nous allons œuvrer ensemble pour faire aboutir les chantiers prévus par le contrat-programme. Il s’agit de  la réforme des textes régissant les marchés publics, de la généralisation de l’application effective de la préférence nationale et de l’accompagnement de nos entreprises à l’export et la loi sur la non double imposition. S’agissant du Système de Qualification et de Classification des entreprises du BTP, une étude sera lancée incessamment, sur instruction du chef de gouvernement, pour une réforme rapide de ce système, en vue d’assurer son unification et sa généralisation, ainsi que l’implication effective de la  FNBTP à son système de gouvernance, afin d’en assurer l’équité, l’intégrité et la pertinence.

 Quelles sont vos priorités et vos préoccupations?

Travailler en concertation avec nos partenaires dans le gouvernement, pour la mise en œuvre des dispositions du contrat-programme, continuer de porter les revendications de la profession et les attentes du secteur devant les instances concernées, pour la défense des intérêts de l’Entreprise nationale et pour la pérennité du secteur et poursuivre  les chantiers de réforme déjà engagés par notre Fédération, visant la mise à niveau du secteur et l’accompagnement de nos entreprises, pour leur rayonnement à l’international.

 

 

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