Al Hoceïma : Quelle solution à la hausse des prix des sardines ?

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Décidément, les prix de la sardine s’envolent toujours au grand dam des consommateurs. A Al Hoceïma, pour ne citer que ce port du nord, les prix avoisinent ce lundi 1er juillet 40 dirhams le kilogramme dans certains marchés.

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L’augmentation des prix de ce poisson, très prisé par les familles marocaines, a été particulièrement importante ces dernières semaines. A l’approche de l’Aid Al-Adha, la sardine a été vendue à 50 dirhams le kilogramme dans certains points de vente, selon des sources locales. De quoi susciter la colère de nombreux consommateurs, en particulier ceux à revenu limité.
Comment expliquer une telle flambée? Pour certaines voix associatives, cette augmentation des prix du poisson est due aux spéculations et à l’absence de contrôle des prix par le département de la pêche maritime. Mais dans les milieux des armateurs on explique cette hausse par une chute des prises dans les pêcheries de la région.
«Il n’y a pas de poisson. Les quantités commercialisées ces dernières semaines sur le marché local ont beaucoup baissé. Le poisson qui est vendu dans la région vient d’ailleurs des autres ports comme Kénitra, Mohammedia et autres zones. Mais ces dernières semaines, il y a un manque de poisson dans ces zones à cause du mauvais temps et aussi en raison de la période de la fête de Aïd Al Adha où les pêcheurs ne reviennent qu’après deux semaines», déclare à Le Reporter Mounir Derraz, président de l’association des armateurs de la pêche côtière à Al Hoceïma, ajoutant que l’impact des faibles prises en poisson sur les prix est important.

A en croire les dires de ce professionnel de la pêche côtière, joint ce lundi 1er juillet par nos soins, on risque de voir grimper encore les cours des sardines durant les prochaines semaines. Mounir Derraz, également premier vice-président de la chambre des pêches maritimes de la Méditerranée ne manque pas d’arguments. Il tient à rappeler cette règle élémentaire d’économie : «Un certain nombre de facteurs déterminent le prix du poisson : le prix de l’essence, la demande et l’offre». Celle-ci, indique-t-il, est influencée particulièrement par l’activité de pêche, laquelle est essentiellement affectée par les conditions climatiques. Ainsi, dit-il, lorsque l’offre diminue et que la demande augmente, il est normal que les prix vont augmenter. «En tant qu’armateur on n’est pas concerné par les prix. On ramène le poisson au marché. Mais les prix dépendent de l’offre et la demande. Ils sont fixés à la criée. C’est l’Office National des Pêches (ONP) qui se charge de cette opération», explique-t-il.

Pour Mounir Derraz, l’explication de cette hausse des prix tient en quelques mots: les maigres quantités pêchées. Premier coupable signalé par ce professionnel de la pêche côtière : les dauphins noirs, dont les attaques deviennent très habituelles dans la zone située entre Cap de l’eau et M’diq. Il accuse ces gros poissons d’avoir anéanti les bancs de poissons. Les conséquences sur les prises des pêcheurs seraient importantes. «L’impact sur les prises est là. Aujourd’hui, il n’y a plus de poisson dans toute la zone de la méditerranée. Ces dauphins noirs se glissent dans les filets des pêcheurs pour y manger leurs prises», regrette le même armateur. Et d’ajouter : «Quand on sort en mer, on revient sans rien à cause des frappes du dauphin noir. C’est pourquoi plusieurs armateurs n’ont eu d’autres choix que de quitter la zone pour aller dans d’autres ports comme Larache, Kénitra, Mohammedia ou encore Tanger. D’autres, qui ont fait faillite, ont été contraints de vendre leurs bateaux pour payer leurs dettes». Pour étayer ses propos, notre interlocuteur fait savoir que parmi les 25 bateaux sardiniers que comptait le port d’Al Hoceima, seuls deux opèrent encore dans l’activité sardinière.

Mais, les choses pourraient s’améliorer dans les prochains mois. En tout cas, une vague de satisfaction submerge les pêcheurs de la zone allant de M’diq à cap de l’eau. Après  «le dialogue bloqué» entre les bateaux sardiniers et les responsables du département de la pêche concernant le dossier des indemnisations des armateurs dont les filets sont détruits par le dauphin noir communément appelé «Negro», le gouvernement s’empare enfin de ce sujet complexe.

Par une convention, qui a été signée en mai dernier, il a été décidé que les professionnels de la pêche sardinière bénéficient d’une aide financière pour l’acquisition d’un nouvel engin de pêche de poisson. Cet engin, fabriqué par une société français, serait plus résistant aux frappes du négro. L’Etat devrait apporter une aide financière de 100% pour chaque bateau sardinier, selon la convention, laquelle porte sur deux ans.

Mounir Derraz fait savoir qu’une réunion technique sera tenue d’ici deux mois entre les professionnels et les responsables de l’administration ainsi que l’INRH pour boucler la liste finale des armateurs intéressés par le nouveau filet de pêche. L’opération devrait en principe concerner 60 à 70 sardiniers opérant dans la zone allant de M’diq et Cap de l’eau.

Cette aide pourrait-elle contribuer à un retour de l’activité sardinière dans cette zone où la pêche pélagique demeure une activité principale pour plus de 3.000 pêcheurs, soit 15.000 postes d’emploi indirect, selon des sources au Ministère de tutelle. L’utilisation des nouveaux filets pourrait-elle aider à faire baisser les prix du poisson? «Cela peut en effet contribuer à la diminution des prix mais cette baisse sera constatée à moyen terme voire à long terme. Surtout que des réunions vont encore se tenir et des demandes vont être déposées par les armateurs qui souhaitent utiliser ces filets qui vont arriver dans six mois», conclut l’armateur Mounir Derraz.

Naima Cherii

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