Bien que l’Arabie saoudite en soit co-organisatrice, le Prince héritier Mohammed ben Ben Salman n’était pas présent à New York et a participé au Sommet via visioconférence.
L’Assemblée Générale de l’Onu avait approuvé plus tôt ce mois-ci une déclaration de sept pages appelant à des «mesures tangibles, définies dans le temps et irréversibles» vers une solution à deux Etats et condamnant le Hamas, exhorté à rendre les armes.
Ce document, fruit d’une conférence à New York sur la question palestinienne co-présidée par la France et l’Arabie saoudite en juillet, a été dénoncé immédiatement par Israël et les Etats-Unis, absents de la réunion.
Mais parallèlement un accord très important et presque passé inaperçu est intervenu. Un accord de défense mutuel entre le Pakistan et l’Arabie saoudite indique clairement que le Pakistan met à disposition de Riyad son arsenal nucléaire en cas d’agression contre le pays, c’est ce qu’a confirmé un conseiller du Prince Mohammed Ben Salman à l’Agence France-Presse.
Le ministre pakistanais de la Défense avait fait une déclaration similaire il y a quelques jours et cette confirmation change de nombreuses choses.
Pour le Pakistan, c’est la validation de sa stratégie en tant que poids lourd régional.
Si les États-Unis restent un partenaire primordial pour l’Arabie saoudite, le Royaume se ménage une sécurité en plus dans un Moyen-Orient en plein doute. Les monarchies du Golfe ont vu le Qatar se faire bombarder par Israël, sans que les États-Unis lèvent le petit doigt. L’Arabie saoudite a donc décidé de ne pas dépendre uniquement de Washington pour assurer sa sécurité. Reste à savoir comment le Royaume va gérer sa relation avec l’Inde.
Riyad est le troisième fournisseur de pétrole au pays de Narendra Modi, un pays qui a affronté militairement le Pakistan en avril dernier.
L’accord de défense mutuelle bouleverse ainsi les équilibres régionaux et change la donne dans les relations entre le Moyen-Orient et le sous-continent indien. Ce nouveau pacte intervient également quelques mois après un conflit de quatre jours, en mai, entre le Pakistan et l’Inde, qui a fait plus de 70 morts des deux côtés.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, était en visite en Arabie saoudite en avril lorsqu’il a écourté son déplacement à la suite d’une attaque meurtrière contre des touristes en Inde.
L’Inde et le Pakistan s’accusent depuis longtemps de soutenir des groupes armés pour se déstabiliser mutuellement.
L’Arabie saoudite est considérée comme ayant joué un rôle central dans la désescalade de ce conflit. Le Royaume est, depuis des années, un fournisseur majeur de pétrole à l’Inde, le pays le plus peuplé du monde. L’économie indienne, en forte croissance, dépend largement des importations de pétrole, l’Arabie saoudite étant son troisième fournisseur, selon le ministère indien des Affaires étrangères.
Islamabad entretient aussi depuis des décennies des liens étroits avec Riyad, où vivent et travaillent plus de 2,5 millions de Pakistanais. L’Arabie saoudite a longtemps été un soutien essentiel à l’économie fragile du Pakistan.
La bombe musulmane concerne maintenant un pays arabe du Golfe un tournant en signe de défiance pour Washington et d’avertissement pour Tel- Aviv.
P. Zehr